Ton plan n'est pas le mien

Chapitre 15

Peter nous a toujours répété que dire un mensonge c'est faire un pas vers la cellule d'une prison que nous avons nous-mêmes créée. Un mensonge entraînant fatalement un autre, on finit par se retrouver bloqués dans cette cellule, pris au piège par nos propres mots. A contrario la vérité nous libère, cependant, pour une raison qui m'échappe, nous avons toujours plus de facilité à choisir la prison plutôt que la liberté.

Avant de me lancer officiellement dans cette quête de justice ou plutôt de vengeance je n'avais jamais menti à Grâce. Elle a toujours été ma confidente ; du moins pour ce qui était des sujets que je pouvais aborder. Pour cette fois, je me sens obligée de lui cacher la vérité, de lui mentir pour son bien. Mais en dépit de mes raisons, cette petite voix dans ma tête ne cesse de me répéter ce que je deviens : une menteuse.

Le cœur serré, je fais un pas de plus vers ma cellule.

– Je n'ai pas oublié de t'en parler, à vrai dire je n'avais pas l'intention de le faire.
– Pourquoi ?
– Eh bien je ne savais pas quoi te dire, je me voyais mal te dire que je suis tombée sur les notes de ton article, que le contenu a remué des souvenirs et alors j'ai voulu en savoir un peu plus... c'aurait été gonflé de ma part de te dire ça alors que je t'ai convaincu de ne pas enquêter sur ce sujet ; je savais que dans tous les cas tu m'en voudrais !
– Premièrement, tu ne m'as pas convaincu d'arrêter mes enquêtes et d'abandonner mon article, tu m'as donné ton avis et après réflexion j'ai décidé de tout stopper. Deuxièmement, j'aurais parfaitement compris si tu m'avais dit que tu voulais en savoir un peu plus, toi plus que quiconque a le droit de poser des questions sur les incendies et le travail de la caserne. Et troisièmement, je ne t'en veux pas parce que tu t'es faite passer pour moi, je t'en veux parce que tu m'as caché ce que tu ressentais, et que tu as cru que je réagirais comme une furie sans te demander tes raisons...
– Alors voilà je suis désolée, mais pour ce qui est de Jonathan, si c'est juste pour me punir...
– En ce qui concerne Jonathan tu n'as pas ton mot à dire. J'admets que l'idée de m'arranger pour que tu l'aies souvent dans les pattes m'a effleurée mais ne t'inquiète pas, avec mon aide il me verra même pas ton ombre !
– Okay, okay je me tais, tu fais ce que tu veux, ça y est on est réconciliée ?
– Ça dépend, tu me caches autre chose ?
– Excepté les secrets que m'impose ma profession, non je ne te cache rien.
– Cool.
– Cool.

J'ai beau me répéter intérieurement que je le fais pour la protéger, dans les faits je reste une menteuse. Je dois l'admettre, je ne suis pas désolée m'être faite passer pour elle, je suis désolée qu'elle l'ait appris.

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Il y'a parfois dans la vie des moments où notre corps et notre esprit nous envoient des signaux pour nous prévenir d'un quelconque danger. Cela peut passer pour de la paranoïa mais, depuis le soir où j'ai assisté à cette exposition avec Adam j'ai la nette impression d'être suivie. Il a bien dit qu'il avait enquêté sur moi et les informations qu'il a su me balancer au visage prouvent bien qu'il ne plaisantait pas.

Je suis sûre de ne pas me tromper. C'est pourquoi je compte prendre des dispositions ; s'il faut que je meure, ce ne sera certainement pas avant d'avoir fait éclater la vérité. Et pour ça j'ai décidé de m'inscrire dans un club de boxe. Prenez-moi pour une folle si vous voulez mais je compte bien apprendre à me défendre avec autre chose que des mots.

– Bonjour ! Dis-je au balaise de la réception.
– Bonjour ma p'tite dame qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
– Je viens pour une inscription.
–Le studio de danse c'est sur Mosby avenue, ici on ne met pas de tutus ! Dit-il hilare.

Le machisme n'a pas de couleur. Blancs ou noirs, pour moi tous les machos se ressemblent. Celui qui me fait face et sourit de toutes ses dents ne sort pas du lot. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir mais je ne décroche pas le regard de mon ami le balaise.