Chapitre 7

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« Les tendres rêveries, les chants des poètes ne pouvaient lui offrir ce dont il avait réellement besoin : un sein pour reposer sa tête, un cœur qui battit d'amour contre le sien et d'autres caresses encore. » Guillaume Apollinaire.

− Alors, lequel vous préférez ? Leur demandé-je.

Grace et David échangent un regard entendu avant de me répondre en chœur :

− Aucun des deux !

Je me tourne vers les deux tableaux accrochés au mur de la galerie pour les analyser une fois de plus.
A vrai dire, je ne sais même pas ce qu'ils représentent. L'art n'est vraiment pas mon domaine de prédilection. Il n'y a que le résultat qui m'importe ; quand c'est joli et que ça s'accorde avec ce que j'ai déjà chez moi, je prends. Mais aujourd'hui, j'ai décidé de faire autrement. C'est pourquoi j'ai demandé aux deux personnes que j'assimile le plus à des artistes de voler à mon secours.

− Pourquoi tu te focalises sur ces gribouillis ? Ca par exemple, on dirait le résultat de la crise de nerfs d'une femme dans son troisième trimestre de grossesse ; et ça, Dieu du ciel, on dirait qu'un aveugle bourré s'est défoulé dessus !
− Comme toujours, Grâce exagère mais elle n'a pas totalement tort ; ces tableaux sont étranges pour ne pas dire hideux et ne me dis pas que c'est la profondeur du message transmis par l'artiste qui te séduit parce que je sais que tu n'y comprends rien, alors allons voir des portraits tu veux bien ?
− Très bien, très bien mais je vous préviens, il est hors de question que je choisisse le portrait d'une femme africaine qui pose seins nus, alors là non !

Ils se tournent tous les deux vers moi l'air de dire « mais qu'est-ce que tu racontes ? » ce qui me faire rire aux éclats et qui me vaut le regard outré d'une vieille dame.

− Les néons de l'hôpital ont réussis à te faire perdre la tête ! Dit Grâce.
− Apparemment ça embellit, parce que je dois admettre que tu es particulièrement séduisante depuis quelque temps ; tu n'aurais pas un petit ami secret par hasard ? Me demande mon frère.
− Non, mais Drew est de retour, ça explique tout...
− Vous êtes totalement à coté de la plaque tous les deux ; je n'ai pas de petit ami secret et je n'essaie pas de séduire Drew, à vrai dire je l'évite un peu... et pour finir, j'estime avoir le droit d'être belle pour moi ! En plus t'es censée le comprendre hein mademoiselle la féministe !
− Tiens regarde ça, c'est sympa n'est-ce pas ?

David m'indique le tableau d'une nature morte, c'est mignon mais j'en ai déjà un dans ce genre là.

− Non, j'en ai déjà un dans ce genre là...
− Et celui-là, tu n'as rien de ce style chez toi, tu en penses quoi ?

Ma sœur désigne un tableau assez particulier. Il s'agit simplement du mot respect écrit en grand caractère à l'encre noire sur un fond blanc. C'est très original.
− J'aime bien... je le prends, il est génial !
− Je trouve aussi, vous avez bon gout docteur PEARS ; murmure une voix dans mon dos.

Jonathan GRANT. Décidément l'image que je m'étais faite de lui à l'hôpital ou encore pendant ce diner chez son père ne lui rendait vraiment, mais vraiment pas justice ! J'ai devant moi un jeune homme totalement différent et particulièrement beau. Il est simplement vêtu d'une chemise blanche trop grande pour lui, pas entièrement boutonnée et d'un pantalon Habillé en tissu noir. Il arbore avec classe une paire de lunettes qui lui donne cet air d'artiste rebelle, perdu dans les nuages.

− Bonjour ; dit timidement Grâce.
− Oh toutes mes excuses, bonjour je suis Jonathan GRANT ; dit-il en tendant la main à ma sœur puis à mon frère.
− Enchanté, je suis William PEARS, son frère ; dit ce dernier en me désignant.
C'est sans doute à mon tour de dire quelque chose ?
− Bonjour Jonathan.
− J'ignorais que vous aviez un penchant pour l'art...
− Vous ne pouviez pas savoir, après tout nous ne nous connaissons pas vraiment.
− C'est vrai, et c'est vraiment dommage...

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant