Chapitre 12

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« J'ai appris au fil des temps que lorsque nous sommes fermement résolus, la peur diminue. Savoir ce qui doit être fait, fait disparaitre la peur. » Rosa PARKS.

Ai-je fait une connerie ? Venir en Alabama pour lui parler... elle sera ravie de me voir mais aussi étonnée. Ca fait si longtemps...

J'hésite un moment puis me décide enfin à sonner. La dernière fois que j'ai vu cette femme c'était à l'occasion de l'enterrement de mon oncle Martin.

La porte s'ouvre, elle se tient devant moi avec un regard inquisiteur. Puis son regard s'illumine. Elle me reconnait et me prend aussitôt dans ses bras.

− Tanoula, c'est fou ce que tu ressembles à ta mère !
− Bonjour tante Ros'...

Je suis dans le salon de cette icône, cette survivante, cette femme qui s'est battue toute sa vie pour -et qui continue de le faire- pour la vérité. Cette femme que les gens connaissent en tant que Rosa PARKS, celle qui refusa de céder sa place, mais qui pour moi n'est que tante Ros', celle qui fait les meilleurs gâteaux au chocolat de la terre. Je suis dans son salon, je sirote une tasse de thé et je déguste des petits biscuits.

− Après toutes ces années, j'ai failli ne pas te reconnaitre, tu es une femme maintenant !
− Pourquoi tu n'as pas repris contact durant toutes ces années ?

Je vais droit au but.

Ma question a l'air de l'embarrasser ; elle a baissé les yeux...

− Ecoute Tanny, il ne faut surtout pas que tu penses que je t'ai oublié, j'aimais tes parents, ils étaient une seconde famille pour moi ; mais après leur mort et celle de Martin, Peter a pensé que ce serait mieux pour toi de grandir dans un environnement moins mouvementé...

− Qu'est-ce que tu entends par moins mouvementé ?
− J'ai choisi un mode de vie, je l'assume complètement mais il était préférable que je m'éloigne pour éviter de te rappeler en permanence ce qui est arrivé à tes parents et à Martin. Je ne pouvais pas rester et t'obliger à vivre avec une inquiétude constante qu'il m'arrive la même chose qu'à eux. J'aurai voulu être là, mais je ne pouvais pas, je devais te laisser vivre ta vie.
− Et maintenant, si je te le demande, tu accepterais de revenir ?

Elle esquisse un sourire.

− Tu devras trouver de solides arguments !
− J'enquête sur la mort de mes parents.

Elle perd tout à coup son sourire. Mais je poursuis tout de même.

− Nous savons toutes les deux que cet incendie n'était pas accidentel, ils ont été assassinés !
− Tanny...
− Ne me demande pas de passer l'éponge parce que j'ai essayé et ça n'a pas fonctionné ! J'ai un peu peur de ce que je vais découvrir mais j'ai l'intime conviction que si j'arrive à percer ce mystère et rendre justice à mes parents je pourrai enfin me libérer de ce poids !
− Aux dernières nouvelles j'ai cru comprendre que c'était David le justicier ; cette flamme que tu as en toi, tu crois qu'elle s'éteindra un jour, après tes parents tu voudras rendre justice à Martin et envoyer en taule tous les meurtriers du sud ?
− C'est drôle que tu en parles parce que tout le monde se souvient de Martin Luther KING mais pas de Dwight PEARS qui était pourtant aussi impliqué que lui !
− Ton père était plutôt discret, il faut l'admettre...
− Il était candidat à la mairie, tu trouves ça discret toi ? Il a comme été effacé !
− Calme-toi...
− Je n'ai fait que ça, garder mon calme, mais je suis complètement déchirée !
− Ecoute ma puce, peu importe les épreuves que tu devras traverser ou les décisions que tu devras prendre, n'oublie surtout pas que l'on mène un combat pour obtenir la victoire, la paix et le bonheur alors avant de te lancer, assure-toi que cela t'apportera la paix au lieu de te détruire...

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant