Chapitre 5

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« Nous sommes ce que nous répétons tous les jours. » Aristote.

Jack GRANT, sa femme et son autre fils nous reçoivent dans un petit salon bleu. Le décor me fait penser à l'un de ces vieux châteaux français pourtant ça se voit que tout est flambant neuf ; la maitresse de maison a surement des gouts très raffinés et en la voyant je ne peux que confirmer cette théorie. Madame GRANT est une femme de fine taille au teint de porcelaine ; elle arbore une posture de reine, tout dans son apparence crie beauté ; je ne saurai déterminer son âge, je sais simplement qu'elle a deux fils. Elle porte une robe prune qui ne fait qu'accentuer l'air juvénile que lui donnent ses cheveux qui retombent en cascade sur son dos. Je me sens presque mal habillée dans ma robe bleue de nuit en velours. Cette femme est physiquement parfaite, tout comme son époux. Ils donnent l'impression de s'être choisis sur des critères de beauté et de charisme ; et pour ce qui est de leurs fils, ils sont tous les deux charmants. On pourrait croire que nous sommes face à la famille parfaite, et ils ont pratiquement tout pour l'être, l'argent, la renommée, toute une ville à ses pieds; la famille GRANT possède le plus grand vignoble du Tennessee et produit un vin que Elvis lui même exigeait à sa table, mais dans la famille parfaite en principe, personne n'a envie de se donner la mort.

− Bonsoir, c'était donc vous, docteur PEARS c'est bien ça ? s'exclame l'autre fils GRANT dont je ne me souviens plus du prénom.
− Eh bien Tanny tu leur as fait forte impression à ce que je vois... me murmure Georges.

Je l'ignore complètement et réponds poliment à la salutation du jeune homme.

− Bonsoir, oui c'est bien cela.
− Ravi de vous compter parmi nous ! Je...

Il est interrompu dans sa phrase par un raclement de gorge, celui de son père.

− Bonsoir et bienvenus, ne perdons pas plus de temps, passons à table je vous prie ; dit madame GRANT d'une voix étonnement fluette.

Le diner se déroule dans une atmosphère assez chargée, je regrette presque de ne pas diner chez Peter. Nous avons entamé le plat de résistance et jusque là personne n'a prononcé le moindre mot ! Ca m'angoisse et j'imagine que Georges s'ennuie à mourir.

− Eh bien quel silence, papa le docteur PHILIPS est là, tu peux lui poser toutes les questions qui te traversent l'esprit, ne fais pas attention à nous ! S'écrie Jonathan soudainement.
− Jon, pas de ça à table je t'en prie ; lui répond sa mère.
− Ne t'inquiète pas maman, je ne projette pas de choquer nos invités, tu as ma parole !
− Docteur PHILIPS comment avez-vous rencontré mon frère ?
− A vrai dire, c'est le docteur PEARS qui m'a parlé de lui et, suivant ses instructions je lui ai rendu visite avant son départ de l'hôpital.

Il y a dans sa voix une admiration à peine dissimulée. J'ignore ce que j'ai fait pour que cet homme m'aime autant ; que Peter soit fier de moi je le comprends mais dans son cas je ne sais vraiment pas.

− C'est très louable de votre part de prendre soin de vos patients ainsi docteur PEARS ; me dit madame GRANT.
− Eh bien prendre soin des autres est le principe fondamental de la médecine et je n'ai pas fait grand-chose, j'ai juste demandé au docteur de le rencontrer.
− Vous parlez presque comme si c'était uniquement lui le docteur et pas vous ; dit Jack en rivant son regard sur moi. Quelle est votre spécialité docteur PEARS ?
− Je suis cardiologue.
− Pourquoi si ça n'est pas indiscret ? Me demande le GRANT inconnu.
− Eh bien monsieur GRANT, on va dire que j'aime bien les problèmes de cœur ; j'en fais une affaire personnelle.
− Appelez-moi Adam je vous en prie.

Son regard s'attarde sur moi quelques secondes, j'ai l'impression qu'il veut me dire quelque chose ; puis Jack m'interroge de nouveau.

− Qu'est-ce qui vous a motivé à choisir la médecine ?
− Sauver des vies ; et vous, pourquoi avoir choisi la politique ?

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant