Chapitre 18

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《 Allié : personne  qui accorde son soutien et son appui à une autre 》.

16 Mars ‐ 9h.

– Je suis désolée mais monsieur GRANT ne reçoit personne sans rendez-vous.
– Je sais, vous me l’avez déjà dit, et je vous répète que si vous lui dites  que je suis là, il me recevra !

Elle me dévisage avec lassitude puis saisit le combiné.

– Monsieur GRANT, une certaine mademoiselle... elle me lance un regard intérrogateur auquel je réponds en murmurant mon nom ; PEARS voudrait  vous rencontrer, je lui ai pourtant dit... oui c’est bien ça, très  bien monsieur.

Elle raccroche non sans me lancer un regard méprisant.

Certaines personnes n’apprécient pas qu’on déroge à leur routine.

– Suivez-moi ; dit-elle en se levant.

Je la suis sans broncher. Je ne me sens pas à  ma place dans ces locaux ; avec tous ces avocats  en costard cravate dans ce décor blanc et gris... Le cabinet CARTER-MARSHALL occupe les niveaux 27 à 31 d’un gratte-ciel en plein milieu de Downtown, il paraît que c’est un cabinet de renom, mais je n’ai pas  vraiment  d’avis sur la question. En mettant David de côté, je pourrais dire que je n’ai jamais vraiment côtoyé d’avocats...

Nous nous arrêtons devant un bureau et je sais que c’est  celui d’Adam parce que son nom est inscrit sur la porte suivi d’un "associé senior" ; la magie du piston je présume... Sans plus tarder elle m’ouvre la porte et me fait signe d’entrer. Adam GRANT  se tient face à une grande fenêtre, tournant le dos à  la porte. Son bureau est grand et lumineux, je note au passage qu’il est mieux rangé  que celui de Georges mais il ne se distingue en rien de ce que j’ai pu voir à  l’extérieur. C’est le même  gris sur tous les meubles, le même  blanc cassé sur les murs, une bibliothèque dans un coin, quelques tableaux çà  et là, une déco typiquement masculine.

– Tanoula PEARS, que me vaut le plaisir de votre visite ? Dit-il en se retournant. Je vous en prie asseyez-vous !

Je décline son offre d’un signe de tête, je n’ai pas l’intention de m’éterniser.

– Vous savez très bien  pourquoi je suis là...
– À  moins que vous n’ayez besoin d’un avocat, je ne vois pas  ce qui aurait pu  vous amener jusqu'ici...
– MILES est mort.
– Je suis au courant, comme  vous le savez, c’était  un ami de mon père...

Il se fiche de moi...

– Vous savez qu’il était ma seule source...
– Vous ne demandez pas souvent de l’aide n’est-ce pas ? Détendez-vous, je vous sens bouillir d’ici !
– À votre place je ne serais pas aussi  sereine, sa mort  prouve peut-être que quelqu'un a voulu le faire taire, c’est peut-être  vous après tout !
– Vous vous faites des films, Théodore était un bon vieux raciste, il ne vous aurait même pas permis de l’approcher...

Sur ce point il dit sans doute la vérité ; j’en ai eu un petit  aperçu  avec madame MILES.

– Soyons parfaitement clairs, je ne vous fais pas confiance, et à  la moindre phrase bizarre, au moindre geste déplacé, je vous injecte un anesthésiant.
– Je ne vous fais pas confiance non plus, alors nous serons tous les deux  sur nos gardes !
– Bien.
– Juste une chose, avez-vous une seule  fois envisagé la possibilité que mon père  soit innocent, qu'il y ait une autre personne  impliquée ?
– Non, c’est peut-être difficile à admettre, mais votre père est un meurtrier !

Il fronce les sourcils puis secoue la tête. La vérité  fait  mal, mais elle est ce qu'elle est !

– Vous les médecins, quand vous êtes confrontés à un cas vous commencez très  souvent  par chercher la cause du mal. Vous voulez savoir pourquoi. Mais  ce n’est pas  toujours la meilleure chose à faire ; ma stratégie  est plutôt  de savoir comment. Pour mettre en lumière les circonstances de la  mort de MILES vous devriez commencer par chercher  à  savoir comment  il a vécu, quels étaient  ses rapports  avec son  entourage, comment  les freins  de sa voiture  toute  neuve ont-ils pu lâcher ; posez-vous  les bonnes questions Tanoula...

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant