Chapitre 8

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En média : Adam GRANT.

« Le bonheur n'est pas un objet à posséder, c'est une qualité de pensée, un état d'âme. » Madame De Winter – Rébecca.

− Un hôtel ?  Dis-je irritée.
− Calmez-vous, je viens souvent déjeuner dans le restaurant de cet hôtel, la cuisine y est excellente !
− Vous auriez pu choisir un snack sur Washington avenue...
− C'est vrai, je n'y ai pas pensé, à vrai dire je n'ai jamais mangé de la nourriture de rue... vous préférez qu'on aille là bas ?
− De la nourriture de rue ? Vous y allez fort quand même !
Il a une mine embarrassée. Ca a dû lui couter de me faire un tel aveu...
− Ca ne me dérange pas de manger dans ce restaurant, et pour moi ça sera une découverte...

Il me sourit un moment puis sort de la voiture pour ouvrir ma portière.

Les commandes faites au serveur, côtelettes d'agneau pour moi et un canard aux olives pour lui ; nous nous retrouvons seuls à notre table plongés dans un silence bien trop gênant.

− C'est bizarre n'est-ce pas ? Me demande-t-il.
− Oui très, je n'ai pas l'habitude de déjeuner avec...
− Avec... avec qui, quoi ?
Mon silence parle pour moi.
− Vous n'alliez tout de même pas dire blanc ! Enfin un homme blanc vous présente comme sa fille partout où vous vous rendez, vous travaillez dans un hôpital rempli de personnes blanches, vous ne déjeunez jamais avec vos collègues ou quoi ?
− Georges est une exception et non, je ne déjeune jamais avec mes collègues.
− Pourquoi ?
− Je n'aime pas cette idée...

Gros silence, je devrai peut-être... non, je continue !

− Vous savez, à la base ce que je trouvais bizarre c'est qu'en face on se comporte comme de parfaits étrangers alors que sur du papier nos conversations sont si particulières... en passant, merci pour le livre, la Belle et la Bête, c'était une première...
− Une première, êtes-vous sûr d'avoir eu une enfance Adam ? 
− Humm je pense que oui !
− Permettez-moi d'en douter...
− Mais je vous assure que si !
− Alors racontez-moi, racontez-moi votre enfance, racontez-moi votre vie Adam...
− Pourquoi ça vous intéresse tant ?
− Parce qu'il s'agit de vous...

Cette phrase a toujours cet effet déstabilisant sur mes interlocuteurs. C'est ma mère qui disait tout le temps ça à mon père :

« Je te suivrai où que tu ailles, quoi que tu fasses ; simplement parce que tu es toi. »

− J'ai eu une enfance très calme, il n'y a toujours eu que mon frère et moi, on faisait du vélo, de la natation, de l'équitation, c'était divertissant...
− Hmm...
− Vous n'êtes pas convaincue ?
− En fait c'est la façon que vous avez de le dire, ''c'était divertissant''... en général on dit que c'était amusant !
− Navré de vous décevoir, mais vous êtes très changeante, la dernière fois que nous nous sommes vus vous ne vouliez  rien savoir de moi et lorsque vous avez répondu à mon mot vous...
− C'était juste pour vous dire que vous ne pourrez jamais percer ma carapace.
− Vous êtes bien sûre de vous... parlez-moi de vous, de votre enfance.
− Je suis Tanoula PEARS, cardiologue au Memphis memorial hospital, je suis fille unique, j'ai en quelque sorte été élevée par mon oncle, j'ai grandi avec mes cousins et c'était...mémorable ; ils font de la musique alors vous imaginez...

Donner des détails pour qu'il baisse sa garde mais pas trop pour conserver une part de mystère.

− Moi aussi j'ai fait des choses mémorables, comme la boxe et le stage de pompier !
− Le stage de pompier ? Je demande, intriguée.
− Oui, mon père a de bons rapports avec le directeur de la caserne, enfin le précédent, avant sa retraite...

Un détail à noter.

Nos repas arrivent et nous continuons à discuter tout en savourant nos plats. Il avait raison, la cuisine est plutôt bonne ici. Le petit bémol est que ce lieu est beaucoup trop fréquenté. A plusieurs reprises des gens sont venus saluer Adam, ce qui ne m'a pas surpris étant donné qu'il est le fils du maire et un avocat plutôt doué d'après ce que j'ai entendu. Mais, je me suis sentie gênée des regards qui se posaient sur moi. Ca me fait tout bizarre d'être à une sorte de rencard arrangé avec un homme... blanc. J'ai l'impression de trahir ma communauté...

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant