Chapitre 9

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Trois jours, ça fait trois jours que je suis de garde à l'hôpital. Trois jours que je mange à la cafétéria ; trois jours que je me donne comme une malade aux urgences...

Parfois je me dis que le plus dur en médecine ce n'est pas qu'un patient meurt, mais plutôt de réaliser que ça ne s'arrête jamais. Toutes les deux minutes quelqu'un quelque part a besoin d'un médecin. Les pauses et les congés sont fictifs. En réalité, un bon médecin ne cesse jamais de penser à ses patients. En essayant de voir les choses du bon coté je me dis qu'au moins moi j'ai déjà un psy à disposition.

− PEARS, comment ça se passe dans votre carré ? Me questionne le docteur SANDERS, le chef du service cardiologie.
− Mon carré s'est vidé il y'a une heure, j'avais trois patients hypertendus, rien de bien grave...
− Et en attendant, qu'est-ce vous faites, vous vous tournez les pouces ?
− J'apporte mon aide aux urgences.
− COLLINS qu'est-ce que vous avez, vous ?
− Une insuffisance cardiaque dans la douze, une angioplastie à faire dans la sept, j'envisage une transplantation pour le patient de la six et en ce qui concerne la cinq, l'arrêt cardiaque a été évité mais je reste sur mes gardes...

COLLINS est la troisième personne à avoir autant de patients aux cas aussi complexes les uns que les autres, et ce n'est vraiment pas concluant pour mon évaluation.

− Vous avez eu l'avis d'un mentor à propos de la transplantation ?
− Oui, le docteur BRUNER approuve.
− Très bien, à partir de maintenant je me chargerai du triage, en attendant PEARS et COLLINS vous travaillerez en binôme, pour le reste continuez comme vous le faites, une semaine sans décès c'est une réussite, allez au boulot !

De tous les macho-crétins de mon service il a fallu que je sois obligée de faire équipe avec le pire de tous !
Christopher COLLINS est de loin le mec le plus snobe que je connaisse ! Il est arrogant, prétentieux et il se prend pour le plus doué tout simplement parce que monsieur est apprécié des titulaires ! Mais mon instinct me dit que quelque chose ne tourne pas rond.

Pourquoi est-ce toujours lui qui est face aux cas les plus graves ? Ca peut paraitre bizarre mais ce qu'il faut comprendre c'est que le fait d'être confronté à un cas grave est une bonne chose dans la mesure où cela nous permet de faire nos preuves. Mais dans mon cas je suis bonne pour finir miss urgences...
On me refile tout le temps des cas basiques ! C'est vrai que ça fait cliché de le dire mais je suis douée dans ce que je fais et ça me révolte d'être ainsi sous-estimée !

La réunion se termine et je suis sur le point de quitter la pièce lorsque le docteur SANDERS me demande d'un signe de tête de rester.

− Docteur PEARS je vous ai demandé de rester parce que je voulais que vous sachiez certaines choses. Tout d'abord, je vous admire.
− Je vous demande pardon ? Est la seule phrase que j'arrive à formuler.
− J'admire le courage dont vous faites preuve, depuis votre arrivée, vous êtes la seule femme de ce service et vous êtes... vous êtes comme vous êtes et je conçois que ça peut être compliqué face à certaine personnes... mais vous n'avez toujours pas menacé qui que ce soit de partir. Cependant je constate que vous stagnez, c'est pourquoi j'ai décidé de vous mettre en équipe avec COLLINS...
− Justement docteur, pourquoi COLLINS ?
− Pour déterminer si vous êtes tous les deux capables de travailler en équipe et aussi pour vous voir faire autre chose que des pansements aux urgences.
Je ne sais pas quoi dire là tout de suite... merci ?
− Oh vous êtes encore là ? J'ai terminé, vous pouvez disposer.
− Mais euh... ma garde est terminée, comment je fais avec COLLINS ?
− Faites ce qui vous semble juste.

Je sors de son bureau sans trop savoir quoi faire.

Je pourrais très bien me rendre dans mon bureau pour réfléchir mais mon chauffage est une horreur !

Ton plan n'est pas le mien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant