Chapitre 3

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   Une haute silhouette s'avance vers nous d'un pas raide : c'est un grand homme coiffé d'un chapeau franchement ridicule et emmitouflé dans un long manteau noir. Emmitouflé est un bien grand mot, car il ne porte rien en-dessous, si ce ne sont des tatouages d'un noir profond. Je dois me tordre le cou pour apercevoir ses yeux gris, réduits à deux fentes suspicieuses. Il est suivi par un ours et deux autres hommes qui trottinent derrière lui, l'un avec noté "PENGUIN" sur un drôle de couvre-chef et l'autre avec une Gavroche grotesque trop colorée et des lunettes de soleil rétro. Plus rien ne m'étonne, c'est fou.

   « Ah, Trifouillis, on t'avait perdu de vue ! s'écrie Luffy en souriant chaleureusement.

   — N'est-ce pas plutôt vous qui vous êtes mangés la côte et avez fait un vol plané mémorable ? rétorque le fameux Trifouillis, visiblement agacé. C'est un miracle que le bateau soit encore en état.

   — Franky a fait du bon boulot en le construisant, répond Luffy sans se départir de sa bonne humeur.

   — Bien sûr que j'ai fait du bon taf ! clame Franky en mettant en avant ses biceps de métal. Je fais toujours du SUUUPER travail !

   — Et vous comptez le remettre comment à l'eau ? » questionne-t-il avec un enthousiasme et un entrain tout à fait inexistants.

   C'est avec une oreille distraite que j'écoute la conversation, tout en me demandant qui sont exactement les nouveaux arrivants. Comme s'ils avaient lu dans mes pensées, les gars aux casquettes étranges se rapprochent justement de moi. Avec une expression perverse. Bon sang, c'est plus qu'une tendance, c'est une culture, cette débauche morale ! S'ils s'ennuient au point ne fourrer leur nez dans le décolleté des filles, je peux leur en fournir, des suggestions d'activités ! Le crochet c'est très fun, sachez-le !

   « Eh, captain, c'est qui elle ? lance le gars aux lunettes douteuses.

   — Elle était pas là, tout à l'heure, » renchérit l'autre.

   Bravo, p'tit génie. Quel sens de l'observation ! Je ravale tout commentaire sarcastique et me contente de les regarder se tourner vers leur capitaine. Ce dernier délaisse sa conversation avec Luffy pour me considérer avec une suspicion teintée d'un mépris encore plus fort que celui de Zoro.

   « T'es qui ? me demande la perche en me toisant de toute sa grandeur.

   — Elle s'appelle Kyrsten, » répond Luffy à ma place. Il ne paraît pas choqué par le manque cruel de courtoisie de son interlocuteur, mais qu'importe. « C'est une amie, elle a navigué sur le Moby Dick !

   — Je pense qu'elle était capable de réponde à cette question seule, Chapeau de paille, réplique-t-il d'une voix tranchante.

   — T'es de mauvaise humeur, Trifouillis, marmonne Luffy, qui se départ un peu de son immense sourire. Qu'est-ce que t'as ?

   — On perd du temps, Chapeau de Paille. On était censés simplement recharger notre Log Pose, pas ravager une ville et draguer la première fille que tu croises, siffle l'asperge.

   — Je drague pas, je fais connaissance, proteste-t-il avec une moue dépitée.

   — Elle est télépathe ? Parce que faire connaissance silencieusement, ça me paraît assez compliqué. »

   Il me cherche, vraiment. Après le bretteur susceptible, la perche irascible. Quel attroupement génial, je sens que des claques vont se perdre !

   « Kyrsten, pour vous servir, je déclare en exécutant une courbette hypocrite. Ravie de faire la connaissance un aussi charmant jeune homme, poli et distingué comme on en rencontre rarement. J'avoue avoir beaucoup d'estime pour les gens comme toi. C'est pourquoi, pour entretenir de chaleureuses et cordiales relations, je te propose d'aller te faire cuire le cul. Vis ta vie de dépressif du dimanche, je vis la mienne et tout le monde est content. »

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