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Chapitre 13

« T'es pas censée être privée de café, toi ?

- C'est pas Law qui va m'empêcher de boire ce que je veux, je rétorque en finissant ma tasse d'une gorgée. Il va pas commencer à faire la loi où bon lui semble, cet ahuri.

- Vous vous êtes disputés ?

- Non. Sa présence seule est suffisante pour justifier qu'on le qualifie d'ahuri. »

Ikkaku n'ajoute rien, mais elle ne peut réprimer un sourire en m'entendant blasphémer ainsi contre son capitaine. Cachée derrière une pile de livres tous plus épais les uns que les autres, elle mâchonne un stylo en faisant défiler les pages des ouvrages sans défroncer les sourcils, cherchant quelque chose qu'elle ne parvient visiblement pas à trouver. Je l'ai accompagnée dans ses recherches en me plongeant à mon tour dans des bouquins de médecine, mais j'ai vite cessé d'essayer d'y comprendre quoi que ce soit lorsque je me suis rendu compte que je ne connaissais qu'un mot sur cinq.

« Et donc tu me dis que tu connais, que vous connaissez tous, l'intégralité de tous ces livres ? je demande, impressionnée par la quantité d'informations à ingurgiter. Tu ne peux pas leur demander ce que tu cherches ?

- Nous sommes censés tout connaître, sauf que tu vois bien, il arrive d'oublier. Et là, pour retrouver la page qui concerne précisément ce qui m'intéresse, il faut en éplucher, des thèses sur le sujet ! » s'exclame-t-elle en refermant le livre. Elle le pose sur la pile qui se forme à sa droite et en prend un autre à sa gauche pour le feuilleter de nouveau. « J'en ai marre, je veux la même mémoire que le cap'tain.

- Il est si bon que ça ?

- Excellent, répond-elle prestement tandis que de l'admiration sincère fait luire ses yeux rieurs. Non seulement il a une incroyable mémoire, mais son Fruit du Démon lui permet de facilement faire des observations sur le corps humain. Il a les capacités et le pouvoir pour être un brillant médecin.

- Comment ça, il peut faire facilement des observations sur le corps humain ? Il voit à travers les vêtements ?

- Non ! Il peut découper les gens et les objets sans les blesser, ce qui permet d'avoir de véritables aperçus de la structure interne des patients, m'explique-t-elle en sirotant à son tour sa tasse de thé. C'est aussi très pratique pour opérer. »

Il est très inquiétant, ce capitaine. Il peut faire vraiment des trucs très étranges. Je conçois tout à fait que ça puisse être pratique dans le cadre médical, mais je suis très sceptique quant à son envie de s'en servir contre autrui. Retenant un haussement de sourcils perplexe, je me replonge dans l'ouvrage traitant apparemment de tout ce qui concerne l'hépatologie. Je n'ai toujours aucune idée de ce que c'est après avoir lu en diagonale quatre pages de mots alambiqués et de schémas étriqués.

Saturée de tout ce jargon complexe, je referme moi aussi l'ouvrage sur lequel j'étais prétendument penchée et m'étale sur la table, étirant mes bras loin devant moi. Je suis si fatiguée... Vivement que la caféine fasse effet, je risque de m'effondrer avant, sinon. La bibliothèque du Polar Tang est sûrement l'un de mes lieux préférés, avec la vigie. Tout le monde y est calme de son plein gré, il n'y fait pas froid et la quantité folle de livres méthodiquement rangés dans les larges rayonnages en bois dégage une paisible ambiance de connaissance sans fond. Loin de me sentir écrasée par tout ce savoir condensé dans une seule pièce, je me sens presque attirée vers lui, accueillie par les centaines de pages que me proposent les livres à disposition. Lorsque je n'aspire pas qu'à m'écrouler et dormir, en tout cas.

« Ah, j'ai trouvé ! s'écrie Ikkaku avant de jeter un regard désolé aux alentours et de baisser la voix. Il était bien caché, dis-moi !

- Vous êtes une vingtaine dans l'équipage, à quoi ça sert d'avoir autant de médecins ? Un, voire deux, ça peut suffire, non ?