Faire partie de ton passé

Chapitre 10 - Une vérité lourde à porter

Avec réticence, Hermione avait dû avouer à Sirius qu'elle avait quelqu'un dans sa vie. Elle savait que c'était la meilleure chose à faire mais une boule au ventre persistait. Avant de remonter le temps, elle s'était posée beaucoup de questions sur sa relation avec Ron. Au début, elle pensait être amoureuse de lui mais cela ne s'était pas passé comme elle l'avait voulu et elle en était venue à regretter son acte. Mais parce qu'elle avait des sentiments particuliers pour son ami de toujours, elle avait laissé les choses aller. A ce moment-là, elle ne savait pas comment les interpréter, mais aujourd'hui, elle avait compris. Elle savait dorénavant qu'elle ne ressentait pas de l'amour pour Ron...

Enfin, elle avait réussi à comprendre les signaux que lui lançaient son cœur et son corps. Sa colère, sa frustration, sa perte de contenance et ses violentes bagarres avec le futur parrain d'Harry... Toutes ces émotions, tous ces éclats, elle les avait enfin compris... Ses rêves avaient essayé de la mettre sur la bonne voie, son cœur lui avait montré le chemin à suivre et ce chemin la menait directement vers Sirius.

Mais parce qu'elle avait enfin réalisé ses sentiments, elle avait stoppé toute possibilité avec lui. Jamais elle ne devrait être avec lui...

Sirius Black... Elle le connaissait depuis longtemps, le parrain d'Harry, celui qui avait passé treize ans dans la terrible prison d'Azkaban, celui à qui elle avait sauvé la vie quatre ans plus tôt grâce à son retourneur de temps. Et par un hasard de la vie ou parce que sa destinée en était ainsi, ce même retourneur de temps l'avait ramené dans le monde de cet étrange personnage. Etrange, oui ! Le Sirius du futur lui avait toujours paru étrange, mystérieux et sombre.

Il l'avait toujours regardée de ses yeux gris, profonds, totalement indifférents, comme si toute joie avait disparue de son être, rongé par la vengeance et la culpabilité. Il avait eu quelques marques de sympathie envers elle mais jamais ils n'avaient été proches. Elle avait souvent réprouvé ses décisions et ses infantilités. Et puis, elle n'avait jamais su s'expliquer le malaise qu'elle ressentait à ses côtés. Grâce à Harry, pourtant, son cœur s'était adouci et il avait retrouvé un peu de sa personnalité passée : insouciance, gaieté, raison de vivre ! Malheureusement, Bellatrix Lestrange lui avait pris sa vie sans ménagement.

Hermione se rappela le moment où Dumbledore lui avait annoncé la mort de Sirius. Elle était encore peu remise du sort qu'on lui avait lancé dans le Département des Mystères et cette triste nouvelle l'avait ébranlée. Elle avait beaucoup pleuré car même s'ils étaient souvent en désaccord, elle l'avait aimée comme on aime un ami.

Le visage du jeune Sirius se forma dans son esprit : son rire, son charme, son ironie... L'avenir qui lui était réservé était bien sombre et Hermione sentit la tristesse l'envahir. Mais elle se mordit la lèvre inférieure, réprimant ses larmes. Une idée malsaine apparut !

Non, tu ne dois pas changer le passé !

Le Sirius du passé était plein de défauts mais malgré cela, son cœur bondissait à chaque fois qu'il était proche d'elle. Néanmoins, elle savait ce qu'elle avait à faire. Ron n'avait été qu'une excuse pour empêcher Sirius d'aller plus loin... car elle avait bien senti qu'il ressentait de l'attirance pour elle. Mais non ! Elle devait absolument faire disparaître ses sentiments et ceux de Sirius. Lui du passé, elle du futur. Si jamais elle se laissait aller, cela pourrait avoir des conséquences plus que néfastes sur leur avenir à tous deux et peut-être celui d'Harry ! Et puis, Sirius était bel et bien mort, rien ne pourrait changer cela...

Hermione sentit une pointe d'amertume lui envahir le cœur. Elle ferma les yeux en calant sa tête contre le mur, se sentant subitement fatiguée de toutes ces réflexions. Elle inspira longuement.

Sois courageuse ! Tu dois revenir dans ton présent ! Pour ton bien ! Pour son bien ! Et le plus tôt sera le mieux !

Elle inspira un bon coup et remise de ses émotions, entra dans la Bibliothèque où elle entrevit une jeune Mme Pince, inchangée avec son air pincé et ses vêtements démodés. Celle-ci la dévisagea avec dédain mais ne fit aucune remarque et continua à épousseter son bureau.