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Un vendredi matin. On était dans la même section, à l'examen d'entrée. J'attendais devant la grande porte, énervé qu'on ne nous classe pas par niveau, plutôt que d'être coincé à attendre avec des crétins. Et il était passé devant moi. Il marchait vite pour passer à l'avant, avec sûreté de ses mouvements, sans hésitation, comme s'il savait déjà pertinemment ce qu'il faisait. Il avait un regard froid, et était totalement désintéressé des autres. Son sac, sur son épaule, laissa tomber un carnet marron un peu déchiré. Étonnamment, je le ramassa. Puis je me cassa les couilles à le rejoindre à l'avant, tandis qu'il continuait d'avancer. "C'est qu'il marche vite ce con!" avais je pensé. Et il s'était arrêté. Je lui avais tapé l'épaule, et il s'était retourné. Après que je lui ai tendu son carnet, il m'a sourit de toutes ses dents en me remerciant.
Son expression avait changé en moins de cinq minutes, et il était devenu amical.
-Kirishima, je m'appelle Eijiro Kirishima!
Ensuite c'est tout le monde qui a changé. Ils ont tous disparu, tout comme le lycée. Kirishima m'a caressé la joue doucement mais après ses doigts se sont transformés en lames de couteaux.
-Moi, Katsuki Bakugo.
Son sourire s'est transformé en un rictus et les paroles de son poème résonnèrent dans ma tête. Puis il a crié à l'aide, encore et encore.
-BAKUGOO! BAKUGO!
Comme si c'était réel.
-OH, TU TE RÉVEILLES PUTAIN?

Ah, ça l'est. Crétin de Pikachu. Pourtant je dois lui être reconnaissant de m'avoir réveillé.

-Ah bah tu te lèves enfin! On te fait sortir de la piaule de Kirishima avec Hanta aujourd'hui!
-… Pas envie enculé qui me réveille!
-Tant pis pour toi, on t'embarque quand même! C'est quoi ça?

Il désigne le poème de Kirishima que je tiens toujours dans mes mains.

-Rien.
-… D'accord. Tu sais le resto turc qu'on avait trouvé l'autre fois? On a qu'à y aller! Tu avais beaucoup aimé les suçuk je crois?

Je baisse les yeux.

-Non, c'était pas moi. C'était Kirishima qui adorait ça.

Il fait de même que moi, mal à l'aise.

-Bon bah on va juste aller se graille un kebab alors! T'as besoin de manger un bout!
-Ok connard. J'ai pas faim, c'est donc une superbe idée. C'est pas surprenant qu'elle soit de toi.
-Toujours aussi aimable!
-Mmh.

La seule personne qui me rendait aimable si on peut dire, elle est plus là, et c'est en train de me crever. Alors qu'il ferme sa putain de gueule.
Je me lève, retourne dans ma chambre pour m'habiller avant de les rejoindre. Pourquoi j'y vais? Je sais même pas.

Je crois que j'ai juste envie que leur présence me rappelle celle qui me manque. J'ai besoin de le revoir, une fois, une minute.
Ça n'est pas une envie.
C'est un besoin.

Oh bordel de merde. Ça y est.

Ce sale type m'est devenu vital.
Et quand ce qui nous est vital manque à l'appel…
On meurt.

…………………………………

Me voilà piégé, une nouvelle fois à tenir la chandelle. Cette fois par contre j'ai une bonne raison d'en vouloir à Kirishima pour son absence. En faite, cette bonne raison, je l'ai toujours eu. Je ne le savais juste pas. J'étais aveugle. J'étais ignorant. Non… j'étais amoureux plutôt. N'est ce pas la même chose?

Je me lève de ma chaise brusquement.

-Où est ce que tu vas? me demande Sero.
-T'es ma mère? Je me casse d'ici avant d'avoir une scène déconseillé au jeune public.
-N'importe quoi! Comme si t'étais pas pareil av-…

Kaminari s'interrompt, se rendant lui même compte de sa connerie, de sa gaffe. Sous le regard réprobateur de Sero, il s'excuse.

-Désolé.
-Mmm… Je vais aux chiottes, je reviens.

Je me précipite hors du restaurant. Une fois sortie, je respire un grand coup l'air frais avant de marcher en direction de l'internat.

Kirishima. Je sais pas où tu es. Je sais pas ce que tu fais. Je ne sais pas non plus pourquoi tu le fais. Je sais encore moins pourquoi je t'aime.

Il n'y a qu'une chose que je sais.
Je vais passer la fin de la journée, dans ta chambre, à espérer désespérément de t'y voir.

……………………………………

Je plonge dans la couverture de ton lit, ton poème à la main.

A l'aube du petit matin,
L'odeur des fleurs me parvint,
Allons voir dans le jardin,
Il y a peut-être eu des éclosions,
De l'orage a grondé cette nuit,
Espérons que le tonnerre n'a pas touché aux roses.

Mes yeux s'écarquillèrent.
Coïncidence ou non? Hasard ou manipulation? Réel ou pas réel?
Est ce que la femme de l'animé que j'ai regardé trompait en vérité l'homme, ou pas?
Impossible en tout cas que les accusations de l'homme soit fondées sur rien.
Et impossible que ce que je vois n'ait pas été calculé.

A
L
  A
    I
     D
      E

Le poème n'était pas dans un tiroir avec une photo de nous pour rien.

<<Tu connais ce style de poème? Ça s'appelle un acrostiche, je crois. C'est quand toutes les premières lettres de chaque vers forment un message!>>

Mais oui… C'est lui qui m'en avait parlé… Depuis le début, il m'averti de ce qu'il veut…
Et ce qu'il veut c'est…

<<À l'aide.>>

……………………………………

Le dernier ennemi - KIRIBAKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant