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Tu tends ta main de tous les côtés, si bien que je ne sais pas laquelle saisir. Comme ce jour-là... À Kamino... Sauf que là, j'avais su la saisir parce que je savais où elle me menait. Aujourd'hui, c'est à moi de tendre la main. En serais je capable?

Bip. Bip. Bip.

Je casse la gueule à mon réveil d'une explosion. Victoire de mon explosion. Je suis pas d'humeur aujourd'hui, encore moins que d'habitude. Je vais devoir faire quelque chose que je vais détester, et ça sera bien l'unique fois.

Je vais devoir compter sur mes "amis". Enfin, non. Compter sur les amis des Kirishima plutôt. C'est eux qui vont jouer.

Plus je me rapproche du moment fatidique de la journée, plus je me décourage de mon idée.

J'ai rencontré sa mère. Elle a traité son fils de connard. Kaminari et Sero ne parle plus de lui, et ils réagissent très mal quand j'aborde le sujet. Une fois, Sero a pleuré. Et Kaminari l'a vite rejoint. Je ne comprenais pas ça.

<<Il est pas mort bordel !>> avais je envie de gueuler.

Mais aurais je arrangé quoi que ça soit? Non ça aurait empiré. Mieux valait peut-être qu'il soit mort qu'en perpétuel souffrance, je ne sais pas. En tout cas, ça suffit à me faire douter. Dois je vraiment faire ce à quoi je pense? Tant pis, je le ferais. Pour me remotiver, je pense à tous ses actes de bonté auquel j'ai pu assister. Ça me suffit bien.

Le cours d'anglais se termine. M'sieur Yamada nous a fait passer à l'oral, sur un exposé sur lequel on devait bosser, sur les femmes célèbres. Devinez avec qui j'étais de base? Vous avez compris. J'ai dû passer tout seul.

On avait choisi "Annie Londonderry", la première femme à avoir fait le tour du monde à vélo. Je m'en foutais, honnêtement. Mais tête d'ortie voulait. Pourquoi? Il la trouvait courageuse à respecter ses principes et des ambitions jusqu'au bout, sans compter sur les autres. On a eu un autre échange par la suite à ce sujet. Il avait commencé à parler mélancoliquement.

-Les gens comme cette femme... Si seulement ils pouvaient m'apprendre ce qu'est le courage...

J'avais relevé la tête, surpris de ce qu'il racontait.

-Le courage?
-Oui... Je suis... J'ai toujours été... incapable... De tout faire... Le vrai héros, c'est celui qui arrive à sauver tout le monde, sans perdre son courage! Je suis tout le contraire, moi..
-Toi, tu n'as pas de courage. Aucun.
-...
-Parce que tu l'es, le courage. Quand tu cris, on ressent tous qu'il se passe quelque chose de grave, parce que rien ne t'effraye. Quand tu es heureux, on comprend qu'il n'y a rien à craindre parce que tu es plus intuitif que n'importe qui d'entre nous. On ressent toujours quand la monture est effrayé, n'est ce pas?

Il avait un peu rougit, et détourné le regard. Je sais pas pourquoi j'avais dis tout ça. Ça avait plus foutu un malaise qu'autre chose.

-Merci.. Bakugo...

Bref. Je suis passé à l'oral seul à cause de son départ. J'ai eu un dix-sept sur vingt. C'est pas mal. Décevant quand même, mais j'en ai rien à battre.

On rentre tous à l'internat. Le prof chenille s'en va dans son bureau bosser. Tous les élèves sont dans la salle commune. J'en profite pour me lever du fauteuil, et me mettre là où chacun peut me voir, derrière la table basse.

-Eh.

Je me retiens de rajouter "Crétins".

-Faut qu'on aide Kirishima.

Tous écarquillent les yeux. Bah quoi? Déjà que le prof leur a tout dit pour les poésies, ils devraient pas être si surpris. Le nerd prend la parole.

-Aider.. Kirishima...?
-C'est ce que j'ai dis. Il est dans notre classe, je vous rappelle.

Ils hésitent tous, ça se voit.

-Quoi? Vous avez un problème?
-Bah.. Même si on voulait... C'est des vilains quand même... Ils sont trop forts..., commença Yaoyorozu.

Je ne cache pas la colère que ça me manifeste.

-Ah ouais?! Pourquoi alors je suis encore là hein!? Parce qu'il m'a aidé putain! Je peux juste pas rester ici, alors qu'il est peut-être en train de crever! Et vous?? Vous racontiez que vous étiez ses potes, non!? Pourquoi vous hésitez alors qu'il est peut-être en train de faire torturer?? C'ÉTAIT NOTRE AMI, MERDE ALORS! Comment vous pouvez supporter ça!!?

Même si j'ai du mal à l'admettre, les larmes me sont montées aux yeux. J'ai besoin de le voir. De l'entendre. De sa présence. Pourquoi personne ne comprend ça?!
Depuis le début, tout ça n'était que des conneries! Il n'a jamais été le cheval qui doit endurer les coups, comme il le disait lors du championnat. Nan, il a toujours été le jockey, celui qui contrôle le jeu. C'est moi qui était contrôlé. Je le voyais juste pas! Mais lui aussi ! Le jockey était pas libre de ses mouvements, parce qu'il n'était pas le meilleur dans sa catégorie! Pourquoi bordel personne ne veut l'aider?!

Kaminari se lance.

-Moi... Je suis de ton avis. Il nous a aidé toute l'année.. Il mentait, mais il était sympa! Peut-être qu'il jouait juste la comédie! Mais je peux pas non plus rester là, je veux voir si sa gentillesse n'était pas réel!

Sero le rejoint et se lève également.

-Est ce qu'il nous mentait vraiment? Je veux savoir aussi, je viendrais!

Tour à tour, tout le monde se lève, peu à peu motivés. Une larme commence à couler sur mes joues, puis deux. J'en ai rien à foutre de leur aide. Je veux juste pouvoir l'aider. Je veux savoir si tout ça n'était qu'un mensonge, et pour ça, ça sera plus simple avec eux.

-Je crains que ça ne soit pas possible..

Et merde. Le prof est sorti de son bureau.

-Je suis désolé. J'aimerai pouvoir sauver Kirishima. Le problème, c'est que c'est lui qui est partie, même en étant manipulé. Tout cela mérite d'être observé, mais de loin.

Je serre les poings, les larmes continuant de couler sur mon visage. Je me casse en courant, dans sa chambre à lui. Je la ferme à clé, et me blottit dans son lit.

Je continue de pleurer.
Putain. J'en ai rien à foutre. J'en ai rien à foutre. Rien à foutre.
Je compte bien y aller, tout seul, ou non.

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Le dernier ennemi - KIRIBAKUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant