Chapitre 14

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FLASHBACK
Mon père a perdu la tête. Avec le père d'Ismaïla, ils ont convenu qu'il était inutile d'attendre. Résultat des courses, je me marie dans quelques heures. Tout s'est passé tellement vite. J'ai à peine eu deux semaines pour me préparer.
Autour de moi, que du bruit. Je n'ai pas assez de temps pour tout assimiler à la fois. Je reviens fraîchement de chez la maquilleuse. Et toute ce brouhaha est bouleversant. J'entends même des félicitations alors que ce n'est même pas encore le moment pour cela.
Mon homonyme et ma mère étalent des pagnes tissés au sol lorsqu'elles me voient. Par ce geste, elles témoignent leur satisfaction à mon égard en tant que fille. Ça me fait chaud au cœur.
La chaleur émanant de la lampe du cameraman m'étouffe mais je souris quand même.
- Sy sawandé sawata gathié. Torodo samba ngary diama... Tu es noble, fille de nobles. Nous attendions ce jour avec impatience,  nous savions qu'il viendrait bien assez tôt. Tu es respectueuse et respectée. Ton jour est arrivé Sy, chante la griotte de la famille.
Je lui remets quelques billets comme cela est attendu de moi et me détourne rapidement d'elle. Cette tradition est loin de m'enchanter.
Maman me conduit sur son lit où je m'assois en direction de la Quibla. Elle me pose un voile sur la tête et me demande de rester tranquille. Laetitia et Nafi sont avec moi, ainsi que quelques cousines. Elles s'extasient sur ma tenue. Honnêtement, je n'ai jamais été aussi belle.
Je suis vêtue d'une taille basse blanche à traîne imposante, œuvre du couturier Khadim Mbaye. Elle est très simple en haut, mais la jupe c'est tout autre chose. Comme coiffure, mes extensions sont tout simplement tirées en queue de cheval basse, dégageant mon visage. Maquillage sobre, chaussures et pochette rose gold. Simple, tout comme moi.
J'ai toujours eu en horreur les mariées qui étaient encore au salon longtemps après que le mariage ait été scellé. Il était hors de question que ça m'arrive.
L'appel du muezzin ne réussit pas à calmer les bavardages. Mes amies jouent aux paparazzi pendant que j'essaie de rester concentrée. Dans quelques minutes, mon sort sera scellé. Un plus un sera égal à un. Je vais unir ma vie à celle d'un être entier. Une excitation mêlée d'appréhension me fait monter larmes aux yeux. Je m'empresse de les refouler.
Je prie silencieusement pour que ce choix soit le bon, pour que nos attentes ne soient pas déçues, pour que le Tout-Puissant nous guide et nous protège. Je prie pour la paix et la stabilité dans notre foyer. Et pour que rien, jamais ne nous sépare.
Mon recueillement est interrompu par la sonnerie de mon téléphone. J'hésite à décrocher mais voyant l'identifiant, je finis par le faire.
- Madame Hanne.
- Monsieur Hanne.
- Nous sommes maintenant unis devant Dieu et devant tous les hommes.
- C'est vrai ?  C'est déjà fini ?
- Oui bb. Je te vois bientôt. Y a les vieux qui m'attendent. Mais fallait que je te parle. Je t'aime.
- Je t'aime aussi. À tout de suite.
Mon Dieu. Je suis mariée. ON est mariés. Je ne sais même pas comment je dois me sentir.
Dès que je raccroche, les cris fusent de partout. Mes amies m'enlacent en chantant. Ma mère me serre dans ses bras en me félicitant. Les larmes se pointent. J'ai même des frissons. J'ai tellement rêvé de ce moment. Ce moment où la femme qui m'a mise au monde me congratule pour ce nouveau départ dans ma vie. Mon homonyme lui demande d'arrêter de me faire pleurer car sinon elle va gâcher mon maquillage. Elle me prend à son tout dans ses bras et me dit qu'elle prie de voir ce jour arriver depuis le jour de mon baptême. Qui essaie de ruiner mon maquillage maintenant ?
Les filles s'empressent de me donner des coups sur la tête. C'est ce qu'on fait aux nouvelles mariées. C'est censé porter chance afin qu'elles soient les prochaines.
Quand je réussis enfin à sortir de la chambre. Je salue les hommes revenant de la mosquée et prends quelques photos.
Pour un mariage aussi précipité, je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de monde. Surtout qu'on est vendredi.
Quand je vois Ismaïla, mon mari, ça me fait... bizarre. Le bruit alentour se transforme en fond sonore pendant qu'il s'avance vers moi, majestueux dans son deux pièces blanc assorti au mien.
- Ma femme.
- Mon mari.
Je suis tellement émue que je n'arrive plus à parler. Il m'embrasse sur le front et me dit que je suis très belle. Il est encore plus beau que, et j'ai presque envie de l'avaler. Mais ça, je ne peux pas le dire tout haut.
- J'ai hâte de me retrouver seul à seul avec toi. Dara dou yomb tey.
- Ismaïla !
Il rit et me prend la main m'entraînant vers les vieux. Ces derniers nous assaillent de recommandations avant de s'en aller.
Je crois que j'ai dépassé mon quota annuel de sourire ce soir. On m'a  présenté une tonne de personnes dont je n'ai pas retenu les noms. Les femmes de la famille Hanne sont passées me féliciter avec quelques cadeaux. En retour mes proches leur ont remis de l'argent pour leur transport. Elles ont refusé puis on a fini par les convaincre. Les sénégalais et leurs protocoles !
Ismaïla et ses amis sont restés dîner à la maison. Nous n'avons pas eu ne serait-ce qu'un moment d'intimité pour nous faire un câlin. Ce n'est qu'au moment du dîner qu'il m'a fait asseoir sur ses jambes pour essayer de me faire manger quelque chose. Aka jongué si xaler. Tous ses potes ont commencé à se moquer. Je n'ai même pas pu en profiter puisque qu'après la première bouchée, Fabi est venue me chercher pour que je réponde à maman.
Entre les va et vient incessants, les sourires, les nombreuses accolades et surtout les talons, je ne sais pas comment je tiens toujours debout.
Ces derniers jours ont été les plus stressants de toute ma vie. Hier soir, je n'ai presque pas dormi. Alors quand les invités commencent à se retirer, je suis SOULAGÉE.
J'ai hâte de prendre une douche et de m'allonger. Alors quand Ismaïla me demande de passer la nuit avec lui, je manque de m'étouffer.
- Tu es fou ?
- Mais tu es ma femme non ? J'ai bien le droit de passer la nuit avec ma femme.
- Je suis exténuée. En plus, c'est pas ce qu'on avait convenu.
- Wa ku la bayi nga dioy ? Ya ma rousslo. (Tu n'oses quand même pas pleurer ? )
- Mais je ne pleure pas. Je suis fatiguée.
- Tu devrais voir ta tête, se moque-t-il. On dirait que je viens de t'annoncer la fin du monde. Relax. Je veux juste dormir avec toi. Dormir rien d'autre.
- Non. je ne peux pas. D'ailleurs, je dors avec avec les filles ce soir.
- Tapette nga rk. Sache que plus tu me feras attendre, plus ce sera chaud pour toi.
- Ok, c'est bon, rentre chez toi maintenant.
- Inutile de faire ton visage d'enfant unicef là. Yeureumou ma la du tout. Wa goungé ma ba si auto bi au moins, comme dang mey dak.( Je n'ai aucune once de pitié pour toi. Vas-y raccompagne moi au moins jusqu'à la voiture.) Je veux un bisou.
- Je te fais un bisou demain, c'est promis.
- T'as le choix, c'est la voiture ou ici.
Ne voulant pas perdre du temps à argumenter avec lui, je le suis main dans la main.
On croise les sœurs de mon père devant la porte. Et elles m'interdisent littéralement de raccompagner mon mari. En proposant de le faire à ma place, si j'y tiens vraiment. Mdr, elles doivent penser qu'on va s'enfuir. Aucun risque. Ismaïla est visilblement agacé mais ne dit rien. Je lui fais une bise et retourne à l'intérieur.
Les filles sont dans ma chambre. Elles m'aident à me démaquiller et à enlever ma perruque. Puis je file sous la douche.
Non seulement j'ai l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur. En plus, je meurs de faim. Fabi nous apporte un grand plat et on mange en partageant nos impressions.
Tout ce stress, toutes ces tensions, et c'est déjà fini. Comme on dit, lu teugg tass (tout a une fin). C'est tellement inutile d'en faire des masses, de mettre sept-huit tenues, pour une journée qui passe tellement vite qu'on a même pas le temps d'en profiter.
Je me couche dès que les filles rentrent. Bien sûr que c'était un mensonge pour que Ismaïla n'insiste pas.
Je ne réalise toujours pas que je-suis-mariée. Je m'endors au téléphone avec Ismaïla et c'est comme si rien n'avait changé.
Le matin, je me lève à contrecœur à cause de tout le bruit dehors. Des proches sont restés pour la nuit. En fait, ils sont là depuis trois jours déjà. Et  Dieu seul sait quand ils retourneront chez eux. Bref.
Le mariage civil est prévu pour aujourd'hui à seize heures à l'hôtel de ville. Je prends une douche rapide et me rends avec Fabi chez la maquilleuse. Nafi et Laetitia y sont déjà.
Ma tenue d'aujourd'hui est une robe en tulle perlée de couleur rose pale. Coupe sirène, petit décolleté au niveau du dos.  Fabi, Nafi et Lae sont respectivement en robe bleue asymétrique, tailleur vert treuil et robe baby doll multicolore.
Nous arrivons à la mairie avec quelques minutes de retard. C'est une cérémonie très intime. Juste nos parents et plus proches amis. Ismaïla me coupe le souffle tellement il est beau avec son costume bleu nuit, sa chemise blanche, sa cravate assortie à ma robe.
Quand le maire me demande si je veux prendre Ismaïla pour époux, je réponds d'une voix tremblante d'émotion. Ismaïla, lui, fait presque vibrer les murs, déclenchant une avalanche de rire. On échange des alliances en platine. J'ai failli m'étrangler quand j'ai appris le prix exorbitant de ces bijoux. Après on avait pas trop le choix, comme l'or n'était pas une option. Une bande toute simple pour lui, une plus travaillée pour moi.
On nous déclare mari et femme et ce fou m'embrasse sur la bouche devant nos parents. J'ai honte leuhiii !
Quelques signatures et une multitude de photos plus tard, nous retournons à la maison.
Un petit dîner est prévu ce soir avec le petit comité du mariage civil. On a pas eu le temps de louer une salle, contacter un décorateur et tout ça. Alors on a juste réservé un restaurant pour la soirée.
Le résultat est au delà de mes attentes. Il y a des chandelles sur toutes les tables, des guirlandes lumineuses sur les murs et des pétales de roses au sol. Pour une réception improvisée, c'est plus que parfait.
J'ai gardé le même maquillage et les mêmes accessoires et me suis contentée de changer de robe. Ivoire cette fois-ci, en soie, épousant gracieusement mon corps.
Tout le monde se lève et nous accueille en applaudissant lorsqu'on entre Smaïl et moi. Inutile de faire des réserves de carburant pour le mois à venir. Mon sourire peut éclairer la ville entière.
J'aimerais pouvoir arrêter le temps afin de prolonger ce moment. Je me sens légère et reconnaissante.
Je n'ai jamais été fan des grandes réceptions folkloriques. Ce dîner est tout ce que  toujours voulu. À quelques détails près.. Mes parents ne sont pas venus. Je ne voulais pas inviter toute la population qu'il y a à la maison et maman refusait de les laisser seuls à la maison. Ce que je comprends d'ailleurs. Par conséquent, Ismaïla a dit à ses parents que c'est un dîner entre jeunes. Alors que je sais qu'il aurait aimé les avoir ici.
Il y a eu quelques discours. Puis une ouverture de bal sur la chanson I swear, de All 4 one. On était littéralement dans une bulle. C'était magique.
Nos proches nous ont rejoint et on a dansé sur quelques sons avant que la sono du restaurant nous lâche. Ça ne m'a même pas dérangé tant que ça. De toute façon, il fallait que je rentre me préparer à rejoindre le domicile conjugal.
J'ai toujours aimé le côté traditionnel de la cérémonie qui précède le départ de la mariée pour son domicile conjugal. On m'a fait des tresses typiquement hal pulaar que je n'oserai mettre pour aucune autre occasion. Après un bain de purification, j'ai enfilé un pagne blanc et une camisole blanche. Couverte de deux pagnes tissés, j'écoute les conseils des uns et des autres. Le discours du frère de papa m'a particulièrement touchée :
- C'est très dur d'élever son enfant et de devoir un jour la confier à quelqu'un d'autre. Aysha nous l'avons élevée comme il se doit. Les valeurs que nous lui avons inculquées, si elle ne s'en défait pas, elle ne nous fera jamais honte. Et ce, où qu'elle soit. Ismaïla nous lui confions notre fille et nous lui demandons d'en prendre le plus grand soin. Qu'il sache qu'elle a une famille. Pour les avoir précédés sur ce chemin, nous savons que le mariage n'est pas facile. Mais les problèmes se surmontent. Aysha, fais de  ton mari ton ami, ton frère, ton complément. Ne laisse jamais une tierce personne t'influencer dans ton ménage. Que vos problèmes ne dépassent pas le seuil de votre chambre. Tu es la femme, tu es celle qui devra tempérer, celle qui devras supporter même si cela t'est difficile. À Ismaïla, je demande d'être compréhensif, d'avoir de la patience et du yeurmandé, de la traiter comme il traiterait sa mère. Le mariage est une entreprise nébuleuse. On pourrait disserter là dessus jusqu'à demain et on ne serait pas prêt de finir. Je vous demande de vous soutenir, de vous accrocher, d'avancer ensemble. Puisse Allah bénir votre union et de faire de votre progéniture des érudits.
Aujourd'hui, je tourne le dos à cette maison qui m'a vue naître et grandir. Cette maison qui a abrité mes joies et peines. Cette maison qui m'a vue devenir une femme. Alors mes larmes ne manquent pas de couler.
Je rejoins ma nouvelle maison. Cadeau du père d'Ismaïla qu'il l'avait lui-même héritée de ses parents. Une maison prête à accueillir une nouvelle génération de Hanne.
Après quelques protocoles encore, on se retrouve enfin seuls. Je me rends compte que je meurs de faim. Au dîner, j'ai juste picoré dans mon assiette.
- J'ai faim Smaïl.
- Je m'en doutais. J'ai demandé à Laetitia de te laisser une assiette de laax en bas. Sinon on peut toujours commander quelque chose.
- Non le laax c'est parfait.
Il me ramène l'assiette et je la mange sans respirer.
- Doucement tu vas t'étouffer. On dirait que tu n'as pas mangé depuis des jours.
- Je n'ai pas mangé depuis des jours. Je ne fais que grignoter par ci par là.
- Devine qui je vais grignoter ce soir.
Il me fait perdre l'appétit instantanément. Je dépose ma cuillère et prends quelques gorgées d'eau.
- Je plaisante. Mange. Je ne voudrais pas que tu t'évanouisses pendant que je te fais l'amour.
- J'ai plus faim.
Il se moque encore plus de moi avant de me forcer à avaler un verre de jus.
Normalement, lorsque la jeune mariée rejoint son domicile conjugal, une fête est organisée le lendemain. Ça a été la cause d'une vraie prise de tête avec maman Fatim qui y tenait absolument. Personnellement, je n'en peux plus des festivités.
Ismaïla a tenu bon en arguant qu'il était inutile de faire une fête en notre honneur. D'autant plus qu'on doit reprendre le boulot ce lundi même. On mérite un dimanche rien que tous les deux.
Ma belle-mère. Une vraie plaie. Je suis d'ailleurs étonnée qu'elle n'ait pas opposée de résistance à ce mariage. Dire qu'il y a à peine quelques semaines, je me disputais avec Ismaïla à cause d'elle. Je l'avais accusé de toujours avoir des sentiments pour son ex. Et cerise sur le couscous, je lui ai dit cash que si je pouvais choisir une belle-mère, ce ne serait certainement pas sa mère à lui.
Il m'en a voulu pendant un moment. Mais Alhamdoulilah, aujourd'hui je suis avec cet homme que j'aime plus que tout. Quoique à ce moment précis, je voudrais être partout ailleurs mais pas ici.
Perdre sa virginité. J'en ai entendu des vertes et des pas mûres à ce propos.
Assise sur ce lit, je n'ai qu'une envie, m'enfuir. Pendant que mon mari ramène le plateau qu'il m'avait apporté, je triture nerveusement mes doigts. Le mot douleur tourne en boucle dans ma tête.
- On peut passer aux choses sérieuses maintenant.
Rien qu'à l'entendre parler, je sens poindre des larmes. Je reste silencieuse tandis qu'il s'approche et me fait un bisou dans le cou.
- Tu es bien sage d'un coup. T'as perdu ta langue ?
Je me cantonne dans mon mutisme tandis qu'il s'installe en face de moi et me relève doucement le menton.
- Hey. Je te taquine c'est tout. On ne va rien faire du tout. Je sais que tu es fatiguée. Et moi aussi.  Et je veux que ce soit un moment dont on profite tous les deux.
Je fais oui de la tête.
- J'ai droit à un bisou non ? Comme je suis un parfait gentleman.
Je lui fais une bise sur la joue.
- C'est tout ? Je pense que je mérite mieux non ?
Je l'embrasse sur la bouche. Ce que j'imaginais être un furtif bisou se transforme en entremêlement de langues. Quand il essaie de me déshabiller, je me raidis et le repousse.
- Je ne vais rien te faire, c'est promis. J'ai juste envie de te sentir.
Sauf que je ne lui fais plus confiance là. En même temps, s'il veut me faire passer à la casserole, il n'y a pas grand chose que je puisse y faire.
- Promis, je te dis. Tu me dis dis quand tu veux que j'arrête. Pas avec les mains par contre, avec des mots. Si tu veux que je m'arrête tout de suite aussi, suffit de le dire. Je voulais juste m'amuser un peu. Mais je comprendrai.
Il est tellement doux avec moi que je suis gênée de lui dire non. S'il me laisse encore 24h pour me préparer, je devrais pouvoir le laisser profiter un peu ce soir.
Prenant mon silence pour un accord, il glisse sa langue dans mon oreille. Seigneur. Donc les oreilles ça a une autre fonction que convoyer des sons ?
Il m'enlève mon immonde camisole et ma poitrine se trouve exposée à son regard. Je croise les bras par réflexe. Il m'enlève un bras et me caresse le pli du coude. Ça me chatouille agréablement. Le pli du coude, une zone érogène ? J'ai beaucoup, beaucoup de choses à apprendre.
Il m'embrasse à nouveau et me regarde dans les yeux.
- Je t'aime Aysha. J'ai du mal à croire qu'on est là tous les deux.
- Je t'aime Ismaïla. Moi aussi j'ai du mal à y croire.
- Je dois t'avouer que j'ai passé pas mal de temps à t'imaginer nue dans mon lit.
Je souris timidement.
- J'ai imaginé faire ça...
Il prend un de mes tétons dans sa bouche et le mordille. Pendant que ses doigts titille l'autre.
- Et ça...
Il défait mon pagne en me regardant dans les yeux. Je n'arrive pas à soutenir son regard.
Il m'allonge sur le dos et commence à m'embrasser le nombril, puis le pubis. Je l'arrête sans le faire exprès.
- Pas de mains ,bébé. Utilise des mots.
Il entrelace ses doigts aux miens et m'embrasse les lèvres, celles du bas. Woah. C'est bon. J'ai l'impression de faire quelque chose de mal. Je sais que c'est mon mari. Mais l'information n'est pas encore entièrement intégrée. Je murmure :
- Arrête..
Il se relève et vient me faire un bisou au coin des lèvres.
- Tu es sûre ?
Je ne réponds pas.
- C'est bien ce que je pensais.
Ismaïla reprend là où il s'était arrêté. C'est-à-dire sa langue sur mon clitoris, léchant, massant, stimulant. Je gémis indécemment. Mes mains sont sur sa tête, l'encourageant. Non, l'empêchant de se relever. Je ressens un plaisir qui m'était jusque-là inconnu.
Mes doigts s'enfoncent dans ses épaules au fur et à mesure que les sensations décuplent. Mon corps entier se contracte. Je tremble en ayant le premier orgasme de ma vie.
Putain.
C'était... waouh. Je ne sais pas quoi dire d'autre.
Ismaïla se redresse et me fait un bisou léger sur la bouche.
- Ça va ?
J'ai l'impression d'avoir fumé un joint là frère. Alors ça va plus que bien.
- Mmmhh..
- Pourquoi je demande d'ailleurs ? Avec tous ces soupirs, je sais que tu as kiffé la moindre seconde.
Je me cache le visage avec les mains. Il les enlève en riant.
- Et moi j'ai adoré te faire plaisir. Tes gémissements sont trop sexy.
- Arrête tu me mets mal à l'aise.
- Ça va vite te passer. Je vois que t'apprends vite. En plus pour quelqu'un qui était fatiguée, tu en as de la force. Tu m'as niqué les épaules femme.
Je regarde les traces de mes ongles sur sa peau et j'ai encore plus honte.
- Désolée.
- Ne sois pas désolée. C'est mes trophées. Ça veut dire que je fais du bon boulot.
Il lève la main en l'air et on s'en tape cinq.
Ensuite il enlève son t-shirt et mes yeux s'arrondissent.
- Sérieux tu vas me regarder avec tes gros yeux là ? Imagine ce que tu viens de ressentir ? Ce sera encore mieux quand je serai en toi.
- Bebeeeee...
- T'inquiètes je veux juste sentir ma femme contre moi. Regarde j'enlève même pas mon caleçon.
Son caleçon. Hum. Cette bosse n'est pas rassurante du tout.
Il s'allonge près de moi et m'attire à lui, torse contre torse. Je sens son cœur battre. Et je respire son odeur.
- Tout compte fait, je crois qu'on va mettre un peu de distance entre nous. Sinon je ne vais pas pouvoir tenir ma promesse.
Après ce qu'il vient de faire, j'ai envie qu'il ait du plaisir lui aussi mais je suis terrorisée. Alors je reste égoïste et le laisse s'éloigner un peu.
On s'endort en se tenant la main.
Je me réveille en premier. Ismaïla me tourne le dos. J'essaie de me rendormir mais avec la lumière inondant la pièce, je sais d'avance que c'est peine perdue. Je me lève, cherche ma trousse de toilette dans mes valise puis pénètre dans la salle de bain.
J'ai du mal à fixer mon reflet dans le miroir. Cette fille dans le miroir, c'est une femme mariée qui vient de goûter aux prémices des plaisirs de la chair. C'est une femme qui vient de passer la nuit toute nue dans le lit d'un homme. Je n'ai jamais dormi nue de toute ma vie. Thieuy.
J'entre dans le cabine de douche et ouvre le robinet. Je prends une douche rapide et sors enroulée d'une serviette. Je tombe nez à nez avec Ismaïla et sursaute. Il va me falloir du temps pour m'habituer à cette situation.
- Où comptes-tu aller comme ça ?
- M'habiller ?
- Je ne crois pas non.
Il tire ma serviette qui tombe au sol et je me baisse aussitôt pour la ramasser.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Tu sais très bien ce que je fais.
- Wa prends ta douche d'abord.
- Je vais prendre ma douche. Avec toi.
- Mais j'ai déjà pris une douche.
- Et ?
Il me fait reculer jusqu'à la cabine de douche, me soulève et me fait entrer de force.
- Ismaïla non !
- Trop tard.
Il ouvre le robinet. Moi et ma serviette, on se retrouve trempées.
- Yow la beug nga sangg ma, dit-il en souriant. (Lave-moi)
Je secoue la tête et prend son gel de douche. Il se laisse faire docilement. Il me met plein de mousse dans la foulée m'obligeant à me rincer en même que lui.
Je réalise qu'il a d'autres projets quand il ouvre à nouveau le robinet alors que je viens de le fermer. Il me soulève et j'enroule mes jambes autour de sa taille.
- B..
Il me fait taire d'un baiser et me plaque contre le mur.
C'est comme ça que je perds ma virginité. Sous l'eau. Avec l'homme de ma vie.

FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant