Chapitre 21

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COVID19 - Faites attention à vous. Qu'Allah, Ar-Rahman, nous protège et nous épargne tous ♥️
__________

Les jours suivants, je me retrouve projetée au temps où il me courtisait. Parfois, je me laisse faire car une partie de moi garde espoir. D'autres, ma rancune prend le dessus et sa présence m'insupporte.
Par conséquent, on vit en permanence entre deux extrêmes. Maxima et minima. Chaque soir, je me demande ce que ce sera. Répit ou chamaillerie ?
Aujourd'hui, il revient du travail plus tard que d'habitude. Habillé d'un pantalon en tissu tissé façon lin et d'une chemise blanche en coton, il dépose son sac et se jette sur le canapé.
- Wa mba diam ? (Tout va bien ?)
- Oui, je suis juste très fatigué. J'ai passé toute la journée à courir sans prendre de pause. Je n'ai même pas pu prier. On a eu beaucoup d'urgences à l'hôpital. J'ai l'impression que tout le peuple a décidé de faire son infarctus aujourd'hui. En plus, j'ai dû réanimer quatre patients. Et le massage cardiaque est tellement plus dur qu'il n'y paraît. J'ai mal au dos carrément. Sans parler des consultations. Mais on est en sous-effectif alors je n'avais pas le choix. J'ai surpris une des infirmières en train de pleurer dans la salle de repos vers 14h. Elle avait fini sa garde depuis 8heures ce matin mais ne pouvait pas rentrer chez elle. Je la comprends tu sais, nous faisons le boulot de plusieurs personnes à la fois fois. Avec moins de temps et moins de moyens et de plus en plus de pression. Tu sais comment les choses fonctionnent ici.
- Oui, malheureusement. Ce n'est pas évident. Massa. J'ai entendu également dire que les budgets sont de plus en plus amputés. Comment êtes vous censés faire votre travail correctement alors que vous ne disposez ni des moyens matériels ni de ceux humains vous permettant de le faire ?
- La question à mille balles. Franchement je pense de plus en plus à me concentrer sur la clinique et laisser tomber le travail à l'hôpital. C'est juste par conscience professionnelle que je reste. Je suis à la clinique et tout se passe bien. Je vais à l'hosto et y a une pénurie de gants. Du grand n'importe quoi.
- Massa. Fais ce qui te semble le mieux rk.
- Bon, je vais me doucher.
- D'accord, je vais mettre la table.
Il y a des jours comme aujourd'hui où je suis extrêmement fier de mon mari. Son métier est noble. Malheureusement, il est difficile d'être médecin dans ce pays où les conditions de travail sont aberrantes.
Je vais dans la cuisine réchauffer le dîner. Du gratin de poulet avec énormément de fromage. Pendant que les pâtes sont au four, je repense à la proposition de Zac. Ismaïla va me tuer., mais j'ai vraiment envie de le faire. Et, c'est ce soir ou jamais. La conversation va être difficile, je le sais. Déjà  qu'il est de mauvaise humeur. Mais je n'ai pas le choix.
Le minuteur m'interrompt dans ma réflexion et je sors le moule du four. Je le dépose sur la table à manger et puis dispose les couverts. Ismaïla me surprend par un bisou dans le cou. Comme avant.
- Tu deviens de plus en plus belle tu sais.
- Ouais ouais c'est ça.
- Je te promets que c'est vrai. Sama jongoma mineure bi... (Ma petite jongoma)
- Assieds-toi, ça va refroidir.
Au cours du dîner, je rassemble mon courage à trois mains.
- Je dois te parler de quelque chose.
- Oui ?
- Est-ce qu'on peut mettre la jalousie de côté et parler juste objectivement ?
- Je ne sais pas de quoi tu vas me parler encore alors...
- Bon, j'ai parlé à Zac ce matin. Avec Al et Tafa, ils ont lancé une marque de vêtements. Il y a quelques mois, je lui avais promis de poser pour eux pour le lancement. À l'époque, je me disais que ce serait une bonne idée puisque ça me ferait de l'argent en plus.
Il ouvre la bouche et je le coupe aussitôt.
- On ne se parlait plus toi et moi, et je faisais des prévisions pour le bébé. Parce que je ne savais pas comment ça se passerait financièrement parlant. Je ne comptais pas te demander de l'argent. Et mon argent de poche n'aurait probablement pas suffit à couvrir nos besoins à tous les deux.
Il se rembrunit.
- En plus, ça me paraissait excitant et tout. C'est vrai que j'ai zéro expérience mais c'est l'histoire d'une fois. D'ailleurs, on avait convenu qu'il trouverait quelqu'un d'autre si je m'avérais être nulle. Enfin bref. Zac m'a contacté pour savoir si j'étais toujours intéressée. Et je le suis. J'ai vraiment envie de le faire. Je vais sûrement changer d'avis en arrivant là bas mais en attendant, l'idée me plaît beaucoup. Et puis, j'avais promis. Le shooting est prévu pour demain.
Je peux sentir qu'il se contient énormément.
- Tu me demandes la permission ou tu me mets juste au courant ?
Je ne réponds pas.
- Toi, mannequin ? J'ai beaucoup de mal à l'intégrer. Pas parce que tu ne peux pas le faire. Parce que physiquement, tu as le corps pour. Mais tu es du genre réservée, alors excuse-moi d'être sceptique vis à vis de cette envie soudaine. Si tu veux passer du temps avec lui, aies au moins le courage de l'assumer.
- Ce n'est pas pour passer du temps avec lui. J'ai juste envie de le faire c'est tout.
- Tu voulais le faire pour de l'argent à la base non ? Je pense que le problème ne se pose plus à présent. Je ne sais pas comment tu as pu imaginer que je n'allais pas prendre soin de...
Il se tait, réalisant qu'il avait rejeté notre bébé quand il a su.
- Tu sais déjà ce que j'en pense. Si tu m'en as quand même parlé, c'est que tu as déjà pris ta décision malgré ce que je ressens. Legui nak defal lii dal sa xel. (Fais ce que ta conscience te dicte)
Il se lève et repousse sa chaise.
- Tu n'as pas fini.
- Sour na. (Je n'ai plus faim)
Je m'attendais à des cris, une grosse dispute. Mais Ismaïla l'a jouée de main de maître. En triturant ma conscience. Waay dina xam ni ma ko geuneu bandit. (Mais à malin, malin et demi.
Comme il n'a pas terminé son dîner, je lui apporte des tranches de melon au salon. Il la prend, me remercie puis la pose sur la table basse avant de se reconcentre à nouveau sur le match à la télé.
Je débarrasse, fais la vaisselle et monte me coucher. Depuis mon retour, soit c'est lui qui s'en occupe, soit on le fait ensemble. Mais comme monsieur boude, je n'ai pas envie de passer plus de temps avec lui.
Je m'endors avant qu'il ne me rejoigne. Et on ne se reparle qu'à l'aube. Enfin, parler est un grand mot puisqu'il n'a fait que me réveiller pour prier.
J'ai eu droit à un simple bonne journée, sans bisou matinal à son départ. Lol.
Le pire c'est qu'il a réussi à s'immiscer dans ma tête. Je n'ai même plus envie de le faire ce shooting.
Je passe toute la matinée à tergiverser. Oui, une minute; non, la minute suivante.
Zac je lui dois beaucoup. Il m'a été d'un soutien moral inestimable. Ceci serait une manière de le remercier.
Ce qui est sûr, c'est qu'on ne restera pas en contact si les choses s'arrangent entre Ismaïla et moi. Il ne le permettrait pas.
Un shooting. Ça ne paiera pas la dette, certes. Mais au moins, j'aurais l'impression de lui avoir rendu service une fois. Car clairement, je ne compte pas accepter de paiement de sa part.
Lorsque je confirme enfin, Zac propose de passer me prendre puisque ma voiture est toujours chez le mécanicien. Il veut se faire assassiner le pauvre.
Finalement, on convient de se rejoindre directement là bas. Avant de partir, je préviens Ismaïla. Je lui indique l'adresse en promettant de rentrer avant lui. Il me répond un «ok» sec sans eau ni sel. Après tout, je n'attendais pas plus.
J'arrive à Ngor vers 15h30 dans une énorme maison en bordure de mer louée pour l'occasion. Zac m'accueille en me faisant la bise puis me conduit à l'intérieur. La seconde porte d'entrée est en bois massif, imposante, avec un heurtoir en forme de tête de lion. L'endroit parfait pour des prises.
Zac me présente à toute l'équipe. Je retrouve joyeusement Tafa et Al à qui je fais d'énormes câlins. Ma fan-attitude prenant momentanément le dessus. Je rencontre également le mannequin homme choisi. Franchement, on m'aurait dit qu'il fait autre chose de sa vie, je n'y aurais pas cru. Grand, musclé, visage mi dur, mi beau, mystérieux. Je vais faire tâche, c'est sûr.
C'est dur de détacher mes yeux de lui. Ce n'est pas tant la beauté mais il est attirant. Astaghfiroulah sakh. Je détourne les yeux et promène mon regard dans la pièce. L'intérieur de la maison est tout ce qu'il y a de plus moderne. Grand espace ouvert cuisine-salle à manger-salon, décoré sur des tons noir et blanc. Je VEUX une cuisine pareille. Je n'ai pas le temps de m'extasier que Zac rassemble tout le monde.
- Puisqu'on est tous là, on peut commencer. Aysha, Papi, je vous laisse entre les mains de Aïcha.
Aïcha, c'est la maquilleuse.
- Du frais et naturel ok ? Insiste Zac.
- Compte sur moi, promet-elle.
- Je ne sais pas trop comment ça va se passer niveau chronologie. Quels vêtements mettre en premier ? Boub's c'est toi l'expert.
Boub's est bien entendu le photographe.
- Ça importe peu. Je vais installer le matériel dehors. Qu'on puisse profiter de la lumière du soleil au max.
- Ok c'est parti.
Mon ventre se serre. Je ne sais pas ce qui m'a pris. À quel moment j'ai cru que je pouvais jouer au mannequin pro. Je ne sais absolument pas comment prendre une pose, ni quelle expression adopter. Ça s'apprend ce genre de choses. À. quoi. je. pensais.
Je me fais maquiller. Puis on me demande d'enfiler une tenue. Le concept de la marque Torodo c'est le streetwear. Je vais mettre les différentes tenues avec des talons pour donner plus de style.
Je tremble presque quand c'est le moment de prendre des photos. Je suis tellement crispée que c'est perdu d'avance.
Papi me demande de me détendre. Il me montre quelques poses. D'ailleurs, il change même sa tenue, s'accordant ainsi à la mienne pour qu'on puisse commencer par les photos de couple.
Ça me fait trop bizarre de prendre des poses sérieuses/sexy/mystérieuses. C'est un sacré travail. Travailler la complicité entre Papi et moi c'est assez chaud aussi.
Au fil des heures, je finis par me détendre. Je pense qu'on finira même par avoir quelques bons résultats. À la tombée de la nuit, on prend quelques shots au niveau du balcon. Entre la rambarde en fer et les tables hautes, on dirait le cadre d'un restaurant. Cette maison est tout simplement magnifique.
On ne termine que vers 20h30. On a dû prendre 1000 photos minimum. On s'applaudit mutuellement pour le travail bien effectué.
Je suis quand même fière, très fière de moi. Comme Ismaïla l'a dit, ce n'est pas mon genre du tout. Jamais je n'aurais songé à faire du mannequinat. Zac me pousse à faire des folies. En tout cas, j'ai adoré. Je pourrais même y prendre goût... Ok calmos Aysha, faut pas rêver.
Tafa propose qu'on aille tous dîner ensemble. Je décline malgré leur insistance.
- Ton mari comprendra. C'est juste une pizza.
- Katia et leur longue attente, c'est mort Tafa.
- Invite le alors, qu'il se joigne à nous, propose Al.
Mdrrrrr. C'est mieux je ne réponds pas. Al là il veut créer embouteillage ici.
- Non, faut vraiment que j'y aille. Ce sera pour une prochaine fois.
- Bayilen Aysha mu dm gnibi, dit Boub's. Dey togui reer, seey seey bi. Man yow la andal dh. (Laissez la rentrer. Elle doit faire le dîner. Je suis totalement d'accord avec toi.)
Ismaïla va me tuer. C'est sûr, je vais le trouver remonté à bloc. Je pensais sincèrement qu'on finirait plus tôt.
- Bon d'accord, je te ramène alors, propose Zac.
Je vous promets que cet homme est suicidaire. Je m'empresse de décliner à nouveau. Je fais la bise à tout le monde. Zac me raccompagne jusqu'à la porte et je prends le premier taxi qui passe. Direction la maison.
Pendant tout le trajet, je prie pour que sa journée ait été aussi chargée que celle d'hier. Méchant, je sais. Même si, au fond, je sais qu'à cette heure-ci il est forcément à la maison.
Les lampes allumées au rez-de-chaussée ne font que le confirmer à mon arrivée. Ismaïla est installé au salon, téléphone à la main.
- Bonsoir.
- Bonsoir.
- T'es rentré y a longtemps ?
- Oui.
- Je pensais rentrer plus tôt mais on vient juste de finir.
- Ok.
Comment la roue a tourné. Eh !
- Je me change juste et je fais le dîner.
- J'ai déjà mangé, merci. Je t'ai laissé des pâtes dans le micro-onde.
- Ah.
J'ai honte dééé.
- Merci. Euh.. Je reviens.
Je prends une douche rapide et me mets en combishort. C'est Ismaïla qui me l'a offerte et il aime me voir dedans. Loin de moi l'idée de l'allumer. Mais peut-être qu'en me voyant ainsi, sa colère passera plus vite.
Je n'ai pas encore perdu mon ventre, alors il marque un peu. Il faut absolument que je me mette au sport. D'ailleurs j'ai dû mettre une gaine pour le shooting tout à l'heure.
Je me sens coupable vis à vis d'Ismaïla. Je sais qu'il fait des efforts et pendant ce temps, moi je vais faire un shooting avec un homme qu'il ne supporte pas. Pis, je traine jusqu'à ce qu'il nous fasse le dîner.
C'est vrai que depuis mon retour, il ne me laisse pas lever le petit doigt. Je dois forcer pour faire le dîner. Il commande à manger presque tous les soirs. Ou alors on se met aux fourneaux ensemble.
Mais ce soir particulièrement, ça me met mal à l'aise. J'ai même honte de manger la salade de pâtes qu'il m'a laissée.
La vérité c'est que je meurs de faim. Je réchauffe mon dîner et l'avale d'une traite. Dieu, cet homme me surprend de plus en plus avec sa cuisine. Limite, j'ai envie de lui assigner la tâche indéfiniment.
Pour me rattraper, je fais des fondants au chocolat. Dès qu'ils sont prêts, je lui en amène.
- Je t'ai fait des fondants.
Il me regarde en fronçant les sourcils.
- En quel honneur ?
- Il faut une raison pour que je fasse un dessert ?
- Non mais c'est à peine si tu me parles. Alors entre ça et me faire un dessert il y a un fossé.
- Est-ce qu'on peut juste profiter d'un moment de répit sans se prendre la tête ? Je fais des efforts là.
- Ok.
Il prend une bouchée et me complimente.
- Il est bon, merci.
- Je t'en prie.
Bizarrement, ça me manque qu'il soit bavard. Tous ces jours derniers j'avais envie de cadenasser sa bouche. Et ce soir, j'ai envie qu'il me fasse la conversation. Ça, c'est le poids de la culpabilité. Et pourtant, je n'ai rien fait de mal.
J'ai envie de lui raconter ma journée. Parce que je me suis amusée au fond. Seulement,je sais que ça ne va pas lui plaire, alors je m'abstiens.
Il prend son portefeuille sur la table basse, en sort une carte et me la tend.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une de mes cartes bancaires.
- Pour ?
- Je ne veux plus jamais que tu te sentes menacée, financièrement parlant. Tant que j'en ai les moyens, tu ne manqueras jamais de rien. Tout ce qui est à moi est à toi. J'aurais pu te faire un virement mais c'est une forme de limitation. De cette manière, tu as accès à tout.
- Tu n'as pas à faire ça. Et si c'est par rapport à ce que j'ai dit hier...
- Prends juste la carte Aysha.
- Non, je te dis. Je n'en ai pas besoin.
Il soupire profondément en serrant les mâchoires.
- Et sache dès à présent que si tu augmentes mon argent de poche, je te renvoie l'excédent.
- Explique-moi pourquoi tu es allée faire ce shooting, si ce n'est pour le voir.
- On ne va pas avoir cette conversation Ismaïla. Je t'ai déjà expliqué mes raisons.
Il pose la carte sur la table et se reconcentre sur la télé. Je pense à monter me coucher mais quelque chose me retient. Pour une fois, je reste regarder la télé avec lui. Je suis distraitement les images puisqu'il s'agit de tennis. Je finis par m'endormir tellement ça m'ennuie.
Je me réveille en plein milieu de la nuit. La lampe est éteinte et seule la lumière de la télévision éclaire la pièce. Le volume est au minimum. Ismaïla est endormi sur le canapé voisin. Il y a une couverture sur moi. Du Ismaïla tout craché. Prévenant même quand il m'en veut.
C'est une petite attention tellement banale. Mais pour une raison que j'ignore, cela me touche particulièrement. Je me rendors en songeant qu'il me faut trouver un moyen de revenir à de meilleurs sentiments envers lui. Cet homme n'a jamais voulu que le meilleur pour moi. Il m'a blessée, énormément. Mais il faut que j'arrive à passer outre.
Ce n'est qu'après la prière du matin, qu'on se recouche dans notre lit. On est samedi alors  pas de boulot aujourd'hui. On se paie même le luxe d'une grasse matinée.
En ouvrant les yeux, je croise ceux d'Ismaïla. Il me regarde intensément. J'enfouis mon visage dans mon oreiller avant de m'étirer paresseusement. J'ai dormi plus de dix heures et j'en veux encore.
Lorsque je me tourne à nouveau vers Ismaïla, il me fixe toujours.
- Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Je t'aime c'est tout.
- Baratineur.
- C'est la vérité. Et je suis extrêmement jaloux que tu aies passé la journée avec cet homme.
- Je viens littéralement de me réveiller Ismaïla. Tell na dh. Tell na tropp. (Il fait trop tôt pour ça)
- Ce que je veux dire c'est que je t'aime et je ne veux pas te perdre. L'idée que l'on puisse se séparer m'est insupportable. Et je préfère encore mourir plutôt que de te voir avec un autre homme.
Il enlace ses doigts aux miens.
- Je t'aime vraiment. Et tu me manques.
Je n'arrive pas à le lui dire en retour. Même si je le ressens moi aussi.
- Je sais que tu es blessée et que tu as besoin de temps. Mais comprends que moi aussi je souffre.
- Je sais.
Il rapproche son visage du mien et me fait un bisou sur le front.
- Promets-moi que tu vas nous donner une seconde chance. Ou que tu vas essayer au moins, que tu vas essayer à 100%.
Il me fait un bisou chaste sur les lèvres puis me regarde dans les yeux.
- Promets-moi.
Je ne veux pas faire de promesse que je ne pourrai pas tenir. Mais en même temps, je sens sa tristesse. Et je veux que ça marche aussi. Alors je promets.
- Promis.
- Serre-moi, s'il te plaît.
Il se blottit contre moi, tête sur ma poitrine et je n'ai d'autre choix que de passer mon bras autour de son épaule en lui caressant la tête. J'ai toujours aimé le voir faire le bébé. Aujourd'hui cela a une petite note désespérée. J'aimerais pouvoir le rassurer, mais comment le pourrais-je. Quand je suis moi-même perdue.
- Un week-end ça te dit ?
- Un week-end ?
- Oui. Juste tous le deux.
- Mais on est déjà en week-end tous les deux. Je fais rien de mes journées, tu t'occupes de tout.
- Sauvage, dit-il en me pincant.
- Aïeeee !
- Tu es déjà en week-end. Pas moi.
- J'avoue, dis-je en riant.
- Changer de cadre. J'en ai besoin.
- D'accord.
- Super. Je fais la réservation.
- On va où ?
- Moi même, je n'en ai aucune idée encore.
Il prend son téléphone et s'y met pendant que je vais prendre ma douche.  À ma sortie, il m'informe qu'on va au lac rose.
J'enfile un jean, un t-shirt et des sandales et prépare un petit sac. Que des vêtements légers puisqu'il fait relativement chaud en ce moment. Comme il prend un siècle pour se laver, je lui prépare ses affaires également avant de descendre m'occuper du petit déjeuner.
Je fais des oeufs au plat à la présentation parfaite puisque j'utilise un emporte-pièce. Ismaïla me retrouve et se sert un café pendant que je termine le dressage. Oeufs et toasts que l'on prend en silence. Mais un silence doux, pas ceux chargés de non dits, de reproches, d'amertume.
Dès qu'on finit, on se met en route. On arrive en moins d'une heure. Comme dans tous les hôtels, on nous accueille avec le sourire. Dans notre chambre, il y a un lit à baldaquin. Je les ai toujours aimé. Je les trouve très romantiques. J'ai d'ailleurs quelques fantasmes tournant autour de la question. Dommage qu'on ait choisi cette période pour venir ici.
À peine arrivés, qu'on est déjà partis pour une balade à dromadaire. En grande peureuse, je refuse d'abord catégoriquement avant de finir par me laisser convaincre. Ismaïla se paie ma tête en jouant au paparazzi. C'est sûr qu'il ne va pas me laisser l'oublier de si tôt. Surtout avec photos à l'appui.
À l'heure du déjeuner, on pique-nique à même les dunes. Je ne sais pas quand ni comment Ismaïla a trouvé le temps de préparer tout cela. Le guide nous laisse seuls en promettant de revenir dans une heure.
Ismaïla étale une nappe, et commence à déballer ses victuailles. Athiéké, poisson braisé, jus de bissap, et salade de fruits. J'avais remarqué le sac en venant mais comme il était avec le guide, je n'ai pas pensé qu'il était pour nous.
Il fait assez chaud alors je suis bien contente d'avoir ramené un chapeau. Ismaïla lui, est totalement exposé.
- T'es sûr pour le pique-nique ? Il fait chaud dh. En plus t'as pas de chapeau ni rien. On peut juste retourner à l'hôtel tu sais.
Il se met à chanter.
- Su mbeuguel done lumière, jant bi lay dieuli. Xamna dina meti sakh waay diaral nga ma ko. Lii su la doyoul xawma lu ley doy. (Si l'amour était de la lumière, j'irai chercher le soleil. Je sais que ce sera dur mais tu en vaux la peine. Si ça, ça ne te suffit pas, je ne sais pas ce qui fera l'affaire)
Je ris.
- Kon xam nga ni tangay bii war na ko meun gérer. (Donc je devrais être en mesure de gérer cette chaleur)
- D'accord alors.
- Bon appétit princesse.
- Bon appétit b..
J'ai failli dire bébé mais je me suis retenue. Faut croire que les automatismes reviennent.
- Quand est-ce que t'as commandé tout ça ?
- Lekk ba sa xel daal diko soga lidieunti. (C'est seulement maintenant que tu penses à me demander, après avoir bien mangé ?)
- J'avais trop faim.
- Un homme ne révèle pas ses secrets. Ça te plaît ?
- Oui.
- Moi aussi je suis content d'être là avec toi. 
Il se met à jouer avec mes doigts.
- Tu sais que tu es la prunelle de mes yeux ?
- Ah oui ?
- Oui.
- Ya takh ma bayi baye, ma bayi yaye, heure bo ma soxla ma adj... (Tu es la raison pour laquelle je me suis séparé de mon père et de ma mère, et chaque fois que tu auras besoin de moi, je l'ouvrirai en grand)
- Fo jangué tassou Ismaïla Hanne ?! (Où tu as appris cette chanson ?!)
- Dama am ay feem yu bess yow. (J'ai de nouvelles astuces)
Ça me choque de l'entendre chanter cette chanson à la limite de la vulgarité . À la base, elle est chantée à la nouvelle mariée. Avec des allusions non déguisées à ce qu'elle fera avec son mari.
- Je pensais que t'aimais pas les bongoman. (chanteurs qui utilisent des bols ou calebasses)
- Je ne les aime pas. Mais cette chanson a beaucoup de sens si tu vois ce que je veux dire.
Je ne relève pas.
- Wa partage ton chapeau un peu, enchaine-t-il.
- Bien sûr, tiens.
Je l'enlève aussitôt et le lui remets.
- Pas comme ça.
Il le repose sur ma tête et colle son visage au mien. Littéralement.
- Comme ça.
Il me fait un bisou au front. Puis sur le nez. Puis sur la bouche. Il me regarde ensuite en souriant. Puis j'ai droit à une bise sur chaque joue. Et sur les lèvres à nouveau.
- J'ai l'impression d'avoir 10ans. Et de voler des bisous à mon amoureuse.
- Tu avais une amoureuse à 10ans toi ?
- Chiii faut pas rentrer dans ça. D'ailleurs, est-ce ça veut dire que tu acceptes d'être mon amoureuse ? Parce que si c'est le cas, je dois te tenir la main toute la journée.
- Raconte l'histoire j'ai dit.
- Seulement si tu acceptes.
- Ok. Maintenant raconte.
- Un gentleman ne raconte jamais ses aventures passées. Par contre, on doit se tenir la main tout le temps maintenant.
Joignant le geste à la parole, il me prend la main.
- Man ngey tek deal ? (Tu joues au plus malin avec moi?)
- Danga yomb nakh nak. (C'était facile, tu es trop crédule.)
Il me fait un bisou au poignet en souriant. Je fais mine de bouder et il m'enlace pour se faire pardonner.
Le guide nous trouve serrés l'un contre l'autre. Ça me gêne un peu mais il n'a pas l'air d'en faire cas. On range nos affaires avant de reprendre le chemin du retour.
On fait un peu de quad avant de retourner à l'hôtel. Ismaïla conduit comme un malade me faisant presque régurgiter mon déjeuner. Je m'accroche à lui de toutes mes forces en le suppliant d'arrêter. Il ne m'écoute bien évidemment pas.
Je l'abreuve de tapes dès que le moteur s'arrête. Il sait que je n'aime pas la vitesse.
- Au moins j'étais sûre de te sentir contre moi. Tu vois les extrêmes dans lesquelles je suis obligée d'aller ? Conclut-il en riant.
Je lui donne à nouveau une tape sans relever. Il me cherche avec ses petites allusions sexuelles. Sauf qu'il ne me trouvera pas.
À l'hôtel, on a à peine le temps de prendre une douche qu'il faut déjà ressortir. Ismaïla a prévu une balade en pirogue sur le lac rose pour le coucher de soleil. C'est trop un romantique mon mari.
Le lac rose est vraiment réellement rose. Apparemment c'est la teneur en sel combinée à la présence de certaines algues qui fait cet effet. Je ne sais pas ce que j'avais imaginé. Malgré les photos que j'avais vues, inconsciemment, je ne m'attendais pas à ce résultat. Tout autour, il y a des dunes de sel entreposées par les populations locales qui tirent leurs revenus de l'exploitation du sel.
Cette journée est remplie de nouveautés pour moi. Des dromadaires, du quad, une pirogue. C'est vrai que je suis une peureuse mais j'aime bien découvrir de nouvelles choses. Une froussarde aventurière je suis mdr.
Le coucher de soleil est particulièrement splendide ce soir avec ses multiples rayons oranges et rouges. Comme si l'environnement avait décidé de nous aider à renouer Ismaïla et moi. Toutes ses couleurs, me font tomber amoureuse de cet endroit.
Près de moi, Ismaïla prend son rôle d'amoureux très au sérieux. Il n'a pas lâché ma main depuis qu'on est sorti de notre chambre.
On se regarde, on se sourit. Je crois que ce n'est pas uniquement de cet endroit que je viens de tomber amoureuse.
On prend quelques photos de souvenirs en profitant des derniers rayons de soleil. Puis la barque fait demi tour et nous retournons à l'hôtel.
Nous nous rendons directement au restaurant pour le dîner. Après avoir mangé, nous restons au bord de la piscine à discuter. Pas de sujet sensible. Juste un homme et une femme qui échangent.
- Skinny dipping.
- Quoi ?
- C'est ce que j'ai envie de faire là tout de suite.
- Tu es fou ? Il y a du monde.
- Exactement.
Il se lève et enlève tous ses vêtements à l'exception de son caleçon.
- T'es sérieux ?!
- Très.
Il rentre dans l'eau m'éclaboussant légèrement au passage. Puis il me jette... son caleçon. Je chuchote en panique.
- Il y a des gens.
- Viens me rejoindre.
- Jamais de la vie.
- Tapette.
- Ah bon ?
Je me lève en souriant malicieusement. Je rassemble ses vêtements et marche à reculons.
- Tu n'oserais pas.
- Regarde-moi.
Subitement, je me mets à courir. Je l'entends crier après moi mais je ne me retourne pas. Bien évidemment je ne vais pas laisser mon mari tout nu dans la piscine. Je veux juste le stresser un peu. Kxkx.
Je traine dans le hall pendant cinq minutes avant d'y retourner. Il est tranquillement accoudé à la balustrade.
- T'es beaucoup trop serein pour quelqu'un qui va retourner nu dans ses appartements.
- Je sais que tu ne laisserais pas pareille chose arriver.
- Et pourquoi donc ?
- Danga baax T beuri sutura. (Tu es une bonne personne)
- Inutile de m'amadouer. Si tu veux tes vêtements, il va falloir passer à la caisse.
- Ton prix sera le mien.
- Jure.
- Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer.
Il crache sur sa main et me la tend pour conclure le marché.
- Jamais de la vie.
- Combien de litres de ma salive t'as avalé ? Fais pas genre.
- C'est pas pareil du tout.
- Y a aucune différence.
- Bien sûr que si. Façon, tu as promis donc inutile de se serrer la main.
- Si si c'est utile.
- Tu veux juste que je m'approche pour que tu me jettes à l'eau. Mais c'est mort mon gars.
À son sourire, je comprends que c'est l'idée qu'il avait en tête. Je lui jette son caleçon. Il l'enfile rapidement avant de sortir. Je lui tends ses vêtements à bonne distance. Il les enfile en me traitant de gamine. Puis on retourne dans notre chambre.
Dès que la porte se referme il me plaque contre le mur.
- Yow diapou ma la ? (Comme on se retrouve) Tu caches mes vêtements maintenant ? Tu laisses ton mari tout nu dans la piscine et tu te paies sa tête ?
Il commence à me chatouiller.
- Taxawal ma expliquer. Démé wul nonou. (Attends que je t'explique)
L'explication se perd dans mes rires. Je m'esclaffe à en suffoquer. Je me tords dans tous les sens en le suppliant. Il reste sourd.
- J'a...rrive... plus à... res... pi...rer, dis-je en hoquetant.
Il me lâche enfin. Je m'écroule sur le lit en inspirant profondément pour reprendre mon souffle. Il s'allonge près de moi.
- Ding ko defati ? (Tu vas recommencer ?)
Je ne réponds pas.
- Je te parle jeune dame.
Il me chatouille à nouveau et je m'empresse de répondre un grand non.
- J'aime mieux ça.
Mon cœur n'a toujours pas repris son rythme normal et mes muscles abdominaux me font mal.
- T'es trop belle.
Je tourne la tête vers lui et nos regards se croisent.
- Tu es magnifique, répète-t-il.
- Merci. T'es pas mal non plus, dis-je avec un demi sourire.
Il se rapproche et pose sa main sur ma nuque. Il me regarde dans les yeux avant de poser délicatement ses lèvres sur les miennes. Elles sont douces. Je réponds à son baiser, nos lèvres ne faisant plus qu'un. Nos langues se mêlent passionnément, nos souffles fusionnent. Ce n'est qu'à ce moment que je réalise à quel point cela m'avait manqué de l'embrasser.
Ismaïla se fait plus insistant, plus demandant. Je réponds avec la même intensité. Il passe la main sous mon haut et je frissonne au contact de ses doigts froids.
Il me mordille la lèvre inférieure en me collant davantage à lui. Un léger gémissement s'échappe de ma bouche. Tous ces mois d'abstinence, toutes ces envies qui les ont accompagnées me frappent de plein fouet.
Mon top est déboutonné sans que je m'en rende compte.
Il quitte mes lèvres pour mon cou, me faisant des suçons. Puis m'embrasse le téton à travers la dentelle de mon soutien-gorge. Ce qui m'excite terriblement. Il écarte ensuite le tissu sur l'autre sein et aspire le téton dans sa bouche. Mon corps réagit frénétiquement à toutes ses caresses.
Il m'embrasse à nouveau, me faisant perdre contact avec la réalité. Sa main se porte à ma braguette. Il ouvre le bouton et fait descendre la fermerture. Sa main se promène sur mon ventre. Je ne peux m'empêcher de penser à cette graisse en trop.
Dès qu'il touche à ma cicatrice, je suis comme sonnée. Je m'arrache à son baiser et me rassois en serrant les pants de mon haut.
- Je... Je ne peux pas.
Il se rassoit à son tour.
- Je ne suis pas prête. Désolée.
- C'est rien. Viens là.
Il me serre contre lui pendant que je calme mon cœur affolé. Beaucoup trop de pensées se sont immiscées dans mon esprit en même temps. Entre mon corps qui a changé et toutes les choses qui se sont passées depuis la dernière fois qu'on a fait l'amour. Ça fait beaucoup. La cicatrice m'a douloureusement rappelé le bébé. Je me suis sentie coupable... Coupable de vivre, de faire tout ça alors qu'il n'est plus là. Comme si je l'oubliais. C'est insensé, je sais.
Penser au bébé, c'est penser à tout le mal qu'Ismaïla m'a fait. Oh j'ai terriblement envie de lui. Et cela m'enrage davantage. Je suis extrêmement confuse.
Pendant ce temps, il me caresse le dos. Nos cœurs battent à l'unisson.
- Ça va ?
- Oui.
- Tu veux en parler ? Demande-t-il en s'écartant pour me regarder.
- Non.
- Ok. Je vais me changer.
- Humhum.
Punaise. Tellement de sentiments contradictoires en ce moment. Je ne sais pas quoi faire de ma personne. Dois-je m'abandonner ? Après tout, le but de cet essai c'est de tout faire pour que ça marche. Mais n'est-ce pas trop facile de céder en moins de dix jours seulement. Après tout ce qui s'est passé ?
Nous n'avons jamais parlé de ce qui s'est passé entre lui et Astou. Est-ce que c'est allé plus loin que des baisers ? Rien que de repenser à cette scène j'ai envie de gerber. Vais-je supporter qu'il touche cette cicatrice sans le tenir pour responsable de cette tragédie. Est-ce qu'il aura toujours envie de moi quand il verra mon corps en entier, les vergetures, le ventre.
Sans parler de la contraception. Je ne suis sous aucune méthode de contraception et je ne peux pas me permettre de prendre une grossesse.
Beaucoup trop de questions, trop peu de réponses.
Lorsqu'Ismaïla sort de la salle de bain, je l'y remplace, la tête en ébullition. Je me douche à nouveau pour me débarrasser de cette couche salée sur ma peau, me brosse les dents et enfile un pyjama sage. Je rejoins Ismaïla sur le lit en éteignant les lumières au passage.
Il m'enlace lorsque je m'allonge et niche sa tête au creux de mon cou. Il s'endort très vite tandis que je tarde à trouver le sommeil, taraudée de questions.
Le lendemain matin, on descend petit-déjeuner vers 11h. On quitte l'hôtel une heure plus tard. Mais au lieu de rentrer, on fait d'abord un tour au désert de Lompoul. Le shooting de vendredi m'est monté à la tête alors je joue au mannequin à nouveau devant l'appareil de mon mari. Oui, on est revenu à «mon mari».
J'en ai découvert des choses en 24h. Le week-end a été enrichissant.
Certes, on est plus crispés aujourd'hui par rapport à hier. Du moins, je le suis. Mais dans l'ensemble ça a été positif. Je sais qu'on peut s'amuser ensemble. Je connais également nos limites. Ça ne peut que nous aider.
Nous arrivons à la maison vers 19h, fatigués. Mon beau-père m'appelle en fin de soirée pour voir comment je vais et comment évoluent les choses. Je le rassure. Cet homme est un ange. Je ne le vois plus comme mon beau-père mais plutôt comme mon père.
J'en profite pour répondre à mes messages et j'en perds la notion du temps. Je n'ai pas pensé à mon téléphone pendant deux journées. Et à peine suis-je de retour que je me retrouve à nouveau aspirée dans cette spirale infernale. Entre Nafi qui a ENFIN rencontré un homme qui lui plaît; Laetitia confuse entre sa décision de ne plus sortir avec un homme de religion différente mais attirée par Bachir; Fabi qui craque sous la pression d'une demande en mariage; j'en oublie presque mes propres problèmes.
- Aysha !
- Hein ?
- Je te parle.
- Excuse-moi. Tu disais ?
- Tu veux manger quelque chose ? Moi perso je suis full.
- Moi aussi hein. J'ai juste envie d'un verre de lait.
Nous avons déjeuné en rentrant et il se faisait assez tard alors nous n'avons pas eu le temps de digérer.
- Ok. Tu viens jouer à la play avec moi ?
Il m'a appris les bases mais à chaque fois, il me bat à plate couture.
- Non merci.
- Alleeeez.
- Je ne suis pas d'humeur à perdre aujourd'hui.
- Je vais te laisser de la marge promis.
- Joue avec tes potes rk c'est mieux.
- T'es pas fun quoiiiii.
- Bilay ndok. (C'est pas grave)
- Tu viens me tenir compagnie au moins ?
- Si tu veux oui.
Mon téléphone sonne à cet instant et le nom de Zac s'affiche. L'expression d'Ismaïla change aussitôt. J'hésite à décrocher. On a passé un bon week-end. Je n'ai pas envie de le gâcher pour si peu.
- Tu ne réponds pas ?
- Je le rappellerai plus tard.
- Ne te gêne pas pour moi. Je m'en vais façon.
- Ismaïla...
Il sort sans me répondre. Je me lève en soupirant et le rejoint au salon. Il joue furieusement sans m'accorder un regard.
- Tu boudes ?
Silence.
- Smaïl ?
- Va parler à ton «ami». Puisque vous avez des choses à vous dire que je ne peux pas entendre.
- Ce n'est pas ça du tout. Je voulais juste éviter qu'on se prenne la tête à cause de son appel. Et c'est exactement ce qui se passe en ce moment. Je ne voulais pas gâcher notre soirée.
Il m'ignore et continue à tapoter sa manette.
- Ok.
Je me lève et retourne dans ma chambre en pestant. S'il veut persister dans sa bêtise, grand bien lui fasse. C'est lui qui a des choses à se faire pardonner. Je ne vais pas accepter que la situation se retourne contre moi. Ah ça non !

FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant