Chapitre 28

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Désolée d'être restée aussi longtemps sans poster, j'avais besoin de temps pour souffler un peu. Nous sommes de plus en plus nombreux, bienvenus aux nouveaux et merci de me lire ♥️♥️

SVP prenez toutes vos précautions et protégez-vous. Ne sortez que si c'est nécessaire.
Qu'Allah veille sur nous

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Chapitre 28

Aysha***

Il y a trop d'émotions condensées en moi en même temps. Je n'arrive pas à croire que j'ai dit ce que j'ai dit. Ni que je vais faire ce que j'ai dit que je vais faire.
Jamais je n'aurais pensé qu'un jour pareil se présenterait. J'ai à eu tellement de raisons et d'occasions de me séparer de mon mari sans y donner suite.
Comment Astou a réussi à me faire prononcer ces mots me dépasse. Cette femme, qu'a-t-elle à la place du cœur ? Certainement pas du sang et de l'eau comme le commun des mortels.
Et moi, comment puis-je être aussi faible ? Quoique faible n'est pas le mot que j'emploierais. Car oui, il faut une sacrée dose de courage pour faire ce que je fais.
Par amour, je sacrifie mon bonheur, mon avenir. Par amour, je choisis l'autre plutôt que moi.
J'ai beau être distraite par mes pensées désagréables, je remarque quand même qu'il prend un chemin différent de celui qui mène chez mes parents. Une quinzaine de minutes plus tard, il se gare devant une grande maison sur des tons orangés. Il éteint le contact sans bouger ni prononcer mot. Je le regarde sans comprendre mais décide de le suivre dans son mutisme.
Quelques minutes plus tard, une voiture se gare juste derrière nous. Ismaïla me demande de descendre. Je m'exécute et reconnais aussitôt la voiture de mon beau-père derrière nous. Il descend en même temps que sa femme et tous deux se dirigent vers nous.
Je les salue d'une petite voix malgré mon incompréhension. Ils me répondent assez froidement puis saluent Ismaïla avant que ce dernier ne presse la sonnerie.
Une jeune fille nous ouvre, Ismaïla demande à voir tonton Sidy et elle nous fait entrer.
Je suis le petit comité toujours aussi perdue. Lorsque je suis face au tonton Sidy, les pièces du puzzle s'assemblent. Il ressemble beaucoup à Astou alors j'en déduis qu'il s'agit de son père.
Wepepepepeeee. Encore les problèmes. La folle va se faire plein d'idées et nous créer encore plus de difficultés.
Le tonton nous invite à prendre place avec un visage fermé. Les salutations à la sénégalaise sont anormalement écourtées. Ce qui témoigne du caractère sérieux de la situation.
- Sidy, excuse nous de débarquer à l'improviste et surtout à cette heure-ci. Mais cela ne pouvait pas attendre, précise papa Mamadou.
- Bismillah.
- Ismaïla m'a appelé il y a quelques minutes pour m'informer que sa femme Aysha ici présente venait de lui demander le divorce. Et cela parce que Astou, ta fille, les fait chanter.
Il se redresse, devenant droit comme un i.
- Pardon ?
- Imagine ma surprise à moi. Astou, cette petite que j'ai presque élevée, en bourreau. Mais hélas. Figure-toi qu'avec la complicité d'une jeune fille, elle compte accuser Ismaïla de viol si jamais Aysha et Ismaïla ne se séparent pas.
- Astou ! ASTOU ! MIMI ! MIMI !
On les entend répondre au loin puis se présenter quelques secondes plus tard. D'abord Astou. Nos regards se croisent. De là où je suis je peux voir la surprise puis les révolvers dans ses yeux. Ensuite, sa mère, brièvement choquée puis parée à se battre.
Je n'ai absolument aucune envie de me trouver ici, alors je garde les yeux sur mes doigts en priant pour en finir au plus vite.
- Ne restez pas là bas, venez vous assoir, dit le père d'une voix dure.
J'ai même envie de l'appeler monsieur tellement il est intimidant.
- Astou, tu m'expliques ?
Elle ne répond pas.
- Je pensais qu'on en avait fini avec cette histoire. Et là j'entends que tu t'es instaurée maître-chanteuse ? Explique-moi ce qui s'est passé depuis notre conversation ?
Le silence est lourd.
- C'est à toi que je m'adresse Astou et j'aimerais s'il te plaît une réponse.
Je lève les yeux. Entre le regard meurtrier de tata Mimi, le bloc d'acier de son mari, la colère évidente d'Astou, c'est tout un festival de sentiments.
- Comme tu ne veux pas me répondre, à ta guise. Jeune fille, j'aimerais entendre ta version des choses.
Qui ça jeune fille ? Ah non non non. Je n'ai pas demandé la parole. Je n'ai même pas demandé à venir pardon.
- Aysha, c'est ça ?
Je fais oui de la tête.
- C'est vrai ce que Mamadou me dit ?
Je remue la tête à nouveau.
- Tu sais parler, n'est-ce pas ?
J'ai bien envie d'acquiescer à nouveau mais je me retiens de peur qu'on me punisse.
- Aysha, explique lui, et à nous aussi par la même occasion, encourage mon beau-père. Car moi non plus je n'ai pas trop compris comment ni pourquoi tu as subitement décidé de demander le divorce.
Je regarde Ismaïla qui me fixe sans ciller. Et pas de manière amicale. Je déballe tout d'une traite.
- Ismaïla est rentré hier en me disant qu'Astou le faisait chanter. Soit il me quitte, soit elle dépose une plainte pour viol. Elle a comploté avec une de ses patientes pour qu'elle dise qu'elle a été victime d'agression sexuelle de la part d'Ismaïla. Il l'a envoyé balader. Je ne voulais pas que sa carrière soit ruinée à cause de moi alors j'ai contacté Astou pour essayer de la raisonner. Elle m'a demandé de le quitter si je voulais qu'elle laisse tomber l'affaire. Si c'est le prix à payer, tant pis. Mais je ne vais pas être la raison de la déchéance de mon mari.
Clair, concis.
Je crois qu'ils s'attendaient à un long monologue car quand je termine, tout le monde reste suspendu à mes lèvres. Dans l'attente d'une suite, il me semble.
Tonton Sidy observe sa fille longuement avant de s'exprimer à nouveau.
- Je suis très déçu de toi Astou. Je pensais t'avoir élevé mieux que ça. Quoi que tu puisses ressentir pour Ismaïla sache que ce n'est pas de l'amour. L'amour ne rend pas aigri ou méchant. Il n'incite pas à la violence ou aux chantages. Tu vois ces deux là ? Sans se consulter, ils ont décidé de se sacrifier l'un pour l'autre. Ils se sont choisis l'un l'autre et ont choisi le bonheur de l'autre avant le sien. C'est ça aimer une personne. C'est vouloir qu'elle soit heureuse, saine et sauve. Je ne sais pas de quelle autre preuve tu as besoin pour réaliser qu'ils sont faits pour être ensemble. Et que ton bonheur n'est pas avec cet homme. Je peux comprendre que tu l'aimes, que tu veuilles être avec lui. Je peux le comprendre. Mais ta méchanceté, non je n'arrive pas à comprendre. Parce que c'est ce que c'est, de la méchanceté. Pour avoir vécu plus longtemps, je pense pouvoir te dire que peu importe la peine que tu ressens, elle finira par s'estomper. Tu vas même te sentir ridicule d'avoir un jour été aussi bas.
Je ne peux qu'être d'accord avec lui. Après l'accident, je ne croyais pas retrouver le sourire un jour. Et pourtant, me voilà.
- Maintenant, on ne peut pas te forcer à quoi que ce soit. De toute façon, tu ne nous écoutes pas. Si en toute conscience tu es prête à détruire la vie d'un être humain parce qu'il ne veut pas de toi, Astou ya ngok, aduna ngi nonou (Fais ce que bon te semble). N'oublie pas que quiconque fait un bien fût-ce du poids d'un atome, le verra ; et quiconque fait un mal fût-ce du poids d'un atome, le verra. Que diras-tu à ton Seigneur quand Il te demandera pourquoi tu as séparé ce qu'Il a uni ? À un moment, il faudra accepter que Ismaïla Hanne n'est pas ta destinée. N'es-tu plus croyante Astou ? Que fais-tu d'Allah ? Je...
Sa voix s'est nouée au fur et à mesure.
- Mamadou, je te demande pardon pour toute cette histoire. Crois bien que si cela ne dépendait que de moi, jamais cette assemblée n'aurait eu lieu. Mais comme tu peux le constater, elle ne m'écoute pas. Car nous avons déjà eue cette conversation. Ce n'est pas une petite fille, je ne peux ni la frapper, ni la punir. En ce qui me concerne, vous avez mon soutien. Et si jamais vous avez besoin, mon aide vous sera apportée avec tous les moyens à ma disposition. Je témoignerais s'il le faut à la barre. J'ai honte, vraiment. Toutes mes excuses. À vous tous.
- Mais non. Ce n'est pas de ta faute. D'ailleurs, nous ne sommes pas là pour accuser ou pointer du doigt. Tout ce qu'on veut c'est discuter et ramener Astou à la raison. Astou, ne serait-ce que pour ton père, je pense que tu devrais laisser tomber cette histoire. Je pense que jamais tu n'aurais voulu entendre ton père dire qu'il a honte et ce à cause de toi. Aysha et Ismaïla leur union c'est une volonté divine. Il n'y a rien qui se passe sans qu'Allah SWT ne l'autorise. Il faut que tu aies foi en lui. Que tu comprennes qu'Il te réserve autre chose. Je suis très surpris de tout ce que j'ai entendu aujourd'hui. Pour moi, tu es toujours cette petite fille qui se roulait en boule sur mon canapé. Tu es comme une fille pour moi. Au même titre qu'Aysha. Je veux ce qu'il y a de mieux pour toi. Et pour elle. De toute évidence, ta relation avec Ismaïla t'est toxique. Car elle te transforme en une personne qu'aucun de nous de reconnaît. Je suis sûre que toi-même tu n'aimes pas cette personne que tu vois dans le miroir. L'aigreur soit tu la combats, soit elle te ronge. Et nous ne voulons en aucun cas assister à cela. Ce que je veux, moi, ainsi que tes parents, c'est que tu trouves chaussure à ton pied, que tu fondes une famille. Que tu viennes rendre visite à nos vieux os avec tes ouailles. Mais pas ça. Absolument pas ça.
Cette fois, Astou si son corps ne court pas (si elle n'est pas émue) c'est qu'elle est foncièrement mauvaise.
Le silence s'installe à nouveau. Un long silence.
Je ne peux m'empêcher de remarquer que ni ma belle-mère ni la mère de Astou n'ont pipé mot.
Le calme s'éternisant, mon beau-père finit par décréter qu'on allait rentrer. Je crois qu'on attendait tous une réaction d'Astou. Des cris ou, mieux, un repentir. Mais rien. Elle est restée aussi silencieuse qu'un mort dans sa tombe.
Je lève la tête et regarde Astou. Elle est stoïque. Que ne donnerais-je pas pour savoir ce qui se passe dans sa tête en ce moment. Le suspense est intenable.
Je la supplie du regard. Elle ne me voit pas. Je concentre toute mon énergie vers elle. Il n'y a pas moyen qu'elle ne sente pas toutes ces ondes supplicatrices de moi à elle.
L'espace d'un instant, une émotion se dessine sur son visage. De la douleur, des regrets peut-être. Elle disparaît malheureusement avant que je n'ai pu formellement l'identifier.
Quand mon beau-père se lève, imité par ma belle-mère. Je m'attarde quelques dixièmes de secondes, espérant accrocher son regard. Qu'elle prenne pitié de moi, de nous. Mais rien. Elle reste impassible.
Au fond de moi, j'ai peur que cela soit notre dernière chance de retrouver une vie normale. Son silence ne veut dire qu'une chose. Je suis presque certaine qu'elle concocte déjà sa prochaine attaque.
On s'en va, déçus. Moi, en particulier. Et encore, c'est un euphémisme. C'est vrai, j'avais décidé de me séparer d'Ismaïla. Seulement, en entrant dans cette maison, l'espoir est né malgré moi. Le problème avec l'espoir c'est qu'il est frêle mais difficile à annihiler. Pendant tout la discussion, il s'est entretenu, grandissant même. Pour qu'au final...
Alors c'est tout ? On a fait tout ce chemin, tous cette plaidoirie pour ça ? Un silence incertain ?
J'ai beau vouloir garder espoir mais cette aphasie en dit long sur ses intentions. Comment peut-on être aussi épouvantable ? Comment ?
Avant de remonter en voiture, nous avons droit à dix minutes de speech. Des remontrances surtout, à mon encontre. Des mots qui entrent par une oreille et sortent par une autre.
Tout ce mystère de la part d'Astou ne présage rien de bon. Jusqu'où ira-t-elle cette fois ?
Oui, j'ai peur. Parce que je n'ai pas les armes pour combattre cette femme. Elle est amorale et crapuleuse, ce qui n'est pas mon cas.
Je pourrais très bien la rejoindre sur ce terrain. Et même la battre à son propre jeu. Mais à quelle fin ? Cela ne se terminerait jamais. Chacune irait plus loin à chaque bataille. En plus, je ne peux pas vivre avec ce genre de remords. Je ne suis pas mauvaise.
Un poids pèse sur ma poitrine, plus lourd que jamais. Comment abandonner cet homme maintenant que j'ai découvert ce que cela fait de le retrouver. Comment vivre sans lui ?
Je suis sûrement bête de laisser tomber aussi facilement. Mais j'ai vu trop de gens être détruits à cause de l'envie d'une autre femme pour prendre ce risque.
Le propre frère de ma mère s'est retrouvé tétraplégique du jour au lendemain sans raison médicale apparente. Et cela dure depuis dix ans. On ne le dit pas tout haut, mais tout le monde soupçonne une femme d'être à l'origine de ce mal soudain.
Une voisine dans un ménage polygame a perdu la tête subitement. Une femme si brillante, brisée, errant dans les rues à moitié nue.
Non, ça n'en vaut pas la peine. Pas à ce prix. Oui YAllah diexoul, mais aka meun setane. ( C'est vrai Dieu est là, mais il n'y a pas plus grand spectateur que lui)
Ni Ismaïla ni moi n'avons prononcé mot. Ni durant le trajet, ni à la maison.
Je me couche le cœur lourd, me demandant what now. Il me faut une éternité pour m'endormir.
J'ai l'impression d'avoir à peine trouvé le sommeil qu'Ismaïla me réveille. Au début, je crois rêver. En réalisant qu'il est assis, lampe allumée, téléphone en main, je me lève en sursaut pensant qu'il est arrivé malheur. Il répond à mon air effroyé.
- Ne t'inquiètes pas. Je veux juste qu'on parle.
Je regarde l'horloge qui indique 2h du matin et me retiens de l'assommer.
- Tu es sérieuse à propos de cette histoire de séparation ?
- Ismaïla, toi aussi. T'as vu l'heure ?
- Réponds juste à ma question.
- Oui.
- Mais pourquoi ?
- Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que ta psychopathe d'ex petite copine nous pourrit la vie.
- Je ne te comprends pas. Tu es restée quand je ne voulais pas de toi. Tu es restée quand je te maltraitais. Tu es restée quand c'était dur. Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi !
- Tu l'as vue ce soir ? C'est un animal blessé. Qui attend juste de lécher ses plaies pour se remettre sur le ring. T'as vu les extrêmes dans lesquelles elle est prête à aller pour nous séparer ? Elle ne va pas nous laisse en paix. Cette fois c'est la prison.Qu'est-ce que ce sera la prochaine fois ? Tu n'as pas peur toi ? Parce que moi si.
- J'ai plus peur de te perdre que de vivre sous la menace de n'importe qui.
- Mais Ism...
Je m'arrête et prend une profonde inspiration.
- Je ne veux pas qu'elle détruise nos vies. Ou qu'elle nous maraboute. Que je doive assister à tes funérailles ou toi aux miennes. Que je te regarde perdre la tête ou le contraire. Ou qu'on commence à se détester sans raison. Je veux qu'on soit heureux. Même si c'est loin l'un de l'autre.
- Tu penses pouvoir être heureuse loin de moi ? Parce moi je ne pourrais pas. Tu n'as pas le droit de choisir pour nous. Nous sommes deux dans cette histoire. Et ce que je veux, moi, c'est être avec toi. Au diable Astou et ses plans. On est au dessus de ça. Aies foi en nous.
- Ne rends pas les choses plus compliquées.
- Ah parce que c'est moi qui les rends compliquées ? Tu décides de notre divorce sans me consulter. Et c'est moi qui complique les choses ? Sincèrement Aysha, je commence à croire que tu cherches juste une raison de sortir de ce mariage.
Il est bête ou il prend des cours ?
- Regarde moi dans les yeux et dis moi que ça n'a rien à voir avec ton chanteur.
J'ouvre la bouche sans qu'un son puisse en sortir de choc. Zac ? ZAC ?
- Ok, je ne vais même pas répondre à ça.
- C'est parce que t'as rien à dire. Tu insistes sur cette bêtise parce que tu veux juste pouvoir rejoindre ton petit con.
- Ne m'insulte pas s'il te plaît. À aucun moment je n'ai pensé à Zac. À absolument aucun moment. Je n'essaie pas de trouver un subterfuge comme tu l'insinues. Si je voulais être avec lui, je n'en aurais pas eu besoin. Car tu m'as donné suffisamment de raisons de te quitter pour un autre homme. Et pourtant, je suis toujours là. Pire, je sacrifie mon bonheur pour que tu ailles bien. Alors non, tu n'as pas le droit de me tenir ce discours.
Il se lève et me toise, énervé.
- Sauf que personne ne te demande de sacrifier quoi que ce soit ! Je ne te comprends pas. Pourquoi abandonner pour si peu ? Astou ne peux rien contre nous. Rien du tout. Alors c'est quoi le problème ?!
- Je préfère ne pas prendre le risque de découvrir de quoi elle est capable.
- Putain mais tu m'exaspères avec ton refrain à deux balles. C'est ma vie aussi. Et tu n'as pas le droit de décider ce qui est mieux pour moi. Tu es devin maintenant ? Astou t'a dit de sa bouche qu'elle allait nous marabouter ou je ne sais quoi ? Arrête d'être aussi bornée dans ta bêtise. Merde à la fin !
Il sort en claquant la porte.
Je soupire de tristesse et d'agacement. Je en m'attendais pas à ce qu'il comprenne. Enfin si, un peu.
Je suppose que le moment est mal choisi pour lui proposer de prétendre nous séparer pendant quelques temps au moins. Quoique maintenant que j'y pense, c'est l'idée la plus absurde que j'ai eue jusqu'ici. D'où Allah va légaliser notre union et on va se cacher d'une personne ?
Je m'allonge à nouveau sans trouver le sommeil jusqu'à l'aube. Je prie toute seule avant de me recoucher. Je m'endors après 7h du matin sans voir l'ombre de mon mari.
En me réveillant un peu plus tard, je sais qu'il est parti au boulot car ses affaires ne sont plus là.
J'ai à peine posé le pied à terre que ma mère m'appelle. De par ses cris, j'en déduis qu'Ismaïla l'a appelée. Je suis convoquée de suite à la maison. Sans surprise.
Je prends tout mon temps pour m'y rendre. Ne pouvant avaler quoi que ce soit, je sors le ventre vide. En fait, tout mon corps refuse cette décision. Mais que faire ?
Je sors et préviens Ismaïla par message que je me rends chez mes parents. Il ne répond pas.
À la maison, je ne trouve que mes parents. Fabi et Mansour sont en cours et Satou est sortie. Je me demande où elle peut bien être à cette heure. Mais déjà que maman me répond par monosyllabes.
- Wa Aysha lan mo la dal ? Qu'est-ce qui t'arrive bon sang ? As-tu perdu la tête ?
- Je savais que tu ne comprendrais pas Ma.
- Donc tu devrais aussi savoir que tu es à la limite de l'insanité ?
- Que veux-tu que je fasse ? Cette femme plane au dessus de nos têtes comme un nuage sombre. Ça ne va pas s'arrêter. Elle va finir par nous tuer.
- Je veux que tu te ressaisisses et que tu gères ton ménage. Demander le divorce sur la base de suppositions. Car c'est ce que c'est, des suppositions rien d'autre. Tu ne sais pas ce qu'elle fera ou ne va pas faire. À moins que Dieu t'ait appointée comme bras droit entre temps. Eh xolal bul meu fonto anh ! Togal nga sey sa sey bi la wax. (Ne te fiche pas de moi, gères ton ménage)
- Ismaïla t'a dit qu'elle prévoyait de l'envoyer en prison pour viol ? Une femme qui est capable de payer une personne pour accuser quelqu'un de viol est capable de te détruire mystiquement ou pire de te tuer de sang froid.
- « Rien ne nous atteindra, en dehors de ce qu'Allah a prescrit pour nous. Il est notre Protecteur. C'est en Allah que les croyants doivent mettre leur confiance.» Sourate At-Tawba, verset 51. Tu l'as dit toi même, elle a tenté. Allah a anéanti ses plans. Rien n'arrive sans qu'Il ne l'autorise. S'Il a décidé que tu mourras de la main d'Astou, tu n'y peux rien. Tout comme tu ne peux pas empêcher cette fille de mettre en œuvre des plans démoniaques. Ce dont tu ne peux pas et ne dois pas te départir c'est ta foi.
Je me tais, honteuse. Elle marque un point là. Mes actions traduisent un manque de foi.
- Man nak wax na la lii ma xam. Waay comme legui sa magoum bopp ngeu ! Defal lu la nekh . Am sa ndey meussoul fey, meussoul khadi. Dougagolen si sey sakh nan dangen di tass. Tchim. (Je t'ai donné mon point de vue. Maintenant, tu fais ce que tu veux puisque tu as décidé que tu es une grande fille. Moi, ta mère je n'ai jamais quitté le domicile conjugal, ni abandonné peu importe les difficultés. À peine rentrée dans le mariage que ça veut déjà divorcer. Pfff)
Elle se lève et me laisse seule sur la natte.

FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant