Vum Malduhr

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–Allez, on avance plus vite ! Hurla Torestrin à l'avant. Ce n'est pas à cette allure là que nous allons arriver à temps !

Durlan n'en pouvait plus. Depuis qu'ils avaient passé la frontière des Terres d'Opales pour passer sur les Terres des nains, Torestrin n'avait de cesse d'accélérer la cadence. Il en avait même laissé tomber sa pipe. Ils marchaient depuis des jours dans les Montagnes de Drumhill, ralentis par les nombreuses tempêtes de neige. Mais tout ceci ne semblait pas déranger le nain qui, heureux de retrouver sa terre natale, semblait être animé par la fierté et ne pas se soucier du temps exécrable.

–Comment est-ce qu'il fait pour marcher aussi vite avec des aussi petites jambes ? Demanda Azlore, essoufflé.

–Je n'en sais rien mais s'il continue comme ça je vais les lui raccourcir encore plus ! S'exclama Murzol en prenant appui sur la roche de la montagne.

Agrippé à la pierre, Durlan tâchait de ne pas regarder de l'autre côté, son regard ne serait accueilli que par le vide, et il serait bien capable de perdre l'équilibre. Sa seule chance de survie s'il venait à tomber serait de se faire rattraper par Olvaar avant de heurter le sol qu'il ne voyait même pas à cette hauteur-là, mais avec les nuages aussi bas et la neige, voilà des jours qu'ils n'avaient pas vu le dragon.

–Foutus nains, grommela l'orque, qu'elle idée de faire des chemins aussi étroits ?

–C'est surtout que nous aurions pu passer par un chemin plus facile d'accès, ajouta Durlan.

En effet, Torestrin, voulant gagner du temps, s'était vanté de connaître une route peu empruntée mais qui leur permettrait d'arriver plus rapidement. Comme personne à part lui ne connaissait réellement les Terres des nains, le petit groupe l'avait suivi, non sans regretter en voyant cette fameuse route.

–Maudit soit-il.

Plus loin devant eux, Torestrin n'éprouvait aucun mal à passer sur ce sentier étroit et sinueux et marchait à une allure beaucoup trop soutenue pour le reste du groupe. Le pied d'un des gardes glissa sur la neige et un autre l'aida de justesse avec un peu de magie.

–Torestrin ! Est-ce que c'est bientôt terminé cet enfer ? S'égosilla Murzol.

–Nous avons presque traversé les montagnes de Drumhill, répondit le nain, mais Vum Malduhr se trouve sous les Monts d'Eatobel, alors dépêchez-vous !

Durlan soupira longuement. Non, cet enfer n'était pas près de se terminer. Il en venait même à regretter les montagnes des Terres d'Opales qui avaient été beaucoup plus clémentes avec eux. Malgré les vêtements chauds que leur avait fourni le roi Jungdu, Durlan avait froid. Ses mains et ses pieds étaient gelés, tout comme son nez qui gouttait, ses oreilles te à peu près toutes les extrémités de son corps. Il n'était définitivement pas fait pour le froid, et avait même peur de perdre un doigt, voire de tomber et s'écraser en bas. Il se mit alors à prier les Dieux pour qu'il ne lui arrive rien de tel.

Après des jours de marche intense dans les montagnes, puisqu'ils avaient dû abandonner leurs montures, ils retrouvèrent enfin le bonheur des plaines. Durlan profita de pouvoir enfin poser la totalité de ses pieds sur une surface plane, sans craindre de tomber dans un ravin. Il s'arrêta quelques instants pour admirer la beauté du paysage qui s'offrait à lui. Les montagnes se découpaient au loin et plus loin encore, de glaciers. Il fut alors bousculé par Nyla qui passa à côté de lui, le sourire aux lèvres.

–Ne traîne pas trop bâtard ! S'exclama-t-elle en le devançant. On ne reviendra pas te chercher.

Il se dépêcha d'arriver à sa hauteur.

–Pas même toi ? Demanda-t-il d'un ton léger.

–Surtout pas moi, riait-elle.

Il leva les yeux au ciel. Il savait au fond de lui que c'était faux, ou du moins il l'espérait. Avec Nylathria, il était impossible de savoir ce qu'elle pensait réellement. C'est alors que Torestrin se mit à rire d'une manière qui ne lui ressemblait pas.

Le Bâtard de l'Aube [Wattys 2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant