Les marques noires

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« Un jour, je serais roi ! »

Berengar regarda autour de lui, vérifiant qu'ils étaient bien seuls, et courut s'asseoir sur le trône de son père. L'imposant siège était en or avec des coussins vert forêt. Le haut du dossier imitait un soleil levant et deux majestueux bois de cerf ornaient les côtés. Son cousin se redressa et regarda droit devant lui, comme le faisait son père.

« Je règnerais sur les Terres de l'Aube, continua-t-il, et je serais le plus grand roi que le royaume n'ait jamais connu.

–Et moi, je serais quoi ? Demanda Durlan.

–Mon sujet, répondit simplement le jeune prince. »

Il se recula jusqu'au fond du siège, si bien qu'il ne touchait plus le sol. Puis il posa sur son cousin un regard supérieur.

« Agenouille-toi devant ton roi, fit-il. »

Durlan le regarda un instant sans savoir s'il était sérieux ou non. Mais comme il ne cessait de le toiser, il s'exécuta en posant un genou sur la première marche, les yeux rivés vers le sol.

« Pourquoi te tiens-tu devant moi, fils de fermier ? »

Le jeune garçon grimaça. Il détestait lorsqu'il l'appelait ainsi. Son père n'était plus un fermier, le roi Hunter lui avait donné un titre de noblesse, mais Berengar ne cessait de le traiter ainsi. Il ne voyait pas son cousin comme un prince mais comme un bâtard avec seulement la moitié de sang royal.

« Je ne suis pas fils de fermier, murmura-t-il.

–Je te demande pardon ? Parle plus fort à ton souverain !

–Je ne suis pas fils de fermier ! cria-t-il. »

Sa voix résonna dans l'immense pièce et des échos lui répondirent. Il se releva vivement et planta son regard dans celui de son cousin, déterminé à ne pas se laisser insulter cette fois-ci. Berengar se mit lui aussi sur ses deux pieds sans le quitter des yeux. Il y lisait la colère qui l'animait mais il n'était pas encore roi, il pouvait lui dire ce qu'il voulait. Et il avait beau l'insulter des milliers de fois, ils possédaient le même titre.

« Ton père était un fermier alors tu es un fils de fermier, déclara le faux roi.

–Mon père n'est plus fermier depuis longtemps, rétorqua Durlan. Mon père est devenu un comte lorsque ton père lui a donné ce titre. Mon père est l'époux de la princesse royale et j'ai autant de sang royal que toi Berengar. Je pourrais très bien m'asseoir sur ce trône à ta place si je le voulais. »

Le prince héritier devint rouge écarlate et serra les poings.

« Tu ne peux pas devenir roi, tu es un bâtard, lança-t-il.

–Tu te mens à toi-même. Je suis un prince, tout comme toi, et j'ai des droits sur ce trône. Je n'aurais qu'à trouver une armée assez puissante pour te défaire et je prendrais ta couronne. C'est déjà arrivé dans l'Histoire, ça peut se reproduire.

–C'est FAUX ! Hurla Berengar. JE suis le seul vrai héritier du trône, j'ai été choisi par les Dieux pour porter la couronne, pas toi !

–Que se passe-t-il à la fin ? »

La reine Eartha entra en trombe dans la salle, ayant entendu les hurlements de son fils. Elle se dirigea précipitamment vers les deux garçons, relevant ses jupes pour arriver plus vite.

« C'est Durlan mère, gémit Berengar, il ne cesse de dire qu'il va me prendre mon trône. »

La reine monta les marches et vint prendre son fils dans les bras pour le consoler, posant un regard glacial vers son neveu.

Le Bâtard de l'Aube [Wattys 2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant