Un dernier choix

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Nylathria passait ses jours et ses nuits au chevet de Durlan à prendre soin de lui. À chaque fois qu'il se réveillait, elle lui donnait à boire et à manger, elle regardait ses blessures qui se refermaient tout doucement mais qui continuaient à le faire souffrir. Dans la bataille, les entailles dans son dos s'étaient rouvertes et l'empêchaient de faire le moindre mouvement. La fièvre le faisait halluciner et il arrivait régulièrement qu'il se réveille en hurlant, hanté par tous les fantômes de son passé. Nylathria s'était mis à prier la Mère pour qu'elle se montre miséricordieuse et qu'il puisse s'en sortir.

Les médecins avaient été clairs, si elle n'avait pas utilisé sa magie pour lui apporter quelques soins, il se serait vidé de son sang et il aurait été brûlé sur un bûcher comme tous les autres. Elle n'aurait pas supporté de le perdre, alors elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider à se rétablir.

La seule fois où elle s'est autorisée à partir de la chambre était pour se rendre aux funérailles. Un nombre incalculable de bûchers avaient été érigés, et Castien reposait sur le plus impressionnant. Le sage Lamruil avait prononcé le discours habituel pour demander à la Mère d'accueillir tous les elfes tombés au combat, un prête de la religion humaine était venu rendre hommage aux morts ainsi qu'un autre de la religion de nains et Murzol s'était exprimé pour les orques et les trolls.

Beaucoup des survivants avaient été blessés dans la bataille. Le prince Goranan de l'Ambre y avait perdu une main, Murzol un œil qui était caché sous un immense bandage, le roi Berengar avait été touché à l'épaule et s'était retrouvé avec un bras immobilisé et le roi Murdrek avait été brûlé tout le long de son bras droit.

Nylathria avait regardé les bûchers brûler et le feu emporter le corps de son cousin. Elle n'avait versé qu'une seule larme, les autres étant réservées à Durlan. Elle lui avait tout de même adressé un dernier adieu en déposant un baiser sur son front et en lui promettant de garder un œil sur Gaelira et leur enfant. Ils n'avaient jamais été proches, elle l'avait même détesté, mais il était sa dernière famille.

–Vôtre Altesse, l'avait intercepté Lamruil avant qu'elle ne rejoigne Durlan. Si jamais l'enfant à naître venait à être une fille, le trône vous reviendra.

Cela lui donnait une autre raison de prier. Elle n'avait jamais aspiré à devenir une impératrice, elle n'avait pas été élevée pour ce rôle, elle souhaitait alors ne jamais avoir à l'endosser.

Elle regardait Durlan dormir paisiblement, le visage détendu, une main dans la sienne. Elle posa sa seconde main sur son front. Sa fièvre avait baissé, ce qui lui rajouta du baume au cœur. Elle regarda l'Étoile du Jour au cou du jeune homme. La magie qu'il contenait permettait de repousser le temps, pas la mort. Alors si elle désirait le prendre avec elle, Nylathria ne pourrait rien faire.

–Vôtre Altesse ? Fit une femme dans son dos. Vous êtes demandée dans la salle du trône.

Nylathria se retourna et vit Avedelis avancer vers elle, flanquée d'Azlore. La druidesse posa une main sur son épaule et lui sourit tendrement.

–Azlore et moi allons veiller sur lui jusqu'à votre retour, lui dit-elle doucement.

Elle reporta son attention sur Durlan, lui pressa la main avant de se lever.

–Très bien, je reviendrais dès que je le pourrais.

–Tu devrais te reposer, lui conseilla Azlore, tu as une mine affreuse.

Le garçon réussit à lui arracher un sourire.

–Je me reposerais quand il sera rétabli.

Elle quitta la pièce à contre-cœur et se rendit directement dans la salle du trône. Les couloirs étaient beaucoup trop vides à son goût, les nobles de la Cour étaient partis dans leurs demeures en campagne pur s'éloigner de toute la tension qui régnait dans la capitale.

Le Bâtard de l'Aube [Wattys 2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant