Prologue

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Le soleil inonda la chambre, ses rayons se répercutant sur les chandeliers en cristal. Nylathria ouvrit les yeux, sortit immédiatement de son lit et se rua sur le balcon. Alors que la ville se réveillait doucement, le ciel perdait peu à peu ses teintes orangées, et aucun nuage ne venait obscurcir la lente montée du soleil. Cela promettait une belle journée.

Elle courut jusque vers sa large armoire en chêne blanc, l'ouvrit à la volée et trifouilla parmi les robes que dame sa mère lui imposait de porter lors de grands évènements et en sortit une chemise blanche, un corsage en cuir, un pantalon et des bottes. Elle les enfila rapidement puis releva ses longs cheveux blancs afin qu'ils ne la gênent pas. Elle n'avait vu aucun chevalier perdre un combat à cause de ses cheveux et elle ne voulait pas être la première, le jour où elle en serait un du moins. Puis elle se mit à quatre pattes par terre, retira le faux-sol de l'armoire et s'arrêta un instant pour regarder la magnifique épée en or blanc, l'or elfique. Elle l'avait volée à son père dans l'armurerie et avait été si discrète que personne ne savait encore qu'elle était la véritable voleuse. De toute façon, qu'est-ce qu'elle risquait ? Une punition ? Elle se débrouillerait pour en échapper, comme toujours.

Mais aujourd'hui n'était pas le jour où elle allait se battre avec cette épée. Lorsque je serai chevalier, se dit-elle, j'arriverai au combat sur le dos d'Olvaar avec mon armure en or blanc et Père sera fier de moi. Elle porta alors son dévolu sur la vieille épée d'entraînement qu'elle avait également volée à l'armurerie du poste des sentinelles, mais ça, son père le savait. Elle boucla sa ceinture et se dépêcha de sortir tant que seuls les domestiques étaient debout. Elle se faufila dans les couloirs et traversa le château sans se faire remarquer, telle une souris dans l'obscurité, comme chaque jour. Elle avait appris les moindres cachettes où elle pouvait se mettre si l'un de ses frères se révélait matinal. Elle était sûre de ne pas croiser son père qui, à cette heure-ci, était dans son bureau à régler les petits problèmes du peuple. Quant à sa mère... Mère dort à cette heure-là.

Elle arriva dans la salle du trône et admira quelques instants l'imposant siège en ivoire décoré des armoiries de la famille Balsandoral sur le dossier. Parfois, il arrivait que son père la prenne sur ses genoux lorsqu'il était assis dessus et elle restait avec lui à écouter les plaintes de telle ou telle personne. Elle narguait ses frères aussi, se sentant alors plus grande, mais ils ne lui disaient jamais rien parce qu'elle était la petite princesse de leur père. De toute façon, Lorsan deviendra empereur après Père, il aura tout le temps de s'asseoir sur ce siège, et Belanor se fiche de tout.

Elle sortit de sa rêverie et se dirigea vers la grande porte, passant sous le toit en cristal sur lequel les rayons du soleil s'abattaient, reflétant sur le sol en marbre une myriade de couleurs. Sur les hauts murs blancs, les statues des vieux empereurs des temps anciens la fixaient, l'épée entre les deux yeux. Tous étaient de puissants Guerriers du dragon, et ses ancêtres. Un jour, je serais comme eux.

« Nylathria, puis-je savoir où tu vas ? »

La jeune princesse s'arrêta sur le champ, immobilisée par la voix de dame sa mère. Elle était censée dormir ! S'était-elle trompée d'heure ? S'était-elle réveillée trop tard ? Pourtant, le soleil était aussi bas dans le ciel que la veille.

« Bonjour Mère ! S'exclama-t-elle en se retournant. Avez-vous passé une bonne nuit ? »

L'impératrice Alyndra était plus belle chaque jour. Ses longs cheveux blancs retombaient en cascade sur ses épaules et le long de son dos, ses oreilles pointues étaient toujours décorées de fins bijoux et sa tête d'un diadème délicat. Ce jour-là, elle portait une robe blanche si légère que lorsqu'elle marchait, la jeune fille avait l'impression de la voir flotter au-dessus du sol. La robe retombait finement sur ses épaules, dévoilant les marques noires de ses bras et son cou, significatives des elfes. Souvent Nylathria se disait que si elle n'avait pas aspiré à être un chevalier, elle aurait voulu être exactement comme sa mère, belle comme le jour, gracieuse, douce et ferme à la fois.

Le Bâtard de l'Aube [Wattys 2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant