Chapitre 2 : Et ainsi surgit le loup

362 28 36
                                    

Lorsque Rey ouvrit les yeux, elle se sentit presque aussi épuisée que lorsqu'elle s'était endormie. La raison était simple : elle avait passé la nuit à même le sol. La jeune femme prit le temps de s'étirer, dénouant un à un ses muscles endoloris, puis porta enfin son attention sur le chien qu'elle avait sauvé la nuit dernière d'une mort presque certaine.

Mais l'animal avait disparu.

A l'endroit même où la bête poilue s'était endormit la veille, se trouvait désormais...

Un homme.

Nu comme un vers, le bas du torse seulement dissimulé par la vieille couverture qu'elle avait déposé la veille sur le chien.

Rey poussa le plus long cri de sa vie et sauta sur ses pieds, saisissant le premier objet pouvant lui servir d'arme afin de se défendre de l'intru ; soit la bouteille de whisky vide qu'elle avait utilisé hier pour désinfecter la plaie du chien.

Au son de sa voix, l'inconnu se réveilla en sursaut. En moins d'une fraction de seconde il était debout, les mains en l'air. La couverture glissa jusqu'à ses chevilles et Rey, les yeux écarquillés, détourna le regard aussi rouge d'une tomate.

Elle prit une grande inspiration, gonflant ses poumons d'air.

-         Je ne sais pas qui vous êtes, je ne sais pas ce que vous voulez, mais je vous demande simplement de prendre cette fichue couverture, de vous couvrir et de quitter mon domicile.

Rey, la bouteille toujours pointé en direction de l'inconnu, lui jeta un bref regard pour voir s'il l'avait comprise et s'il comptait partir. Mais il ne daigna même pas bouger un orteil.

-         S'il vous plait, bredouilla-t-elle en sentant une légère panique l'envahir. Je n'ai même pas 50 dollars sur mon compte bancaire, alors si... si vous voulez me dépouiller vous avez choisi la mauvaise personne.

Face à son absence de réaction et préférant se convaincre que l'homme était inoffensif, elle ferma les yeux et s'empara de la couverture afin qu'il se couvre un minimum. L'inconnu attrapa le bout de tissu et l'enroula autours de sa taille avec une lenteur exaspérante. Rey l'observa faire, les sourcils froncés. Lorsqu'enfin il eut terminé de cacher ses parties intimes, il se mit à contempler ses propres mains, palpa son torse, ses joues, ses épaules avec une expression indéchiffrable sur le visage. Il n'en fallu pas plus à Rey pour conclure qu'il avait dû s'échapper d'un asile psychiatrique.

Tandis qu'il semblait redécouvrir sa propre enveloppe corporelle dans un silence de mort, la brunette se permit de le détailler avec curiosité. Et tandis qu'elle constatait avec une certaine surprise à quel point son visage était singulier mais harmonieux, qu'elle s'attardait sur sa barbe mal taillée, ses cheveux ébouriffés, les multiples grains de beauté parsemant ses joues, son cou, son torse massif et impressionnant, la cicatrice boursouflé se trouvant sur son flanc gauche...

-         Oh mon dieu... fut la seule chose qu'elle parvint à articuler.

Ce ne pouvait être qu'une simple coïncidence. D'ailleurs, la blessure marquant son ventre semblait plus ancienne, elle avait déjà commencé à cicatriser...

Une simple coïncidence, se répéta-t-elle mentalement pour se convaincre.

-         Qui êtes-vous ? Demanda Rey, les sourcils froncés. Comment êtes-vous entré chez moi ?

Le brun releva enfin la tête vers elle et ancra ses prunelles dans les siennes.

Rey se sentit transpercé par de multitudes émotions. Elle eut l'impression que l'intégralité de ses os venaient de se transformer en gélatine.

Et ainsi surgit la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant