Chapitre 8 : Et ainsi surgit le souvenir

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Une semaine passa. Puis une deuxième.

Soit une petite éternité aux yeux de Rey.

Les jours lui parurent plus longs que d'habitude, plus chauds, plus étouffants.

Après plusieurs nuits blanches accumulées, Rey sembla se transformer en véritable zombie. Elle ne mangeait plus, ne dormait plus, ne vivait plus.

Son état était irrationnel. Une partie d'elle-même avait conscience que cela ne pouvait pas durer, qu'elle devait se ressaisir et arrêter de décrépir de la sorte.

Comment un être avec qui elle avait passé si peu de temps pouvait-il laisser un vide aussi profond dans son existence ?

Heureusement pour elle – Ou pas, car elle n'avait plus rien pour s'occuper l'esprit- Plutt était parti en vacances chez un membre de sa famille. Il avait fermé la casse pour une durée indéterminée. Rey était donc livrée à elle-même du matin jusqu'au soir ; seule avec ses pensées noires.

Il était peut-être mort. Après tout, même s'il ne lui avait pas réellement avoué ce qu'il allait entreprendre, il était clair aux yeux de Rey qu'il s'était lancé à la recherche de la meute qui l'avait transformé. La coïncidence aurait été trop imposante pour que la mort de son père ne soit pas liée à eux. Et un seul homme contre une meute toute entière, cela paraissait improbable. Mais ce n'était un secret pour personne ; la colère avait l'étrange pouvoir de décupler les forces. Ben ne pouvait pas mourir. Rey avait besoin de lui.

Mais plus les jours passaient, plus Rey se mettait à douter. Combien de temps fallait-il, au juste, pour assassiner une meute de Loup-Garou ?

Depuis que son congé forcé avait débuté, Rey s'était mis en tête de réparer une vieille épave et de la faire tourner. C'était la seule occupation qu'il l'empêchait de devenir folle à force de tourner en rond.

Elle débutait ses réparations tôt le matin et ne terminer que lorsque la nuit l'empêchait d'y voir correctement. Le même schéma se répétait chaque jour, encore et encore.

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Ce soir-là, incapable de dormir, Rey s'était emparé d'une lampe torche, bien décidée à faire démarrer son moteur. Malgré la fin de l'été qui approcher, il faisait extrêmement chaud. L'air était lourd, presque irrespirable. Pour éviter de fondre, Rey ne portait qu'un simple débardeur et un vieux short tâché d'huile de moteur.

La voiture qu'elle tentait désespérément de réparer depuis plusieurs jours était une vieille épave des années 80. La Chevrolet avait été lâchement abandonnée et la nature avait vite reprit ses droits sur elle ; la peinture était la première à avoir subi l'ardeur des années. Autrefois d'un rouge scintillant, elle était désormais écaillée, d'un vieux rouge fané. Cependant, aux yeux de Rey, elle était magnifique et elle était bien décidée à la faire rouler de nouveau.

Malheureusement, le moteur semblait être particulièrement capricieux. Lorsqu'elle finissait une réparation, un nouvel élément l'abandonner, la plongeant dans d'interminables réparations.

Elle était d'ailleurs en plein milieu d'une tâche lorsqu'elle entendit un bruit étrange : comme si quelqu'un, ou quelque chose, avait cogné contre le grillage entourant la casse.

Rey n'y prêta pas attention. Au cours des derniers jours, elle s'était fait plusieurs fausses joies à l'entente du moindre son suspect...

Rey se glissa sous la voiture, tentant de réparer une énième fuite.

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Flash-back.

Il devrait y avoir une note, inscrit quelque part, destiné aux jeunes garçons de 17 ans, né avec une cuillère en or dans la bouche, leur indiquant qu'il est parfois préférable d'agir avec modestie et de ne pas se comporter comme un crétin.

Et surtout, d'arrêter de chercher des ennuis à la moindre occasion.

Tout avait débuté à cause d'une fille.

Une énième conquête pour un jeune Ben Solo, impulsif et surtout trop sûr de lui. Elle était tombée amoureuse, mais il s'en était lassée au bout de quelques jours seulement. C'était ainsi depuis toujours ; elles étaient belles, appréciées, mais au final, elles étaient toutes vides d'intérêts. Ben finissait toujours par les repousser, une à une, incapable de trouver la bonne.

Seulement voilà, cette fille avait un frère. Un garçon un peu trop protecteur qui n'avait pas supporté le fait de voir sa sœur pleurer et qui avait surtout un sombre secret.

Il avait élaboré un plan et mis sa meute à contribution. En tant qu'Alpha, ils ne pouvaient rien lui refuser, même si son idée était contraire à leurs principes fondamentaux.

Le moment « parfait » c'était rapidement présentée. Une bande d'adolescents idiots partit faire du camping en pleine forêt emportant dans leurs bagages plus de bières que de nourritures.

L'Alpha s'était tapi dans l'ombre, attendant patiemment le moment ou il pourrait mettre son plan à exécution ; Ben Solo s'était éloigné de son groupe une fraction de seconde seulement. Mais cela lui avait été fatale.

Surgissant des ténèbres, le loup l'avait chargé avec une violence extrême. Ben s'était affalé sur le sol, persuadé qu'il s'agissait d'un ours. Mais un homme avait surgi de derrière un arbre, et avec un sourire machiavélique scotché sur le visage, il s'était amusé à lui raconter dans les moindres détails ce qui allait suivre. Ben avait tenté, vainement, de s'échapper. Pensant un instant qu'il s'agissait d'une plaisanterie, ou bien des effets de l'alcool. Mais il n'en était rien.

Il s'était mis à courir dans l'espoir de retrouver ses amis afin qu'ils lui viennent en aide, mais à peine avait-il fait quelques mètres qu'une meute toute entière avait fait irruption devant lui, l'empêchant d'avancer ou même de reculer. Les Loups l'avaient encerclé, grognant après lui, leurs crocs acérés le menaçant.

Ils avaient tourné autour de lui, encore et encore, pour faire durer le plaisir. Ben Solo avait senti son courage s'évaporer, il ne pouvait pas s'échapper ; il était condamné. Et tout ça, à cause d'une simple aventure avec une fille. Ça n'avait duré que quelques jours... Pourtant, il allait le payer de sa vie.

L'Alpha poussa un hurlement.

Ce fut le signal de départ. Les Loups disparurent dans la forêt. Ben pensa, durant un court instant, qu'il s'agissait alors d'un simple avertissement.

Le jeune garçon avala sa salive avec difficulté. L'Alpha lui faisait toujours face, le regard plus menaçant que jamais.

Lorsqu'il comprit que sa fin était venue, Ben ferma les yeux et le laissa l'attaquer. Dans son malheur, il eut beaucoup de chance : la douleur était si insoutenable qu'il perdit connaissance au bout de quelques minutes.

Les crocs déchirèrent sa peau, ses veines se vidèrent peu à peu de leur sang. Qu'il meurt ou qu'il survivre, cela importait peu à la Meute. Le seul objectif de l'Alpha était de le faire souffrir, alors il s'acharna sur le pauvre adolescent durant une bonne partie de la nuit, jusqu'à ce que l'épuisement ait raison de lui. Il abandonna le garçon, sans même un regard en arrière. Fier d'avoir accomplit sa vengeance personnelle.

Alors, sous les rayons de la Lune, Mère des Loups-Garous, le jeune Ben Solo s'éteignit. L'Astre lumineux se chargea de réparer son corps et lorsque le sang cessa de couler, la transformation eut lieu.

Lorsqu'il se réveilla, affamé, douloureux, en alerte, il oublia qu'hier encore, il était un homme. Son seul objectif était d'assouvir sa faim.

Qu'importe le reste.


Et ainsi surgit la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant