Chapitre 6 : Et ainsi surgissent les cauchemars

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La première nuit que Ben avait passé sous sa forme humaine avait été chaotique. Il s'était réveillé en sursaut, le front dégoulinant de transpiration.

Pour reprendre le contrôle de lui-même, il avait dû sortir dehors pour prendre l'air. Après avoir fait le tour de la casse une bonne dizaine de fois, il était revenu se coucher dans le canapé. Rey ne s'était rendu compte de rien.

La deuxième nuit, le même schéma s'était produit. Cette fois-ci cependant, des cris d'agonie avaient accompagnés son réveil inopiné. Rey avait sauté hors de son lit, mais... trop timide, peut-être un peu effrayée, elle s'était contentée de le regarder au travers de la porte de sa chambre entrouverte.

Cependant, au cours de la semaine qui venait de s'écouler, leur « relation » n'avait cessée d'évoluer. Alors, lorsque Ben se réveilla à nouveau en pleine nuit, le corps secoué de spasmes, poussant des cris si puissants qu'il aurait pu réveiller un mort... Rey n'eut d'autre choix que de venir à son secours.

Elle ne l'avait jamais vu dans un état pareil. On pouvait voire qu'il essayait de lutter contre le sommeil afin de mettre fin à la torture, mais il ne parvenait pas à ouvrir les yeux. Le brun se tordait dans tous les sens, subissant une douleur inqualifiable. Il poussa un énième hurlement et ses crocs se déployèrent.

Rey se souvenait parfaitement de la première fois ou elle les avait aperçus : à ce moment-là, Ben l'avait terrifiée. Mais ce soir, elle devait prendre son courage à deux mains et essayer de l'apaiser du mieux qu'elle le pouvait. Cependant, lorsque des griffes acérées remplacèrent ses ongles, la jeune femme eu un mouvement de recul. Il les planta dans le canapé, arrachant par la même occasion une immense bande de tissue.

Rey déglutit. Elle avait mal pour lui ; un peu peur pour elle. Mais elle avait confiance en lui, alors elle s'approcha et tenta de lui parler d'une voix calme. Cependant, cela n'eut pas vraiment l'effet escompté. La jeune femme n'eut d'autre choix que d'essayer, vainement, de stopper les mouvements furtifs de son corps. Lorsque sa main se posa sur la joue rugueuse du brun, un genou le chevauchant, il se stoppa soudainement. Ses yeux s'écarquillèrent. Puis lorsqu'il réalisa la situation, il la repoussa d'un mouvement brusque, s'éloignant d'elle le plus possible. Rey tomba par terre et sentit une douleur s'insinuer le long de son bras gauche. Elle frotta son membre avec vigueur et s'empêcha de grimacer.

Avec maladresse, elle se remit sur pieds et reporta son attention sur l'homme qui lui faisait face.

- Ben... Tout va bien. Calme-toi... ça va aller... souffla Rey en tentant de briser l'espace qui les séparer.

Mais l'homme continua de se reculer. Il avait l'air désorienté, perdu, presque... effrayé ?

- Tu as fait un cauchemar, mais tout va bien maintenant, continua la jeune femme.

Il se frotta le visage à plusieurs reprises, comme pour sortir de sa transe.

- J'aurai pu... J'aurai pu... Te blesser, te tuer...

Il examina ses mains, comme pour s'assurer qu'il n'y avait aucune tâche de sang dessus.

- Tu ne m'as pas touché, tout va bien.

Rey fit quelques pas vers lui. Ben, cette fois-ci, la laissa approcher. Il l'examina avec minutie ; fit glisser ses doigts le long de sa jugulaire, de ses bras, de sa taille, afin de s'assurer qu'il n'avait pas tenter de lui arracher un bout de peau. Lorsqu'il toucha son coude gauche, Rey sursauta. Elle serra les mâchoires, se maudissant elle-même. Un voile de panique se posa sur le visage du brun.

- Tu as mal ?

- Non... Bredouilla Rey en tentant d'être le plus convaincante possible.

Et ainsi surgit la nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant