⎮CHAPITRE 14⎮

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2 février 2010

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2 février 2010.

J'appuie sur le bouton play de ma chaîne Hi-Fi. Tout de suite après, des accords de synthé résonnent dans les enceintes. Je baisse un peu le son, de peur de réveiller mes parents, puis m'écarte.

Je reste debout au centre de ma chambre, les yeux fixés vers la provenance de la musique, puis soupire. Je lève légèrement les bras, les yeux maintenant fermés. Je me souviens des mouvements de Mugi sur la piste de danse, quand il dansait avec tellement d'aise. J'essaye de les reproduire, en ondulant les bras au rythme de la batterie. Je crois que ça donne quelque chose. En tout cas, ça ressemble à peu près à ce qu'il faisait.

Depuis la discussion avec mon père, je me sens mieux. Je ne parle toujours pas avec mes potes, mais en tout cas, j'ai arrêté de broyer du noir. Qui aurait pensé que me confier était la solution ?

Je relève la tête lorsque sa voix retentit. Freddie Mercury, comme omniprésent dans ma chambre, chante I Want To Break Free. J'ai beau l'avoir écouté des centaines de fois, cette chanson arrive toujours à sonner différemment. Une nouvelle version, à chaque fois. Je crois que le ton dépend de mon humeur, aussi. Là je suis plutôt joyeux, alors j'entends une version enthousiaste, libératrice.

Je tourne la tête, et tombe nez à nez avec mon reflet dans mon miroir mural. Je reste figé pendant quelques secondes, à observer le garçon en face de moi. Je crois que j'ai changé depuis la rentrée. Mes cheveux sont plus longs, j'ai grandi aussi. Et si je regarde bien, je crois que de nouvelles tâches de rousseur sont apparues un peu partout sur mon visage, merde. Mais ce qui me frappe le plus, ce sont les énormes cernes sous mes yeux. Mes insomnies de la semaine dernière sont encore bien visibles, je me demande si je pourrai me débarrasser des preuves un jour.

Je baisse les bras lorsqu'ils commencent à me lancer à force de rester dans la même position. Le deuxième couplet a déjà commencé, je souris un peu plus tristement, sans bouger pendant quelques secondes.

Je me défie du regard —est-ce que je regarde vraiment tout le monde comme ça ?— puis finis par hausser les épaules. J'en ai marre d'être triste. Je veux me débarrasser de tout ça. Et j'arrangerai peut-être toute cette histoire avec Mugi, seulement si j'en ai le courage.

Quand le refrain retentit, je tourne sur moi-même, et me remets à danser. Toujours plus de mouvements, je ne fais même plus attention à où je mets les pieds. J'ai déjà écrasé une pile de vêtements sales, et mon calendrier qui n'a pas bougé depuis décembre. Mais je m'en fiche, je continue sans me soucier du reste. Je ne me souviens même plus de la dernière fois où je me suis autant défoulé et franchement, ça fait du bien.

Je souris tout seul dans ma chambre, parce que pour la première fois depuis une semaine, j'arrête de penser. J'arrête de penser à mes problèmes, mais pas seulement. À tout le reste aussi, comme si mon cerveau avait enfin accepté d'appuyer sur pause pour me laisser respirer.

SIMON SAYS.⎮Tome 1⎮[EN AUTO-EDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant