La thérapie. 20

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- " Aucune nuit n'est solitaire lorsqu'il y brille l'étoile d'un but dans la vie ".

- Jens Peter Jacobsen -


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Il lui souffla un baiser à travers l'appareil, puis raccrocha. L'appel vidéo prit fin sur le visage de Tess penchée sur la caméra.

Noam se dirigea vers le lit que sa mère avait retapé. Ce dernier ne lui avait jamais semblé aussi vide.

Des images de Tess, lové contre lui, lui revinrent en flash.

Il aurait aimé la tenir encore une nuit entre ses bras.

Demain, il allait passer une journée mère-fils, organisée par la psychologue de la famille.

Tous suivaient une sorte de thérapie familiale. Elle consistait à passer le plus de temps possible réunis, en se déconnectant des réseaux sociaux. Ils étaient jugés nocifs.

Durant la séance, il leur était demandé de se débarrasser de leurs portables qu'ils allaient un à un, déposer dans une corbeille.

Cette thérapie suivait en réalité le hygge*, littéralement "bien-être" en danois. Avec le temps, sa famille et lui y compris s'était perdus de vue, en s'enfermant dans un quotidien monotone.

Le but était alors de retrouver une atmosphère chaleureuse et conviviale au sein du foyer.

Noam n'aimait pas vraiment cette idée, ne croyant pas ses parents capables de résister à l'envie d'utiliser leurs appareils électroniques.

Mais bon, la thérapie l'y obligeait.

Noam ferait donc un effort.

Il se rassura en se disant que cet effort plairait à Tess et ferma les yeux.

Lentement, il entra dans un sommeil paradoxal.

Soudain, la sonnerie de son réveil matin le tira brusquement de sa torpeur, tandis qu'il venait à peine de reposer ses yeux .

Le jeune garçon tâta du plat de la main, la surface de sa table de chevet à la recherche du réveil matin.

Aussitôt trouvé, il l'éteignit en bougonnant. Puis se redressa en position assise dans son lit et poussa un long bâillement, épuisé.

Sa nuit était passée en un éclair. Tess et lui avaient longuement discuté hier soir. Elle lui avait confié ses inquiétudes au sujet du traitement qu'elle venait d'entamer pour vaincre le crabe. Ses parents avaient refusé de la faire hospitaliser, afin de faire des économies. Il faut dire que ces derniers avaient les moyens de se payer du matériel médical de bonne qualité. C'est pourquoi, ils avaient monté une assistance respiratoire et embauché une infirmière de jour et de nuit. Ils prenaient toutes leurs précautions, afin de permettre à leur fille, une guérison assurée, malgré que les médecins ne craignaient un imminent passage, à la phase trois de la maladie.

Noam enfila ses chaussons et descendit au rez-de-chaussée, où l'attendait étrangement sa mère.

- Salut, mon lapin ! Le salua-t-elle, ponctuelle.

Il la trouva bien matinale.

Elle planta ensuite un chaste baiser sur sa joue, en y laissant une grosse trace de rouge à lèvres.

L'ado s'écarta, dégouté, pour attraper une assiette de charcuterie qu'elle lui avait préparée.

C'était le petit-déjeuner classique des Danois.

Un Crabe entre NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant