L'envol. 27

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" Saviez-vous qu'un oiseau qui tombe du nid, ne reçoit aucune aide de sa mère ? Il ne fait que chuter, jusqu'à ce qu'un jour, par miracle... il apprenne à déployer ses ailes. Après plusieurs essais il ressent de moins en moins la peur. Puis un jour il s'élance tout droit dans le vide, à la verticale et étend ses ailes perpendiculairement à son corps. À cet instant, l'oisillon devient grand. 

On observe la même réactivité chez les humains. À force de se faire mal et de tomber, ils finissent par se relever. Mais parfois il arrive qu'ils ne se relèvent pas... ".


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Tess était étendue sur le sol, dévisagée par des dizaines de paires d'yeux.

Elle mit quelques minutes à se rendre compte de la situation gênante dans laquelle elle se trouvait. Des rires rauques fusèrent de part et d'autre, autour d'elle.

Voilà qu'on la tournait en dérision.

Et aucun parmi ces visages n'appartenait à Noam.

Un bras se déploya soudain vers elle. Tess saisit la main de l'inconnu et se releva péniblement.

Elle toussa dans son coude.

Kirsten bouscula des élèves qui s'étaient amassés en un troupeau autour de son amie. Elle se fraya un chemin à travers le groupe et parvint jusqu'à Tess.

- Dégagez ! hurla-t-elle ensuite, à l'intention des badauds.

Ces derniers s'en allèrent, dépités.

Dommage pour eux, ils venaient de passer à côté d'un scoop !

Tess crocheta ses doigts au bras de Kirsten et se dissimula derrière elle. Elle venait de se donner en spectacle. C'était affreux tout ces regards sur elle. Heureusement, son amie était intervenue et l'avait une fois de plus tirée de là.

- Tiens.

Elle lui donna un sachet de sucre.

- Merci? murmura l'adolescente à la chevelure ondulée.

Elle déchira ensuite le haut du sachet et glissa les grains de sucre dans sa bouche entrouverte.

Son malaise vagal était dû au fait, qu'elle était partie au lycée sans petit-déjeuner. Elle n'avait pas eu la force d'avaler son assiette de charcuterie. Son estomac était scellé. Avec la chimio, elle perdait peu à peu de l'appétit.

- Ce soir, on ira à ce stupide feu de camp et tu vas me faire le plaisir de t'amuser, OK ?

Pourquoi pas.

Sa mère n'était plus sur son dos maintenant qu'elle allait mieux. Les cours avaient repris, sa santé aussi et son couvre-feu de 20h avait sauté. Tess se sentait vivre de nouveau.

Elle ne pouvait pas refuser cela à son amie.

- Ok, ça marche !

- Super, meuf ! Je passe te prendre à 19h, chez toi.

Kirsten l'embrassa sur la joue et partit rejoindre sa voiture, garée sur le parking du lycée. Un véhicule des années 60, un bijou de collection que son père chérissait ! Elle avait droit de conduire cette voiture à condition de ne pas abîmer les sièges.

Son père était maniaque sur les bords et accro aux antalgiques. Mais pas moins riche que tous les danois qui avaient inscrit leurs enfants dans cet établissement.

Un Crabe entre NousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant