Chapitre 13.

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Les battements de mon cœur sont intensifs à chaque pas que je fais, au point de me demander si Thomas ressent la peur qui ne cesse de m’envahir. Il ouvre la porte de chez lui. J’observe tout autour de moi, chaque détail est important mais la nuit m’empêche de voir correctement. Son jardin est petit, plutôt bien entretenu. Aucune cabane. Aucun garage. Aucune voiture. Rien qui pourrait m’aider. La terre n’a pas l’air d’avoir été retourné.
- Tu viens ? Dit Thomas me voyant fixer son extérieur.
- Oui pardon.

J’entre à l’intérieur et Thomas allume la lumière. Un salon au mur blanc, avec aucune photo, aucun tableau pour décorer cette pièce. Il n’y a que le strict nécessaire : un canapé noir, une table basse, un meuble avec une télévision dessus. Aucun charme. Aucune personnalité, aucun caractère. Ce séjour me fait froid dans le dos mais je ne sais pas si c’est à cause du manque de charisme ou si c’est parce que ce lieu est celui de Thomas.
- Tu vas dormir dans la chambre d’amis, m’annonce-t-il en me montrant la chambre en question.

Thomas me montre toute sa maison entière, sauf la cave. Il dit que cet endroit n’a rien d’intéressant, qu’il n’a rien mis dedans et seules les toiles d’araignées et sûrement quelques rats y séjournent. Je n’ai rien dit mais je pense que cette cave regorge de secrets. Toutes les pièces de cette maison sont sans vie. Aucune couleur. Les murs sont tous blancs, les meubles aussi. Seuls le noir et le gris du mobilier ajoutent un semblant de couleur dans cette maison. C’est comme si Thomas faisait en sorte de ne rien mettre de sa vie dans son domicile, comme si il savait qu’une personne avait la possibilité d’entrer à tout moment dans son foyer.
- On n’a pas pris tes affaires, dit soudainement Thomas.
- Ce n’est rien. Je n’avais pas grand-chose de toute façon, menti-je.
- Je vais aller les chercher, ne bouge pas.

Je n’ai pas eu le temps de répondre qu’il part, me laissant seule ici. Je pourrais me sentir en sécurité, plus qu’en étant à l’extérieur, dans le froid mais c’est tout l’inverse. Thomas a pu me mentir, n’allant pas réellement chercher mes affaires qui sont d’ailleurs bien au chaud dans mon appartement, mais il pourrait être dans son jardin avec son arc, prêt à me tirer dessus. Je deviens sûrement folle de toujours penser qu’il va m’éliminer sur le champ. Si il voulait le faire, il l’aurait probablement déjà fait. Je profite de son absence pour fouiller un peu son intérieur. Analysant le plafond afin de voir si des caméras ne sont pas cachées mais rien. Chaque tiroir que j’ouvre m’inquiète, de peur de trouver quelque chose de grave, que je n’aurais pas dû découvrir mais aussi, craintive à l’idée d’imaginer Thomas arriver à tout moment. Je sais à présent de quoi il est capable, je ne dois en aucun cas le sous-estimer, ça serait mal le connaître. Certains tiroirs sont vides, ne comprenant aucune photo, aucune feuille ni même objet. Le jeune homme ne possède pratiquement rien. Ses tiroirs et ses affaires sont minimes, n’ayant que le nécessaire : ses vêtements, de la nourriture, des enveloppes et feuilles vierges. Il n’y a aucun relevé bancaire, aucune facture. Rien qui pourrait m’aider à en savoir plus.
- C’est bizarre, dis-je en m’installant sur le canapé.

Qu’il n’y ait aucune photo, je peux le comprendre. Il n’a peut-être pas de famille, de personnes auxquelles il est attaché, pas de proches en particulier mais les factures, les relevés bancaires, les courriers que la poste envoie chaque jour ne sont nul part, comme si il les avait volontairement mis à la poubelle. Cependant, ce genre de papiers se garde pour toujours, ce sont des documents impossible à jeter. Réfléchissant à pourquoi il ne les a plus, Thomas rentre, ce qui me fait sursauter. Il revient les mains vides, ce qui n’est pas étonnant.
- Je n’ai pas trouvé tes affaires, dit-il en enlevant son manteau.
- Quelqu’un a dû les prendre.
- Tu as mangé ? Tu veux quelque chose ?
- Non, mais je vais aller me coucher.
- Pas le ventre vide. Mets la télé, je prépare tout.

L'archer. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant