Le lendemain, le soleil se lève, réveillant le jeune archer à cause de ses rayons qui traversent la vitre de la fenêtre de sa chambre, n’ayant pas fermer les volets la veille. Thomas se redresse, restant dans son lit à se poser quelques questions. Que va-t-il faire avec Séréna ? Il ne peut pas la tuer. Il n’y arrive pas. C’est comme si son esprit l’empêchait de passer à l’acte. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’il prend un arc, une flèche, visant la tête mais avec Séréna, c’est différent.
Il finit par se lever après plusieurs longues minutes dans le silence, avec ses pensées. Il boit son café d’une traite afin de bien se réveiller et prépare le petit déjeuner sur un plateau. Elle n’a pas mangé ni bu depuis hier, elle doit probablement avoir faim. Il ouvre la porte et grâce à lanterne dans sa main gauche, il descend les marches, éclairé par celle-ci. Séréna est allongée sur le sol. Rien de confortable. Elle dort toujours. Thomas pose le plateau près d’elle ainsi que la lanterne et s’installe sur la dernière marche de cet escalier, la regardant.
Je me réveille en ayant mal. Le sol est froid, biscornu et lorsque j’ose bouger afin de savoir pourquoi de la lumière éclaire cette pièce sombre et poussiéreuse, mon dos craque, me faisant atrocement mal. J’ai l’impression d’avoir fait un énorme bon en avant et d’être une personne âgée qui avait vécu bien trop longtemps. Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit. Je sens la fatigue encore présente. Je n’ai pas pu fermer l’œil, bien trop occupé à penser. Je ne sais pas ce que compte faire Thomas à présent avec moi, avec cet homme que j’ai réussi à sauver hier. Je n’ai pas cessé de ressasser cette soirée. Impossible de penser à autre chose. J’ai peur. Peur de ce qu’il peut me faire. Peur de ce qu’il peut faire à cet homme, aux autres personnes dans cette ville. Une lanterne est à mes pieds avec un plateau. Mon repas de ce matin. Je meurs de faim. Je n’ai pas mangé depuis hier. Je me jette dessus et sens une présence près de moi. La tête relevée, j’aperçois Thomas assis sur la dernière marche de l’escalier. Je ne suis pas vraiment surprise. Il allait bien venir me voir à un moment donné. Pour m’assassiner, me parler ou pour une toute autre raison. Nous nous regardons dans les yeux, sans dire le moindre mot. C’est étrange comme sensation. Lorsqu’il est loin de moi, j’ai peur. J’angoisse presque en ne le voyant pas, m’imaginant le pire, pensant qu’il me plantera sa flèche dans mon crâne mais quand il est près de moi, quand je le vois, cette pensée s’envole. Je ne dis pas être totalement rassurée mais je n’ai plus ce sentiment de crainte. Je sais au fond de moi, qu’il ne me fera rien. Je ne sais pas comment l’expliquer, comment il est possible de ressentir ça. Sûrement grâce à ce pouvoir que j’ai en moi. Si il aurait voulu me tuer, il l’aurait probablement fait.
- Ça y est, tu es réveillée, dit-il soudainement.
Je ne réponds pas. J’attends simplement qu’il parle, qu’il m’annonce quelque chose. C’est lui qui m’enferme dans cet endroit, c’est donc à lui de parler mais il ne dit rien et ce silence commence à me peser.
- Qu’est-ce que tu veux ? Finis-je par lui demander.
- Je suis chez moi, j’ai le droit d’être ici.
- Décidément, tu es bien mystérieux.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je dis juste ce que je pense.
- Je suis mystérieux, c’est ce que tu penses de moi ?
- Tu dois admettre que tu n’es pas comme tous les autres hommes sur cette Terre. Tu oses assassiner des humains, des personnes comme toi et moi d’une manière aussi barbare sans aucune raison.
- Je te l’ai dit, je n’abats que les personnes qui le méritent.
- Qui le méritent ? Mais qui le méritent ? Personne ! Personne le mérite ! M’exclamé-je en m’énervant.
- Tu te trompes, répond Thomas instantanément en s’approchant jusqu’à moi. Beaucoup de personnes méritent ce qui leur arrivent.
- Explique-moi parce que je ne comprends pas. Ce n’est pas normal de tuer de cette façon, d’être ainsi. Le pire dans tout ça, c’est que tu penses qu’il est logique d’agir de la sorte.
- Bien sûr que c’est normal. Ils ne méritent rien d’autres qu’une flèche plantée en plein dans la tête.
- Tu es ignoble.
- Ignoble ? Moi ? S’énerve Thomas en s’approchant un peu plus. Et ce n’est pas ignoble de battre son mari ou sa femme ? Ce n’est pas ignoble de s’acharner sur une personne simplement pour se sentir supérieur ? Qu’est-ce que tu ressens quand tu apprends qu’un gamin fait tout pour accuser sa sœur et qu’elle soit punie à chaque fois par ses parents ? Qu’est-ce que tu penses quand tu vois une femme publiée des vidéos d’une ancienne amie à elle en train de se faire violer ? D’ailleurs en parlant de viol, est-ce que tu approuves ça ? Est-ce que tout ça, c’est ignoble ou est-ce normal pour toi ?
Je le regarde droit dans les yeux. Je vois la colère en lui. Pas contre moi mais contre toutes ses personnes qui ont osé faire tout ça. Je ne sais pas où il veut en venir. Est-ce ce genre de personnes qui assassinent sans éprouver le moindre sentiment à leur égare ? Si c’est le cas, ça n’excuse en rien ce qu’il fait.
- Alors, est-ce ignoble ou normal ? Répète Thomas.
- C’est ignoble !
- Alors ne me dis pas que je suis ignoble quand je fais en sorte de réduire le nombre de personnes de ce genre là.
- Donc c’est ça ? Tu abats ce genre de personnes ? Tu assassines des personnes qui ont commis de mauvaises choses, parfois horribles ?
- Ne me dis pas que tu n’es pas d’accord avec moi, je ne te croirais pas.
- Comment est-ce possible d’être ainsi ? Tu comptes tuer tout le monde ?
- Ne dis pas n’importe quoi, je ne peux pas tout savoir.
- Comment ça ? Je ne comprends pas.
Thomas pose ses fesses sur le sol et laisse le silence s’installer. J’ai l’impression qu’il souhaite m’avouer quelque chose. Je le regarde attentivement, ne bougeant pas. Je ne mange pas, je préfère me concentrer sur cet homme qui m’intrigue tant. Il a raison dans un sens : les personnes qu’il m’a décrites sont ignobles. C’est inhumain d’agir de la sorte et parfois, tu penses pendant quelques secondes qu’il faudrait leur faire la même chose afin qu’ils comprennent le mal qu’ils peuvent faire mais même si ils agissent de cette manière là, ils ne méritent malgré tout pas de mourir de cette façon. C’est horrible de mourir brutalement, sans y être préparer, d’un coup de flèche.
- Tu as le pouvoir de lire dans les pensées des autres, commence-t-il. J’ai un autre pouvoir que toi. J’ai des flashs, des images qui me viennent subitement. Je ne choisis pas quand ça arrive. Ça vient tout seul. Ces images m’indiquent le lieu et ce qu’ils se passent. Ce n’est pas des flashs de tout et n’importe quoi. C’est bien plus précis que ça. Je vois des humains méchants avec les autres, des humains commettre l’impardonnable. Je ne peux pas laisser ces personnes agir ainsi sans rien dire, sans rien faire. J’ai compris que j’avais ce pouvoir en moi depuis longtemps, il s’est juste déclencher à un moment précis. Je ne peux pas rester innocent en voyant ses flashs.
- Mais c’est mal ce que tu fais.
- Non, je rétablie la justice.
- La justice ? Tu es devenu le plus grand criminel dans ce monde. Tu te rends compte ?
- Ils ne savent juste pas que toutes ses personnes décédées ne sont pas dignes de rester sur cette Terre.
- La Terre est immense, les humains sont nombreux et les injustices le sont tout autant. Tu ne pourras jamais rétablir la paix. Tu es tout seul face au monde.
- Il est évident que je n’ai pas ses flashs tout le temps, dans chaque endroit. Je ne sais pas tout ce qu’il se passe mais je prendrais le temps qu’il faudra. Je fais confiance à mon pouvoir. Il me donne les flashs qu’il veut. Tu devrais faire pareil. Ne pas te forcer à lire dans les pensées des autres mais avoir confiance en ton pouvoir. Laisse-le faire. Tu l’as en toi depuis longtemps, il s’est juste manifesté tardivement. Plus tu te forceras à connaître les pensées des autres et moins il fonctionnera.
- Je suis d’accord avec toi sur toutes ses personnes. Elles commettent certaines erreurs et c’est très mal ce qu’elles font. C’est inhumain et je pense qu’elles mériteraient une bonne leçon mais tu mets fin à leur vie, tu les assassines. C’est tout aussi mal qu’eux. Il vaudrait mieux les dénoncer à la police ou à leur directeur de leur école, tu ne crois pas ?
- La police ? Tu as le pouvoir de lire dans les pensées des autres, tu crois que la police va te croire si tu leur dis qu’une personne commet des meurtres sans preuve ?
- Non, bien sûr que non.
- Alors je suis exactement dans le même cas que toi. La police ne me prendra jamais au sérieux, pourtant, le pouvoir est bien là.
Je ne cautionne pas ce qu’il fait et je ne le cautionnerai jamais mais encore une fois, il n’a pas tort. La police lui rirait au nez si il venait à expliquer la situation. Je reste persuadée qu’il y a une autre solution pour établir la justice. Je comprends son raisonnement. Il élimine toutes ses personnes parce qu’elles sont mauvaises, méchantes, pour créer un monde de paix, sans violence, sans méchanceté. Il veut construire un monde de bonheur intense, il ne souhaite plus vivre dans la peur. Je ne veux plus vivre dans cette angoisse, de marcher le soir et me demander si cet homme me suit ou si il prend simplement le même chemin que moi, d’être sans cesse en train de me méfier des autres parce que certains ont de mauvaises intentions mais je ne désire pas le décès d’humains.
Sans rien dire de plus, Thomas se lève et laisse Séréna seule, dans cette pièce éclairée grâce à la lanterne. Il aurait pu rester près d’elle, à exprimer son point de vue, à lui faire comprendre que ses meurtres sont justes mais un flash lui ait subitement apparu. Un jeune garçon est dans un lycée, se faisant battre par ses camarades. Thomas ne peut pas accepter ça. Le petit a l’air épuisé, fatigué de cette situation. Ce n’est pas la première fois qu’il subit cette violence et Thomas l’a bien compris. Il se dépêche de se déplacer jusqu’au lycée. Il est midi, l’heure de manger, les élèves sortent. Le jeune archer regarde au loin les lycéens jusqu’à apercevoir ce jeune malheureux. Il se précipite pour sortir, la peur au ventre, ne voulant pas recevoir d’autres menaces, d’autres coups, d’autres insultes mais il est rapidement rattrapé par ses agresseurs qui lui courent après. Thomas les suit discrètement sur le trottoir d’en face. Personne ne fait attention à lui parce qu’il est habillé simplement, comme tout le monde et il n’attire pas les regards. La jeune victime, nommé Mathis, tombe dans une petite rue qui est étroite, sombre. Ce n’est pas le genre d’endroits rassurant. Les garçons se placent autour de lui en rigolant. Thomas traverse, se plaçant contre le mur, juste avant l’entrée de ce passage afin d’entendre ce qu’ils peuvent se dire sans se faire voir. Thomas est abasourdi des paroles de ses enfants. Ils sont infâmes. Mathis est insulté de tous les noms possibles parce qu’il est en surpoids, qu’il n’a aucun ami, qu’il n’a jamais embrassé de filles de sa vie. C’est un garçon qui a l’air timide, mal dans sa peau, qui demande simplement le respect, être aimé pour ce qu’il est. Thomas connaît très bien ses victimes. Ce sont généralement les personnes les plus gentilles, qui souhaitent donner tout l’amour qu’ils ne reçoivent pas. Il entend subitement des coups, lui faisant mal au cœur pour cette pauvre personne qui n’a commis aucune faute. Il n’a pas son arc sur lui, refusant de tirer pendant la journée, ne voulant pas être repérer. La nuit, tout est plus sombre, tout est plus facile mais il ne peut pas laisser Mathis dans son cauchemar. Le jeune tueur se dirige vers une poubelle d’une des maisons mitoyennes à côté, l’ouvre et prend l’un des sacs fermés. Il penche légèrement la tête afin de regarder ce qu’ils se passent. Ils sont quatre contre lui. Quatre à le battre. Quatre à être idiots. Thomas jette le sac sur l’une des têtes d’un lycéen. Mathis en profite pour partir à ce moment là pendant que ses agresseurs cherchent d’où provient ce sac d’ordures. Thomas a changé de trottoirs, les observant au loin. Ils ne rattrapent pas leur victime. Ils marchent, sûrement pour aller chez eux afin de prendre leur déjeuner. L’archer les suit. Ils sont tellement peu attentifs à ce qu’il se passe autour d’eux qu’ils ne remarquent même pas qu’un homme est en train de les suivre. Tous les quatre rentrent chez eux. Ils n’habitent pas au même domicile mais ils sont tous de la même rue. Comme des amis d’enfance. Thomas fait demi-tour, attendant la nuit pour finir le travail.
De longues heures passent avant que la nuit tombe, avant que Thomas puisse sortir de la maison qu’il a loué, vêtu de noir, avec son sac à la main. Il est déterminé. Séréna est toujours au même endroit, bien enfermée et sans lumière cette fois-ci. Elle ne viendra pas, elle n’interrompra pas Thomas. Le jeune homme voit les quatre élèves rentraient. Ils sont tous les quatre ensemble, seuls. Personne n’est autour d’eux. L’archer est sur un toit d’un immeuble. Aucun habitant ne l’a remarqué. Rien d’étonnant, les Hommes n’ont pas l’habitude de marcher en regardant en hauteur. Thomas sort son arc, pose sa flèche correctement et vise le premier garçon. Celui qui a reçu le sac poubelle un peu plus tôt dans la journée. Il attend quelques courtes secondes et lâche ses doigts, observant la flèche transpercer son crâne. Sans surprise, il est mort instantanément. Ses amis sursautent, crient, hurlent. Paniquant de tous les sens. Thomas admire la scène. Il voudrait faire durer le suspens mais il sait que si il y a trop de bruits, les habitants de la rue vont finir par sortir et les trois autres garçons pourraient partir. Ils parlent mais Thomas n’entend pas ce qu’ils se disent, étant bien trop loin d’eux. Il pose sa deuxième flèche, vise le second élève et tire. La peur est de plus en plus présente. Le jeune tueur constate que ses garçons ne sont pas intelligents. Les flèches arrivent toutes du même sens, ils auraient normalement dû comprendre qu’une personne se trouve à leur gauche mais au lieu de ça, ils regardent tout autour d’eux, sans but précis. Ils commencent à courir mais la troisième flèche est tirée. Le quatrième garçon restant regarde ses amis allongés sur le sol, une flèche dans le crâne, le sang coulant de plus en plus. Il reste paralyser, debout sur place en ne bougeant pas d’un centimètre. La peur a dû l’emporter et la barbarie de cette attaque a également dû le traumatiser. Thomas clôture sa mission en tirant sa quatrième flèche en plein dans la tête, comme ses précédentes victimes.
- Vous n’allez plus pouvoir faire de mal à présent, chuchote Thomas en observant ses quatre garçons décédés quelques instants avant de rentrer chez lui.
VOUS LISEZ
L'archer.
AdventureQue se passe-t-il quand on croise la route du serial killer le plus recherché du monde ? Serena va très vite le découvrir.