Epilogue.

195 8 19
                                    

Deux ans. Deux années se sont maintenant écroulées. Ma vie a clairement pris une tournure différente. Ce n'était pas la vie dont je m'étais imaginée lorsque j'étais enfant. Petite, je pensais avoir une vie de rêve, une vie de princesse comme beaucoup disent mais ce n'est pas le cas. Thomas est derrière les barreaux et il y restera probablement jusqu'à la fin de ses jours. Qui accepterait de voir l'homme qu'elle aime en prison pour toute la vie ? Moi. J'ai aimé Thomas passionnément et même en prison, mon amour pour lui est toujours présent. J'ai essayé de vivre. J'ai essayé d'aimer sans lui. Je n'ai pas pu. C'était au dessus de mes forces. Chaque pensée était pour lui, à chaque fois, à chaque instant. Il était dans ma tête sans jamais en sortir. Mon cerveau a réellement  fait un énorme fixation sur lui, refusant de l'oublier et je ne parle même pas de mon cœur qui ne cesse de battre plus vite à chaque fois que son prénom résonne dans mon esprit. Lorsque Thomas a été arrêté, j'ai eu peur. Les gendarmes étaient nombreux, n'hésitant pas un seul instant à pointer leurs armes sur lui, plus précisément au niveau de sa tête. J'ai cru qu'ils allaient l'abattre de sang froid ou que le peuple entier demande sa peine de mort. J'ai pleuré et encore aujourd'hui, les larmes coulent en repensant à tout ça. La peine de mort est interdit en France, l'évitant de justesse la mort. Je n'aurais pas supporter le perdre de cette façon. Je n'aurais pas supporter le perdre tout court. Son procès était différent de ce qu'il peut exister, du jamais vu. Non seulement il a été extrêmement rapide, voulant en finir avec l'archer le plus vite possible mais en plus de cela, il a pris des années de prison. En France, il n'y a pas de peine à perpétuité, de peine où il pourrait vraiment finir ses jours en prison. Il a failli avoir une dizaine d'années mais la France n'a pas voulu, le juge qui s'occupait de l'affaire a trouvé que ce n'était pas assez, que pour les crimes commis, Thomas devrait prendre bien plus. Avec l'Italie, là où il a été arrêté, ils se sont mis d'accord : il commence sa peine là-bas, pour 26 ans et il poursuivra en France et si ce n'est pas assez, il sera envoyé dans un autre pays, aux états-unis par exemple, là où il commit également énormément de meurtres. La situation est inédite mais quasiment tout le monde voulait le voir en prison pour l'éternité. C'est horrible pour lui même si ce qu'il a fait l'est tout autant. Il n'a même pas pris d'avocat, trouvant cela inutile, sachant parfaitement ce qu'il avait fait et que personne n'aurait pu le défendre comme il se doit parce qu'il n'y a rien de défendable à ce niveau là, parce qu'il savait que même avec le meilleur avocat à ses côtés, il aurait été dans la même situation alors il s'est défendu en quelques sortes tout seul. Il n'a rien dit sur son don parce qu'il savait très bien que personne ne l'aurait cru. Qui pourrait croire à cette magie ? Personne évidemment. Thomas a simplement expliqué ses actes en les justifiant que toutes ses personnes décédées avaient commis des actes cruels, immondes et qu'ils méritaient de payer pour ça, sans dire le moindre mot à mon sujet. Je préférais qu'il soit en liberté avec bracelet électronique mais je sais que c'est impossible. Il ne verrait plus jamais l'extérieur. Il est en vie, c'est tout ce qui m'importe, c'est ce que je me dis pour me rassurer. Je peux le toucher, lui parler. Je sais que qu'il n'y aura plus de contact sexuel, plus de projets comme je pouvais l'espérer dans une vie lointaine mais pendant les premiers mois où je m'étais éloignée de lui, j'étais malheureuse. Je n'arrivais pas à vivre correctement, à reprendre une vie normalement, comme si il n'avait jamais existé. C'est uniquement lorsque je suis revenue vers lui que le bonheur a repris son sens, même si les conditions n'étaient pas féerique. N'étant pas de la même famille, j'avais dû mal à venir le voir. Le juge refusait souvent, trouvant que ce n'était pas nécessaire. J'ai dû insister, encore et encore, pendant plusieurs jours, plusieurs mois, jusqu'à ce que Thomas trouve une solution : le mariage. Au début, j'ai trouvé cela étrange. Qui rêverait d'un mariage en prison ? Personne. Personne hormis moi. Je lui ai dit oui. Il est vrai que l'ambiance n'était pas vraiment au rendez-vous, que la joie n'était pas aussi forte que j'aurais pu l'imaginer mais je porte son nom et grâce à ça, je peux le voir quand je veux. Généralement, je viens au parloir tous les 4 jours, ne voulant pas être séparé de lui trop longtemps. C'est difficile de le voir là-bas mais je le vois et c'est tout ce qui compte. Beaucoup de femmes auraient laissé tomber. Elles n'auraient pas supporté cette vie, voulant avoir quelque chose de plus simple, de plus normal, ce qui est compréhensible. Pas moi. Une vie sans lui, je ne peux pas. Je ne veux pas. J'ai pensé qu'en prison, les détenus auraient frappé Thomas, jusqu'à la mort. Non Pas une seule fois. Sa réputation le protège je pense. Certains doivent avoir peur de lui, peur que Thomas les tue mais c'est surtout parce que les prisonniers s'attaquent surtout aux violeurs. Les meurtriers ne les dégoûtent pas tant que ça, même si beaucoup sont contre bien entendu, mais ils sont bien plus écœurés par des actes de pédophilie, par des violeurs. Je suis soulagée de savoir Thomas en sécurité en quelques sortes. Pas de bleus, pas de sang, pas de blessure. Il est sain et sauf, en bonne santé et je ne m'inquiète pas chaque jour à me demander si aujourd'hui, il va se faire frapper.  Thomas n'hésite pas à faire des activités que la prison propose afin de ne pas trop s'ennuyer, afin de faire quelque chose de ses journées, même si il est difficile de s'occuper en étant enfermer. Il est tout seul dans sa cellule. C'est un peu du luxe. La plupart des détenus sont par deux mais vu ce que Thomas a commis, ils ont sûrement peur qu'il s'attaque à la personne qui partage sa chambre. Il m'a avoué parlé à quelques prisonniers qui sont plutôt gentils. Ce n'est pas l'endroit idéal pour se faire des rencontres mais comme ça, il se sent un peu moins seul.

Les policiers ont enquêté après l'arrestation de Thomas. Certains voulaient être sûrs sur ses aveux. Ils ont eu de mal mais ils ont réussi à avoir quelques informations sur les proches des victimes qui ont été tués et ils ont compris qu'il n'avait pas menti. Ils n'ont, bien entendu, pas toutes les informations sur tous les meurtres, étant trop nombreux et certains ne peuvent pas être confirmés mais sur quelques uns, ils ont réellement commis des actes. Thomas leur a tout dit : tous les meurtres, tous les noms, tous les actes qu'ils ont commis. Des policiers, pas tous, comprennent un peu plus son geste sans cautionner mais ils ont compris malgré tout qu'il n'avait pas pris des personnes au hasard. Cela n'excuse en rien ce qu'il a fait et il va rester en prison mais Thomas avait besoin de le savoir, c'est tout ce qu'il demandait. Sur les réseaux sociaux, j'ai lu des centaines, voir même des milliers de personnes qui ont également compris son geste. Certains cautionnent, d'autres non. L'affaire a fait énormément parlé et peu importe ce que le peuple pense, Thomas est en prison pour le reste de sa vie, que les gens acceptent ses actes ou non.

Malgré tous les côtés négatifs de notre vie, il y a un point positif. Un gros point positif même. Il y a deux ans, quelques temps après l'arrestation de Thomas, j'ai accouché d'une petite fille. Thomas est bien entendu le père. Son père ne la verra jamais grandir comme il faut mais lorsqu'elle sera plus grande, lorsqu'elle sera en mesure de comprendre les choses, elle viendra au parloir avec moi, si l'envie lui dit afin de partager des moments avec son père. En attendant, Thomas voit des vidéos, des photos, des objets qui lui appartiennent. La prison a été compréhensive : Thomas a eu le droit d'assister à l'accouchement en direct, dans sa cellule. Je n'aurais pas imaginé qu'une personne me filme en accouchant afin que le père puisse participer mais je l'ai réellement fait. Parfois, il a même le droit à des appels vidéos afin de voir sa fille. Je ne souhaite pas l'emmener pour le moment, ne voulant pas la traumatiser. Cela n'empêche pas son père d'être totalement gaga de sa fille et l'amour est réciproque.

Ce n'est pas facile tous les jours d'être la femme d'un prisonnier mais je préfère cette vie là plutôt que de le laisser seul et de vivre une vie sans lui. Une vie plus triste, une vie sans amour. Comment de temps va durer cette histoire, cette vie ? Je ne sais pas. A l'heure actuelle, je n'aime que lui, je ne vois que lui. Je ne me vois pas le quitter, je ne me vois pas aimer un autre. L'amour que je lui porte est plus forte que tout.

Je suis avec lui, pour le meilleur et pour le pire.

FIN

L'archer. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant