Novembre 2065

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Rien. Toujours rien à l'horizon. J'ai fini de rédiger mon ouvrage, qui représente probablement la seule réussite de ma vie. J'ai fini de compléter les recherches de mes prédecesseurs, n'apportant qu'une touche minime au monumental édifice préalablement construit. Il ne me reste plus qu'à attendre, méditer sur ma vie, seul face au triste enchaînement d'événements qui constitue mon existence. Parfois, je me demande ce qui aurait pu se passer si je n'avais pas été celui qui


Je viens d'avoir la preuve qui me manquait, celle qui me permet d'établir l'existence de l'être mystique qui, depuis presque le début de ma vie, fait tout pour faire de ma vie un enfer. Comment ai-je pu réussir à prouver une telle chose me direz-vous? C'est bien simple en vérité. Le vaisseau, en parfait état de fonctionnement, vient de heurter un champ d'astéroïdes. Ces corps astraux n'étaient pas indiqués sur le radar, pourtant en parfait état de fonctionnement. Ils n'ont pas non plus été évités par le pilote automatique, lui aussi en parfait état de fonctionnement. Ils n'ont pas plus été arrêtés par le puissant blindage du vaisseau, dont l'intégrité ne trouvait rien à redire. Expliquez-moi donc comment un vaisseau dont chaque composant est en parfait état de marche, peut se retrouver brisé et mis hors d'état de marche par une menace sortie de nulle part, par des astéroïdes qui n'existaient pas il y a de cela dix minutes? Comment plus de vingt années d'espoirs ont pu se voir réduites à néant en un instant, alors que rien ne pouvait le laisser présager? Pourquoi s'acharner à ce point pour la vie d'un simple animal? Les astéroïdes ont frappé la poupe du vaisseau, j'ai donc eu la "chance" d'avoir été épargné par l'impact, mais cela ne changera pas le fait que les réacteurs sont hors service, les possibilités de déplacements envolées avec mes espoirs de survie.

Quoi qu'il en soit, j'ai réussi à isoler la partie avant du vaisseau, je possède donc quelques réserves d'oxygène, un peu d'électricité, et suffisamment de temps pour faire le bilan de l'abysse de souffrance qu'aura été ma vie. Je n'aurai au final qu'apporté mort et désolation, vécu dans la solitude la plus totale, pour que la seule chose qui donnait un sens à ma vie se révèle irréalisable, et ce tout à la fin du chemin pavé d'échecs qu'aura été mon existence. 

Non vraiment, je ne peux comprendre pourquoi tous ces événements tous plus horribles les uns que les autres se sont assemblés pour former ma vie. Au final, l'Humanité ne saura jamais pour Asgoria. Elle ne saura pas non plus pour Matricia. Et pour finir, elle n'apprendra qu'au dernier moment qu'elle est vouée à disparaître, massacrée par une espèce ne connaissant pas le prix de la vie en même temps que celui de la pitié.

AsgoriaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant