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Fabio se sentit mal pendant à peu près toute la matinée. Qu'est-ce que c'était que ça pour un endroit ? Il ne percevait que très mal en quoi cet internat pouvait être bénéfique pour lui.

D'ailleurs, en classe, c'était pareil, voir pire.
Les professeurs n'étaient clairement
pas là pour regarder à ce que tout le monde soit au même niveau scolaire
ni même pour faire du social. Chacun devait évoluer par lui-même, tant pis pour les retardataires. Le niveau de l'internat était visiblement bien au-dessus de ce à quoi avait l'habitude Fabio et il se sentait déjà perdu, il ne comprenait rien ou presque, mais hors de question de le dire, non, il aurait bien trop honte. Tout à coup, il ne parvenait plus à résoudre un problème mathématique ou à comprendre une phrase d'anglais.

Les garçons de l'internat traînaient tous par tranches d'âges, par classes. À seize ans, Fabio se devait donc de rester avec les abrutis de son groupe, sauf qu'il n'en avait aucune envie. Ils étaient une vingtaine et tous semblaient être des débiles profonds, des prématurés pas terminés ou des moutons se suivant les uns les autres. Enzo, son colocataire en faisait évidemment partie et il ne faisait aucun doute qu'il était très respecté, cela pouvait se constater pendant les pauses, c'était lui qui prenait généralement la parole et décidait de quoi le groupe allait parler.

- Alors le nouveau, t'en penses quoi ? Lui demanda-t-il, entre deux bouchées de pain à la cantine. 

- Rien... C'est la pire journée de ma vie... Répondit en toute honnêteté Fabio, dépité.

- T'es pédé, toi, non ? Lui demanda Marvin, un garçon enrobé aux mains grasses.

- Ce matin, il avait du fond de teint sur la tronche... Sourit Enzo, l'air taquin. Je lui ai conseillé de l'enlever mais bon...

- Je vous emmerde, vous ne me connaissez même pas, bande de nazes ! Se défendit Fabio, qui n'avait jamais eu pour habitude de se laisser faire, peu importe si cela pouvait lui causer de gros ennuis.

- Tu parles à qui comme ça, tapette ? S'incrusta Elio, le seul blond du groupe, heureux que quelque chose se passe enfin. 

- Les gars, allez-y doucement avec mon copain de chambre. C'est mon coloc merde, foutez lui la paix... Je vous rappelle que s'il décide d'en parler au directeur, vous êtes tous morts alors, calmez vous. On s'en fout qu'il soit gay et qu'il se maquille...

Enzo sourit à pleines dents avant de souffler un grand coup. Il aimait se moquer des gens oui, et n'avait pas l'habitude des homosexuels, mais il n'aimait pas la méchanceté. Non, les autres n'avaient pas le droit d'aller trop loin avec le nouveau venu.

- Je ne suis pas gay ! Mentit Fabio, sur la défensive, avant de réfléchir quelques secondes. Ok, je suis gay mais je vous chie dessus, c'est clair ? 

- C'est clair... On est pas contre dans le groupe... Assura Enzo, très amusé. Puis de toute façon, ce n'est pas comme si ça ne se voyait pas.  

- Bref, au fait Enzo, tu es toujours avec Maria ? Demanda Marvin en terminant son énorme sandwich au thon.

- Ouais, on s'est promis de passer Noël et toutes les vacances ensemble... Je pense que c'est la bonne... Qui d'autre serait capable de m'attendre comme ça, hein ? 

Fabio se mit à penser qu'Enzo avait de la chance, lui aussi aurait aimé que quelqu'un l'attende au dehors... Et il en avait maintenant la certitude, il était bel et bien le seul gay de l'établissement, du moins, de leur groupe et c'était franchement pas cool. Il se sentait seul et avait l'impression d'être regardé comme un extraterrestre.

Alors que la cloche sonna annonçant la fin de la pause et le début du dernier cour, celui de religion, Enzo sourit au petit nouveau et lui fit un clin d'œil, ce qui réchauffa le cœur de Fabio, qui comprit que son colocataire n'était finalement pas un monstre et qu'il respectait le fait qu'il soit gay. C'était - même si il ne se l'avouait pas - très rassurant, lui qui ne se voyait pas faire la guerre avec tout les pensionnaires, faute de muscles.

Fabio, Enzo & Le MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant