Enzo
La seule personne pour qui il avait pleuré avant ce soir, c'était pour sa petite sœur.
Enzo, vous pouviez lui faire n'importe quoi, il était impassible, imperméable, personne ne réussissait à lui faire de mal.
Mais il était pourtant là, à minuit quarante, en train de lâcher toutes larmes de son corps.
Couché dans le lit de Fabio, il se demandait pourquoi. Pourquoi fallait-il qu'il pleure pour un garçon. Au fond, il se demandait lui-même qui il était, il avait perdu la réponse à l'instant où ils s'étaient vu pour la première fois.
Comment était-ce arrivé ? Il aimait un jeune homme à en oublier Maria. Elle n'existait plus pour lui ou presque et il la détestait parce qu'elle ne sortait pas de sa vie. Comme si elle était responsable de tout ses maux.
Pourquoi fallait-il que Maximilien existe, lui aussi ? Pourquoi venait-il de lui arracher son petit bonheur, le seul être qui lui redonnait l'espoir et le sourire, le seul qui avait su le faire revivre.
Enzo ne savait pas. Peut-être qu'il était effectivement homosexuel et cela lui faisait peur. Parce que les gens le regarderaient certainement autrement s'ils savaient. Ils le jugeraient sans cesse et ne verraient plus en lui ce jeune homme fort qui mérite le respect. Pourtant lui, il le sait, que les gays sont des bonshommes qui traversent toutes les tempêtes en gardant la tête haute. Mais lui, avait-il cette force ?
Fabio, qu'allait-il se passer avec lui une fois qu'il reviendrait ? Allaient-ils se parler, s'excuser et se pardonner ? Ou était-il déjà trop tard ? Le garçon aimait-il Maximilien ? Et si dans le fond, tout était déjà fini et que rien n'avait vraiment commencé ? Pourtant Enzo en était certain, il l'aimait profondément malgré tout ce mal et ce mal-être.
"Je t'aime, putain. Je ne sais pas comment c'est arrivé, pourtant, je t'aime à en crever. Peut-être parce qu'avant toi, j'étais mort."
Fabio
Couché sur le fin matelas de sa "cellule", Fabio ne s'était jamais senti aussi mal. Pas parce qu'il se trouvait là, non, mais pour ce qu'il avait fait.
Sa vengeance, qui lui faisait autant de mal qu'elle en ferait à Enzo était la pire chose qu'il avait faite jusqu'ici. Parce qu'il n'était pas comme ça, parce que traiter le mal par le mal rendait double la peine et que jamais, au grand jamais, il n'aurait voulu faire de mal à Enzo, non, il aurait préféré le réveiller autrement, en lui montrant sa force et sa patience, son amour et sa loyauté malgré sa propre souffrance.
Parce que Enzo était dans le fond tout ce qu'il aimait, ce garçon sincère et fragile sous sa carapace de guerrier. Parfois, il se demandait s'il avait bien le droit de l'aimer comme un fou alors que le jeune homme était en couple, puis il se rappelait que s'il l'aimait à en crever, c'est parce que Enzo lui avait permis de le faire.
Tous les hommes qui se respectent ont déjà connu l'interdit, cela ne veut pas dire que Fabio est fier de lui. Allait-il un jour vivre décemment en sachant qu'une jeune femme finirait fatalement par souffrir elle aussi ? Est-ce qu'un jour Enzo ferait un choix et le choisirait lui ? Il n'y croyait tellement pas...
Mais surtout, Fabio se demandait à quoi pensait Enzo. Était-il déjà au courant de tout ? Allait-il le pardonner et allaient-ils enfin se consoler ? Maximilien n'était rien, rien qu'une simple victime de leur amour. Il ne l'aimait pas, non, parce qu'aussi beau était-il, il n'était pas Enzo, ce garçon là était le seul qu'il aimait. C'était un aimant, son prince charmant depuis le jour un.
Alors peut-être que tout ça n'allait pas être facile et qu'il pleurerait encore, mais il était bien décidé, en cette froide soirée horrible, à se battre. Pas contre lui, non, contre la vie qui lui refusait d'être plus qu'un simple ami.
Non, oh non, cette histoire n'était pas finie.
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Fabio, Enzo & Le Monde
RomanceDans le sud de l'Italie, Fabio et Enzo sont enfermés dans le même internat pour garçons où ils ont cours et dorment durant toute l'année scolaire. Alors que l'un est homosexuel et s'assume, l'autre est hétérosexuel et a une petite amie. Ces deux j...