Les jours se suivirent et se ressemblèrent, même si les garçons tentèrent de moins fumer et de moins boire afin d'en garder pour les week-ends et les mercredis, mais aussi afin de ne plus avoir mal à la tête pendant les cours et de pouvoir se concentrer normalement.
Le soir, Enzo continuait à donner des cours d'anglais à Fabio et le courant entre eux ne cessait de passer de mieux en mieux, à tel point qu'ils ne se voyaient plus que comme de simples amis, non, ils devenaient de vrais frères, ou quelque chose comme ça. Ils s'étaient finalement bien trouvés, ces deux-là.
En ce matin d'octobre, Enzo reçut une lettre de Maria ainsi qu'une belle photo d'elle posant dans son jardin, les cheveux aux vent. Elle lui disait dans la lettre à quel point elle avait hâte de le revoir et elle lui disait surtout à quel point elle avait envie de lui. Visiblement, elle était en manque, en manque de son corps, en manque de son amour, en manque de lui.
Lorsqu'il lu la lettre à Fabio pour partager le récit, ce dernier n'apprécia pas trop, à vrai dire cela le dégoûtait même : cette fille aux cheveux noir et aux yeux vert avait une chance énorme. Pire que ça même, il trouvait ça injuste. Après tout, c'était bien lui qui passait toutes ses journées et ses soirées à s'occuper du bel Enzo.Alors que son colocataire décida de coller la photo de Maria sur son mur, Fabio préféra se retourner et faire mine de s'endormir.
- Fab', on est samedi, tu vas quand même pas rester là à dormir, on a toute la journée de libre...
- Tu me saoul... Répondit en toute honnêteté le garçon. Toutes vos minauderies... Tu as quelqu'un qui t'attends, toi... Tu as cette fille qui t'aime et tu vas la revoir à Noël. Ça me rappelle un peu trop que je suis tout seul. Oui, je suis dans la phase jalousie...
- Tu n'es pas tout seul, tu m'as moi... Sourit Enzo. Et je tiens à dire que je ne suis pas n'importe qui.
- C'est pas la même chose...
- C'est vrai... Mais pulcino mio, on vit ensemble, on passe tout notre temps ensemble... et j'aime ça !
- Tu n'as pas trop le choix, on m'a mis dans cette chambre avec toi... Répondit Fabio en soufflant doucement.
- Si, j'ai le choix de t'apprécier ou non... Si je passe tout mon temps avec toi... Sarà perché ti amo*, se mit a chanter le bel Enzo.
- Très drôle !
- Je t'aime vraiment beaucoup, Fabio, sans rire. Et je comprend pas vraiment pourquoi tu fais la tête...
- Je t'aime beaucoup aussi, putain d'hétéro. Je fais pas la tête, c'est juste que... Roh, laisse tomber.
- Tu veux qu'on fasse quelque chose aujourd'hui ? Quelque chose te ferait plaisir ?
- Oh oui, embrasse-moi...
- Je parlais plutôt d'une occupation pour la journée... Rit le copain de Maria en secouant la tête.
- Embrasse-moi toute la journée alors, rit Fabio en se détendant.
- Tu ris mais le jour où je déciderais de le faire, tu partiras en courant !
Fabio hésita à répondre. Cela voulait-il dire qu'il pourrait éventuellement le faire un jour ? Sûrement que non, cela serait bien trop beau... Il commençait sérieusement à déprimer... Ce garçon, Enzo, n'était clairement pas comme les autres et cela lui donnait parfois envie de pleurer, tant ce jeune homme, aussi hétéro soit-il, lui donnait beaucoup. Il le faisait vivre, rire, respirer, aimer la vie. Mais avait-il le droit d'aimer quelqu'un qui aime déjà quelqu'un d'autre et qui ne l'aimerait jamais de la même façon ?
Enzo, bizarrement, se mit à chanter devant ce silence. Dieu qu'il aimait, avec une certaine honte, Laura Pausini et surtout sa chanson "La Solitudine", qui était sa préférée, celle qui le touchait le plus. Il se retrouvait tellement dans ce classique de la chanson italienne...
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Fabio, Enzo & Le Monde
RomanceDans le sud de l'Italie, Fabio et Enzo sont enfermés dans le même internat pour garçons où ils ont cours et dorment durant toute l'année scolaire. Alors que l'un est homosexuel et s'assume, l'autre est hétérosexuel et a une petite amie. Ces deux j...