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- J'y crois pas ! Comment peux-tu me faire ça, maman ? C'est à cause de ton crétin de mec, je le sais bien !

- Aligi n'y est pour rien, Fabio, c'est ton comportement de garçon pourri gâté qui en est la cause ! Tu peux n'en vouloir qu'à toi même ! Maintenant, tu prends tes affaires et on y va, c'est quoi ce cirque ?

- Tu me le paieras ! Vraiment, t'as toujours préféré ta chatte à ton gosse ! Tu sais quoi, je suis content de partir, je pouvais plus te supporter de toute façon !

Une claque, voilà ce qu'avait mérité Fabio et Paola n'avait pas manqué cette occasion. Le voilà qui tenait sa joue rosie en la regardant comme on regarde son pire ennemi. Un regard rempli de haine, de désespoir aussi.
Depuis qu'elle s'était séparée de son père, elle faisait n'importe quoi et ne pensait qu'à elle, il n'était peut-être pas plus mal qu'elle le mette à l'internat, même si celui qu'elle avait choisi était le pire de tous : le Mazarello P. Collegio.
On disait partout que celui-ci était le plus stricte de la région, qu'après les cours, les étudiants n'avaient pas le droit de regarder la télévision ni même d'avoir un smartphone, ni rien d'autre pour s'occuper l'esprit, d'ailleurs.

Si Paola avait décidé de le mettre au Mazarello Collegio, c'était avant tout parce que c'était le plus proche et aussi le moins cher de tout Molise et pour eux qui habitaient au sud de Campobasso, c'était l'endroit idéal. De surcroît, l'internat était uniquement réservé aux garçons, ce qu'elle trouvait parfait.
Son fils cachait très bien ses relations et ne disait rien là-dessus, mais elle avait pu découvrir à plusieurs reprises des préservatifs dans ses pantalons. À l'internat, il devrait donc se concentrer sur ses cours et rien d'autre. Pour sûr, cela ne lui ferait pas de mal.

Dans la voiture - cette petite Mazda rouge cabossée plus vieille encore que le jeune homme - en ce magnifique premier septembre ensoleillé, Paola et l'adolescent ne se dirent pas un mot, de toute façon, ces derniers temps, ils ne faisaient rien d'autre que se disputer, pour tout comme pour rien, ils trouvaient toujours une raison valable.

Une fois arrivés devant l'imposante grille du Mazarello P. Collegio, Paola dû prévenir via l'interphone l'arrivée de son fils et c'est Marco Mazanlis, le directeur du lieu en personne qui vint les rejoindre devant la grille, le regard aussi noir et froid que celui d'un gorille affamé.

- Bonjour, mon fils est inscrit ici pour cette année... Fabio Manual... Tout a déjà été réglé plus tôt cette semaine. Je...

- Bien, prends tes valises mon garçon, l'a coupa-t-il, l'air pressé. Merci, madame. Au revoir.

La dame, sonnée et émue, dit rapidement au revoir à son fils mais celui-ci ne lui répondit pas. C'est avec un pincement au cœur qu'elle retourna dans sa voiture, en se demandant si elle ne risquait pas de regretter son choix. Bien sûr qu'il allait lui manquer, mais avait-elle eu le choix ? Il était infernal à la maison et faisait tout pour la faire sortir de ses gonds. Elle n'avait strictement aucune idée ce qui avait pu arriver, elle avait certainement failli à certain égard dans son éducation et le savait. Tout n'était pas de sa faute à lui, non...

Fabio, lui, suivit le directeur avec une certaine appréhension. Il allait donc passer une dizaine de mois ici, jusqu'aux vacances d'été, puisque sa mère n'avait pas trouvé bon de le faire revenir pour les fêtes de Noël. Dieu qu'il la détestait...

- Ta chambre se trouve au quatrième étage. Voici la clé de celle-ci. La porte doit toujours être fermée à clé lorsque vous quitter votre chambre.
Les cours débutent à neuf heures précises. Tâche d'être à l'heure et de mettre l'uniforme de l'établissement. Des questions ? Lui dit plutôt froidement l'homme à la moustache.

- Non, monsieur, ça me semble clair, répondit-il en regardant autour de lui, certain de déjà détester le lieu et accessoirement cet homme.

- Bien. Je préfère que cela le soit, en effet.

Fabio, Enzo & Le MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant