- Bonjour Fabio, dit Katarina le lendemain matin en le voyant arrivé seul dans la cuisine alors que les autres dormaient encore.
- Bonjour... Répondit-il, un faux sourire affiché sur son visage.
- Tu veux un café ? Ou un jus d'orange ?
- Je veux bien un café, merci.
La mère d'Enzo, en robe de nuit, s'occupa de lui préparé un café tout en ressentant une certaine peine pour le garçon. Elle y avait pensé toute la nuit, bon sang ! Elle se demandait comment diable il pouvait se sentir dans cette maison où il était inévitablement de trop. Ce n'était pas ce qu'elle pensait, non, mais c'était ce que lui devait ressentir et elle le savait.
- Maintenant qu'il n'y a que toi et moi, j'aimerais savoir comment tu vas... Enzo m'a raconté pour vous deux.
- Vous voulez savoir comment je me sens par rapport à Maria ? Demanda le jeune homme, embêté.
- Par rapport à la situation...
- Je tiens bon, sourit-il timidement. Je ne sais plus trop où j'en suis. Est-ce que Enzo est prêt à quitter Maria ? Visiblement non. J'ai réfléchi au fait qu'il ne voulait pas le faire pour ne pas avoir à dire le pourquoi, mais je commence à me dire que s'il ne le fait pas, c'est parce qu'il n'en a tout simplement pas envie.
- Peut-être qu'il n'ose pas par rapport à son père... Je pense qu'il a peur d'officialiser avec toi parce qu'après ça, il serait officiellement étiqueté "gay", répondit la maman en prenant un café à son tour.
- Mais qu'est-ce que ça peut lui faire ? On s'en fiche des gens et de leurs étiquettes...
- Je sais, je sais. Gardes encore un peu patience, qui sait, il va peut-être avoir un déclic...
- Je n'ose même pas imaginer ce qu'ils font dans cette chambre, vous savez, c'est... Ça fait mal au ventre, dit sincèrement Fabio.
- Mon bouchon... N'y pense pas, ça ne sert à rien.
Quelques instants plus tard, c'est Enzo qui apparut dans la cuisine en boxer et torse nu, complètement assoiffé. Il donna pour la première fois depuis longtemps un baiser sur la joue de sa mère puis se prit un café. Le garçon s'assit ensuite face à Fabio, qu'il regarda longuement.
- Je vais t'embrasser tu sais, mais j'attend d'avoir laver mes dents... Dit-il en souriant.
- Vous avez fait quoi au lit ? Lui demanda Fabio sans vraiment le vouloir, dépité.
Enzo attendit avant de répondre. Il ne pouvait pas être honnête, si ? Sa mère le dévisageait, comme si elle aussi était prête à le disputer. Tout devenait étrange et il se sentait coupable.
- On a regardé Netflix, finit-il par répondre.
- C'est tout ? Demanda le garçon.
- Fab'...
- Réponds, c'est une simple question.
- Non. On a baiser, t'es content ? Tu sais bien que je n'ai pas... Commença Enzo sans pouvoir terminer sa phrase.
- Ne dis rien de plus, Enzo, parole de mère. Il va falloir quand même que tu réfléchisses à ta situation, mon fils.
- Il n'a pas à réfléchir à quoi que ce soit. J'abandonne. Tu es un lâche. J'espère que c'était bien en tout cas, s'enerva Fabio tout en tentant de rester correct face à la maman.
- Pulcino mio, ne dis pas ça ! Tu le savais, que j'étais avec Maria et que notre liaison à toi et moi devait rester secrète...
- Enzo ! S'énerva Katarina. Non mais dans quel monde vis-tu ?! On ne peut pas faire ça aux gens ! Ce garçon ne peut pas accepter ça juste parce que tu as décidé qu'il en serait ainsi ! Oui, il le savait, mais tu ne fais rien pour arranger le problème ! Si tu aimes Maria, restes avec elle et arrêtes de tourner autour de Fabio ! Et vice versa, mon ami !
- Je ne suis pas gay, putain !
C'en était bien trop, Fabio décida de monter afin de s'habiller, le cœur déchiré. C'était désormais clair, il passait au second plan, Enzo ne changerait jamais sa vie, il n'assumerait jamais. "Je ne suis pas gay, putain" était la réponse de trop, un coup de massue. C'était terminé, cette fois, Fabio avait compris. Il n'était qu'un passe-temps, un jouet, un coup d'essai de la part d'un pseudo hétéro qui n'assume pas ses penchants.
Dans la cuisine, Enzo, la main tremblante finit son café face à une Katarina révoltée.
- Là, tu as perdu ton "ami"... Ne viens pas pleurer après, dit-elle en secouant la tête.
- Mais en quoi ça te concerne, toi ?! Depuis quand tu te prends pour ma mère ?!
- Bien, Enzo, passe une bonne journée, moi je ne reste pas ici, dit-elle en lançant sa tasse dans l'évier.
En montant les escaliers, Katarina croisa Maria qui descendait et étrangement, elle lui en voulait à elle aussi, même si dans le fond elle n'en pouvait rien. Peut-être parce qu'apprendre que son fils aimait un garçon les avaient rapprochés et que la présence de la jeune fille posait problème.
- Katarina, ça te dirait d'aller au centre commercial tout à l'heure ? J'aimerais acheter des sous-vêtements un peu coquin... Demanda la jeune Maria, les cheveux ébouriffés.
- Non ! Je vais faire un tour avec Fabio, lança froidement la maman.
- Avec Fabio ?
- Oui, tu sais, l'ami d'Enzo. Tu as la mémoire courte ou c'est la drogue que tu fumes avec mon fils qui te détruit les neurones ?
- Tu vas bien, maman ? Lui demanda le jeune fille, inquiète.
- Je ne suis pas ta mère ! Dit-elle en entrant dans la chambre d'amis sans même avoir frappé.
Heureusement, Fabio n'était pas nu, elle referma la porte derrière elle et tenta de sourire.
- Je m'énerve comme une folle et je ne sais pas très bien pourquoi au final. Ça te dis de venir avec moi ? On pourrait aller manger une gaufre chaude et faire les magasins ? Je sais que c'est pas vraiment le truc préféré des garçons mais ça nous permettrait de sortir de la maison...
- Rien que vous et moi ? Demanda Fabio en souriant.
- Arrêtes de me vouvoyer, je ne suis pas si vieille que ça... Oui, toi et moi, rien qu'à deux. Toi tu penseras à autre chose qu'à cette histoire et moi je ne penserai pas au fait que je suis une mère atroce. Ça te va ?
- Ça me va... Mais vous... Tu n'es pas une mère atroce. Et heu... Ça me gêne un peu mais je n'ai pas d'argent pour payer la gaufre... Je n'ai pas la chance qu'à Enzo, répondit doucement Fabio.
- Tu n'as pas d'argent ? Sacrilège ! Sourit-elle. Tu sais quoi, j'ai une confession à te faire... Moi j'en ai, et j'en ai assez pour nous deux ! Allez, je vais m'habiller et on se rejoint devant la porte d'entrée.
Fabio la regarda sortir de la pièce en souriant. Finalement, peut-être que cette femme était tout simplement une maman triste, qui rêvait d'avoir un fils comme lui, quelqu'un qui puisse faire les magasins avec elle en mangeant une simple gaufre...
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Fabio, Enzo & Le Monde
RomanceDans le sud de l'Italie, Fabio et Enzo sont enfermés dans le même internat pour garçons où ils ont cours et dorment durant toute l'année scolaire. Alors que l'un est homosexuel et s'assume, l'autre est hétérosexuel et a une petite amie. Ces deux j...