- Fab', on va se doucher, viens... Allez c'est l'heure, on a dormi trop longtemps !
- Putain, t'es vraiment un réveil sur patte toi, cest quand même grave !
- Ouais, désolé... Allez, viens avant qu'ils éteignent l'eau ! Si tu te douches pas, tu dors pas dans cette chambre, j'ai pas envie qu'il y ait des mouches à cause de ta puanteur !
Les garçons, la tête dans le gaz après leur petite sieste se dépêchèrent de rejoindre les autres sous la douche, et évidemment, Fabio ne manqua pas l'occasion de regarder le corps nu de son ami, Dieu qu'il aimerait pouvoir le toucher... C'était plus fort que lui, il était comme systématiquement attiré par Enzo, sans savoir vraiment pourquoi, et puis au fond, fallait-il une raison à ça ?
Le fait que les autres pensionnaires soient là l'aida néanmoins à ne pas avoir d'érection, et heureusement. Enzo le regarda avec un sourire coquin, comme il aimait le faire pour le déstabiliser, pour l'embêter.
- Tu as quand même un bon petit cul, mon pote... Je te retournerai bien si j'avais été gay, je t'assure... Déclara Enzo en riant.
- Dis donc, t'as fait l'école du rire je vois... Grogna son acolyte en se savonnant.
Non, ce n'était pas drôle. Fabio mourrait d'envie, de désir et de plus en plus d'amour pour ce garçon et ses blagues n'étaient pas chouettes. Comment faire pour qu'un hétéro devienne gay ? Ah bah non, la solution n'existait pas ! Il n'y avait pas de remède miracle à ça, et ça, non, ça ne lui donnait pas vraiment envie de rire à ce genre de phrase.
- Oh, pulcino mio, ne le prend pas mal !
- C'est juste que si tu pouvais me retourner pour de vrai, ça serait cool... Rit le nouveau en retrouvant sa bonne humeur, puisque râler ou se montrer de mauvaise humeur ne changerait rien à la désespérante situation.
- Les gars, il me semble que vous passez un peu trop de temps ensemble ! Intervient Elio, qui était autrefois l'un des plus proches ami du bellâtre.
- Ouais, sois pas jaloux, Elio, mais j'ai trouvé plus sympa que toi ! Sourit Enzo.
- C'est plutôt une certaine Maria qui risque d'être jalouse... Il me semble que tu es en train de craquer pour ton colocataire... Lui répondit le garçon, le ton moqueur.
- J'ai quand même le droit d'avoir un ami... D'ailleurs, Fabio est devenu mon meilleur ami ici, et je ne vais pas le répéter cent fois, je me fiche qu'il soit gay. Et tu ferais bien d'arrêter de bander quand tu me parles, Elio... Allez, dégages.
- Je bande parce que je dois pisser, connard ! Assura-t-il sous le rire des autres.
Après la douche et le dîner, ils se retrouvèrent à nouveau seuls dans la chambre et l'hétéro décida de parler de sa petite copine avec son ami.
- T'sais, Maria vient d'une famille de bourges et je me sent mal à l'aise avec ça...
- Ah oui ? Et ta famille à toi ?
- Mes parents avaient pas mal d'argent autrefois... Mais mon père à arrêter de travailler, il est en dépression depuis la mort de ma petite sœur... C'est son visage d'ange que j'ai en tatouage sur ma cuisse, regarde...
- Elle est morte de quoi ? Si ça ne te gêne pas d'en parler... Demanda Fabio, touché par cette révélation.
- Elle est morte d'avoir un frère aussi con que moi. Elle et moi, on jouait dans le jardin, dans la piscine... Je devais la surveiller et à un moment mon téléphone à sonné... Elle avait la bouée et de toute façon je surveillais... Mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé... C'est comme si le temps s'était mit à aller plus vite... J'ai regardé ma messagerie car maman me disputait parce que je n'avais pas répondu à ses messages et quand j'ai fini de discuter avec ma mère, ma sœur avait le visage dans l'eau... Elle ne respirait plus et je n'ai rien su faire, je ne connais même pas les bons gestes de secours dans ces cas-là... Bref, j'ai tué ma sœur. J'avais onze ans... Mes parents m'ont mis ici ensuite parce qu'ils ne supportaient plus de me voir... Voilà, je chiale comme un bouffon ! En fait, moi non plus je ne me supporte plus depuis ce jour là.
Enzo ne put s'empêcher de laisser couler ses larmes, cela faisait tellement longtemps qu'il avait besoin d'en parler à quelqu'un... Il s'en voulait, il était responsable de la mort de la petite Mensina et personne ne lui enlèverait ça de la tête. Pourquoi avait-il ressenti le besoin d'en parler là, maintenant ? Il n'en savait rien.
Fabio, sonné et triste à la fois, tenta de reprendre ses esprits. Comment agir et que dire dans ces cas là ? Il ne voyait plus que de la tristesse dans les beaux yeux de son ami et cela lui brisait cœur, littéralement.
- Bello... C'était un accident. Tu n'es pas responsable de ça. Ça aurait pu arriver à n'importe qui...
- Non... J'étais responsable de ma petite sœur, je devais veiller à sa sécurité. Wow, je suis désolé de gâcher l'ambiance ! Bon, allez, on se reprend ! On sèche les larmes et on pense à autre chose. Merci de m'avoir écouter, même si c'était glauque, conclut Enzo en allant chercher un mouchoir sur sa table de chevet.
- Est-ce que je peux te faire un câlin ? Enfin, entre potes... Je sais que les hétéros n'aiment pas trop ça... Sourit tendrement Fabio.
- Viens ici... Lui répondit Enzo en tombant dans ses bras, tout en se remettant à pleurer de plus belle. Je ne voulais pas la tuer... J'aurais préféré mourir à sa place, Pulcino mio, crois-moi...
- Bello... Tu es quelqu'un de bien, je le vois tous les jours, punaise, j'aimerais que tu t'en rendes compte... Tu n'y es pour rien !
Le bellâtre s'éloigna des bras de son ami et se moucha à nouveau avant de secouer la tête.
- Et si on buvait un coup ? Au fait, j'en ai jamais parlé avec Maria, elle ne peut pas comprendre ce genre de chose... Elle n'aime que le bonheur... Alors je souris tout le temps quand elle est là.
- Tu peux me parler de tout ce que tu veux. Tu es mon ami, ne gardes rien pour toi, je peux tout entendre. Tu es comme tout le monde, parfois, ça ne va pas et il faut extérioriser tout ça.
Enzo bu une gorgée d'Absolut Vodka et passa ensuite la bouteille à Fabio. Dieu que c'était bon de partager les mauvaises choses avec quelqu'un... Quelqu'un qui vous écoute sincèrement, de surcroît.
Si Fabio se plaisait à suivre Enzo dans ses mauvaises habitudes, c'était parce qu'il trouvait que le côté mauvais garçon plutôt très gentil de son colocataire était assez étrange, mais savoureux. A dire vrai, il était prêt à faire tout ce que l'autre garçon voulait, peu importe quoi.
- Demain on aura de nouveau ces putains de cours de merde... J'aimerais m'enfuir... J'essaie tout le temps de positiver mais ce soir c'est pas possible... Tu vas me prendre pour un déprimé de la vie, non ? Lui demanda Enzo en s'asseyant sur son lit, peu en forme.
- Non, je suis juste heureux de voir que tu t'ouvres à moi, Enz'. C'est sincère.
- Oui enfin, je n'ouvre pas tout par contre... Pouffa le garçon en relâchant la pression.
- Tu parles de ton petit cul, là ? Rit Fabio en s'asseyant à son tour.
- Ouais, c'est bien de ça dont je parle, monsieur.
- Pas besoin, je suis passif.
- Heu, bref, une petite clope puis dodo ? Proposa l'hétéro en plissant les yeux.
- Tu es mal à l'aise ?! Oh trop chou, il est mal à l'aise !
- Oh, pulcino mio, il m'en faut bien plus pour être mal à l'aise, tu sais...
- Du genre ?
- À toi de trouver, Fabio, à toi de trouver...
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Fabio, Enzo & Le Monde
RomansaDans le sud de l'Italie, Fabio et Enzo sont enfermés dans le même internat pour garçons où ils ont cours et dorment durant toute l'année scolaire. Alors que l'un est homosexuel et s'assume, l'autre est hétérosexuel et a une petite amie. Ces deux j...