Cette époque à l'apparence lointaine dessine en premier lieu dans mon imaginaire une grande et très belle cigogne qui plane majestueusement dans les cieux. Elle me déposa tendrement au pied de la cheminée parentale un soir d'hiver enneigé, il y a presque deux décennies. Généreuse, elle portait dans son grand panier d'autres petits bébés aussi rondelets que moi et elle les distribua aux familles voisines, impatientes de rencontrer enfin leur jeune nouveau-né.
Ma tendre enfance n'est qu'un mélange abstrait de divers moments uniques, joyeux ou tristes, et ce n'est qu'à l'aube de compter enfin mes années en dizaine que ma mémoire commença son travail intensif d'archivage. Ces autres bébés et moi formions un jeune groupe d'enfants espiègles qui régnait dans son impasse. Elle était notre théâtre d'expression, notre cocon familial. Andy Warhol devait être fier, là où il est, d'avoir été sélectionné pour lui prêter son nom, lorsque l'on venait admirer toutes ces maisons colorées des mêmes pots ayant donné vie à ses œuvres. On y trouvait un mélange de teintes vives, en fort contraste avec ce qu'on pouvait observer dans le centre des villes alsaciennes grisonnantes et cloisonnées. C'était comme passer soudainement de l'intimité d'un dépressif à celui d'un euphorique... L'entrée de l'impasse s'élargissait d'un coup à hauteur de mon jardin et offrait une belle place goudronnée spacieuse. Les maisons voisines, identiques à la mienne dans l'architecture, formaient tout autour de cette place un arc de cercle. On pouvait aisément s'imaginer dans un quartier américain. Les allées des maisons étaient perpendiculaires au tarmac et les voitures se stationnaient toujours parallèlement au trottoir. Tous les étrangers à notre quartier, qui tournaient depuis la rue principale sans se rendre compte du cul-de-sac, devaient fortement douter de l'activité qui y bouillonnait les soirs ou les week-ends.
La diversité culturelle et ethnique qui nous caractérisait ne me sautait pas au visage pour mon jeune âge. Je n'y voyais que des amis avec lesquels je pouvais me défouler.
D'un joli couple chinois était né mon meilleur ami Stéphane. Nous faisions ce que nos parents nous interdisaient, à la recherche naturelle d'affirmation de soi. Mais cela n'était pas un problème si nous ne nous faisions pas attraper ! Nous allions souvent explorer le quartier en chevauchant nos vélos tels des fiers guerriers en conquête de nouveaux territoires, comme le faisaient désormais les grands puissants de ce monde... La boucherie du coin de la rue ne pouvait résister à nos attaques sauvages et ils nous laissaient acheter autant de bonbons que notre argent de poche pouvait nous offrir. Il faut dire que l'établissement avait le nez fin : nos sucreries préférées devenaient vite rentables et nous les dévorions avec la complicité du vendeur. Pas étonnant que nos petits nombrils commençaient à gonfler à cette période... Nos sorties s'éternisaient et nous étions emportés dans notre élan conquérant, inconscients du chemin inverse à effectuer, mais elles nous ont laissé des anecdotes à la fois très amusantes et effrayantes.
Les parents de notre complice Hamdi ne l'entendaient pas de la même oreille. Craintifs, ils hésitaient donner la permission à leur fils de nous accompagner dans nos aventures risquées ; encore plus à l'aube de leurs interminables réceptions familiales. Il était relativement aisé de les deviner, d'une part grâce à l'odeur succulente de leurs repas maghrébins qui se propageait à travers l'air, mais aussi par l'incroyable embouteillage que cela pouvait provoquer. Non pas qu'ils étaient si nombreux, mais je pense simplement que le covoiturage n'était pas encore une nécessité à l'époque. Tout le monde venait stationner au plus près pour éviter de marcher dix mètres de plus et ils formaient un bel encombrement devant nos allées. Les voisins ne ricanaient pas autant que moi de ces situations loufoques quand ils observaient les manœuvres périlleuses comme des espions, l'œil discret perçant l'épaisseur de leurs rideaux. Pour se faire pardonner du désagrément, nos amis Rabatais nous conviaient à une seconde réception organisée le lendemain et nous servaient les restes de la veille. Ils cultivaient la discrétion et voulaient toujours donner la meilleure image possible. C'était une famille très charmante.
Ces déjeuners, aussi conviviaux pouvaient-ils être, ne purent pourtant jamais égaler la joie procurée par une chaude soirée de juillet, devenue mémorable pour tout un peuple. Face à nos téléviseurs, nous vibrions au rythme des passes et des parades de nos onze combattants, suant à grosses gouttes leurs envies de soulever le trophée et de faire briller la France à l'échelle européenne. A l'instant même où notre fidèle soldat franco-argentin planta une superbe reprise de volée au fond des cages adverses, je m'empressai de me moquer d'Andrea d'un éclat de joie et de rire spontanés, les bras en l'air dans une grande euphorie. Cette soirée particulière résumait bien ma relation avec lui. Nos parents s'entendaient très bien et sans être véritablement complices, nous fîmes l'effort de nous entendre. Nous étions devenus amis par défaut. Nos caractères s'opposaient diamétralement.
Notre quatuor multiculturel occupait les bancs de la même école. L'entraide restait notre maître mot, dès l'instant où nous percevions des difficultés chez l'autre, que ce soit sur le plan éducatif ou plus souvent sur le plan affectif.
Mes amis subissaient parfois des remarques sur leurs origines ethniques et on s'attaquait en particulier à Stéphane qui ne portait pas un prénom asiatique : « Pourquoi tu t'appelles pas Xin ou Chong ? », lui avait dit un crétin dans la cour de l'école un après-midi. Je ne sais pas si c'était de l'innocence ou de la connerie, mais entendre cette stupidité me blessa encore plus que de recevoir moi-même les critiques. L'un était grand, l'autre plus petit et rondouillard, l'un aimait la géométrie, l'autre la géographie, mais cela nous était égal. Nous maîtrisions déjà la notion de tolérance et vivions en acceptant les différences de l'autre. La couleur de peau ou les caractéristiques physiques ne nous importaient guère.
Nous mettions cette amitié en avant lors des fêtes de voisinage, que j'adorais. Un immense banquet traversait en diagonale l'ensemble de l'impasse et nous étions une cinquantaine à nous régaler des spécialités culinaires venant de nos divers pays. Cette tradition nous offrait une nouvelle opportunité de nous retrouver et de faire connaissance avec les copains ou les copines que nos amis conviaient. Nous tracions des traits à la craie pour organiser des grands matches de football à la renommée internationale et des parties hilarantes et trichées de balle au prisonnier, où la mauvaise foi occupait le rôle d'arbitre. Les filles participaient à nos jeux de ballons mais nous ne leur épargnions pas la difficulté du jeu. Il nous arrivait ensuite, alors que la nuit noire recouvrait l'impasse, de nous faufiler à l'intérieur d'une maison. Nous y connections nos consoles de jeux et abusions des manettes en profitant de l'absence parentale. Ils étaient trop occupés à refaire le monde dans des grands gestes et ils allaient même creuser dans des longues polémiques d'adultes que nous leur laissions volontiers.
Je pourrais écrire trois tomes avec le tas de petites histoires que je garde en mémoire. Quelle formidable époque c'était ! L'innocence rendait notre monde formidable et ce n'est qu'une fois privé d'elle que nous réalisâmes son importance. Comme la liberté...
Voilà bien longtemps que la mort de cette vie idyllique fut acceptée. Je déménageai de ce formidable quartier alsacien en pleine adolescence pour Marseille. Autant dire qu'on m'envoyait sur un autre continent, arraché de ce sol qui m'avait vu grandir comme on déracinait un cerisier pour le planter en forêt tropicale.
La nécessité de migrer vers une cité lointaine m'était insaisissable, mais je n'en suis pas rancunier envers mon père. Tout un contexte était à prendre en compte et je ne le maîtrisais pas. Je quittai donc l'Alsace de force à la fin de ma quatrième, abattu d'abandonner mes amis. Je les enlaçai très chaudement pour la dernière fois à l'heure du départ, mais il manquait quelqu'un pour tourner définitivement la page.
La cinquième maison de notre impasse logeait une jeune veuve et sa fille, une belle petite blonde aussi discrète que souriante, que tout le monde s'empressait d'embrasser à la moindre occasion. Elle s'appelait Léa. Évoquer son prénom provoque en moi un petit sourire en coin rassuré. Léa. Je pourrais me le dire à l'infini. Léa... Léa...
Si le timbre de sa voix enfantine ne me fait plus écho, je me dessine très bien son doux visage. Un souvenir unique me revient parfaitement. Nous étions assis en tailleur dans l'herbe épaisse du parc voisin et avions tous les deux nos têtes posées sur nos poings. Ne plus nous quitter des yeux était notre challenge. L'exercice semblait s'éterniser durant des heures.
« Tu as bougé les yeux ! » Je continuais de la fixer, un léger sourire en coin, toujours mes poings reposant mon affection pour elle.
- Je suis concentré.
- Moi aussi. Je ne craquerai pas. »
Je me dégourdis un bras, ouvris mon poing, et fis glisser un doigt vers mon nez. Je la fis sourire. Je la fixai toujours. Elle commença à craquer, à vouloir détourner un peu son regard, à chercher quelque chose d'autre pour ne plus avoir à fixer un spectacle dégoûtant. Mais elle tint bon. Je me mis à rire tout seul de ma bêtise.
« Tu vas te faire avoir à ton propre jeu.
- Je tiendrai bon. »
Non, je ne tenais plus en place. Je continuais à balader mon doigt sur les parois, les nettoyant au passage, et elle redevint sérieuse. Elle aussi se dégourdit les bras en s'étirant de tout son long, sans jamais détourner son regard du mien. A notre âge, les notions de sexualité dormaient profondément, mais voir son corps aussi élégant, aussi attirant me fit déconnecter instantanément de notre jeu, que je perdis pour mon plus grand bonheur. Elle sourit sans exulter de joie. Elle garda le silence et se rapprocha de moi, hésitante, puis me chuchota : « Tu gagneras la prochaine fois », tout en m'enlaçant brièvement.
J'imprimai au plus profond de moi son regard bleuté et vert glaçant et cette image, inscrite à jamais dans ma mémoire, se redessine naturellement les yeux fermés. Elle était ma copine de primaire. Cette amourette timide mais sincère, sans sous-entendus et adorable pour les adultes spectateurs des scènes de tendresse innocentes. L'amour ne se traduit qu'avec des preuves et ressentir encore ses bras autour de mon cou, lors de nos longues séances passées à nous enlacer, parvient à me déclencher un frissonnement.
Notre relation connut un arrêt brutal et soudain, et dès mes premiers jours en terre marseillaise vint en moi ce besoin de la croquer sur le papier, pour ne pas l'oublier. Je me basai sur l'ultime instant de notre intimité et y écrivis une belle histoire. C'était cette nouvelle. Je la baptisai : « La jeune fille et le vieux chêne. »
« Les herbes hautes, caressées par la douce brise printanière, vacillaient lentement dans le pré. Exposées au soleil, elles avaient adopté la même couleur que les cheveux blonds de cette jolie jeune fille, assise à l'ombre d'un vieux chêne. Un visage angélique au regard plein de vie, agrémenté d'un petit nez rond rappelant le museau du chat et un sourire rayonnant de lumière, aux lèvres rosées et charnues, envoûtantes.
Au pied du grand sage, les herbes frôlaient ses bras et ses jambes nues, lui procurant des légers frissonnements. Quelques mèches venaient subtilement glisser sur ses joues rondes et chaudes. Ses fines oreilles étaient sensibles à l'agitation des feuilles, au gré du vent. Ses beaux yeux bleus au teint vert étaient humides et laissaient couler de fines gouttes le long de son visage et de son cou. Elle regardait le sol, immobile, et se sentait observée depuis la maison dominant le pré.
Cette vieille bâtisse venait d'être rénovée après un premier siècle d'existence. C'était devenu, il y a peu, la maison d'accueil d'une veuve et de cette jeune fille. Le décor champêtre et doux de la campagne remplaçait l'ancienne toile sinistre d'une vie antérieure devenue fardeau.
La jeune fille releva les yeux et regarda au loin. D'un revers de la main, elle balaya le ruisseau formé par les larmes qui s'échappaient. Ses intenses respirations entre les sanglots lui redonnèrent de l'énergie. La douce peau de sa mère vint se poser sur sa petite épaule. Cette femme ressemblait trait pour trait à son enfant. Elle lui fit un baiser chaleureux sur le front et frotta sa main rassurante dans son dos courbé. Elles s'échangèrent deux sourires complices. La mère prit sa fille dans ses bras. Elles s'enlacèrent tendrement.
On guettait la scène, au loin, collé contre le mur de l'imposante résidence blanche aux volets bleus. Les quatre enfants s'étaient tus, les mains contre les fesses, la paume collée sur le ciment rugueux. La fête s'était figée. Les cris et les rires avaient laissé place au calme d'une campagne rythmée par le chant des oiseaux et dominée par un éclatant ciel azur depuis le petit matin. Parmi les enfants, un garçon aux yeux bruns et cheveux blonds baissait la tête. Son allure calme était en contradiction avec son maillot de bain jaune déchiré par endroits et les bleus qui ornaient ses jambes. Il se mordillait les lèvres et s'appuyait fortement contre le mur, au point de sentir les imperfections du ciment lui presser ses mains boudinées. Écarté du groupe, sa gestuelle trahissait ses remords. Quelques instants plus tôt, sa maladresse avait pris le dessus. Il ne s'était pas rendu compte de la portée de ses paroles. Elles avaient blessé la jeune fille.
Près du chemin terreux serpentant dans la campagne, la mère de famille bavardait avec les parents des enfants redevenus joyeux. L'anniversaire arrivait lentement à sa fin. Le soleil quitta la fête en premier en se dissimulant derrière la colline voisine. La lourde atmosphère se dissipait progressivement, à mesure que la fraîcheur s'éparpillait dans la campagne. La jeune fille blonde, accolée dans un coin de la belle piscine, observait ses amis plonger et sauter sans discontinu. Les éclaboussures l'atteignaient rarement, mais lorsqu'une projection venait à frapper son visage, elle se laissait couler. Les yeux clos, dans l'océan, loin du tumulte, son esprit respirait. Les battements de son cœur égrenaient les secondes et devenaient des minutes. Son regard projeté au loin dans cette obscurité intérieure, les yeux bruns du garçon se dessinaient. Elle apercevait son visage sous son meilleur jour, tel qu'elle aimait le voir.
En manque d'oxygène, elle remontait rapidement à la surface. Dans une profonde respiration, elle ne pouvait que constater la même agitation extérieure, mais les quelques secondes passées dans l'eau lui permirent de s'évader. Elle voulut prolonger ce moment et, sortant du bassin, elle attrapa sa serviette de bain et l'enroula autour de sa taille. Les dalles en pierre lui réchauffaient la plante des pieds et la légère brise passant dans ses cheveux lui rafraîchissait les épaules.
Sur une table étaient disposés ses cadeaux déjà ouverts pour son dixième anniversaire. Elle s'arrêta à son niveau et contempla ce qu'elle avait désiré depuis de longs et douloureux mois d'impatience. Mais il lui manquait toujours ce qu'elle désirait le plus.
Ses amis vinrent lui dire au revoir. Les parents, à quelques mètres de là, tapaient du pied. Ils regardaient leurs enfants se taquiner une dernière fois ; les garnements allaient se quitter plus de deux mois, pour mieux se retrouver à la rentrée des classes. La jeune fille les remercia poliment de leur présence et esquissa un léger sourire poli.
Encore seul dans l'eau, le garçon aux yeux bruns observait la situation. Il apercevait dans le comportement de la jeune fille les traces de la blessure infligée deux heures auparavant. Coupable de sa balourdise, l'angoisse monta progressivement en lui. Il devait affronter en face la réaction de cette belle jeune fille si attachante et si irrésistible à ses yeux, alors qu'il devait lui présenter ses adieux. Il sortit du bassin et se changea à l'abri des regards.
Maintenant seule face à la table, la jeune fille patientait. Le vacarme provoqué par les discussions entre enfants et parents ne l'atteignait plus. A nouveau plongée dans ses rêves éveillés, elle sentit soudainement un léger souffle dans sa nuque et une douce main l'effleurer du bout des doigts. Un léger murmure provoqua en elle une vague de frémissement, descendant de la pointe de ses oreilles jusqu'au bout de ses orteils. « Léa, je t'aime. » Hébétée par ces mots, ses muscles se figèrent. Ses yeux restèrent grands ouverts. Perdue entre le monde réel et son imagination, elle se retourna vivement et vit le garçon courir et disparaître derrière le vieux chêne. Elle comprit qu'il venait de lui chuchoter, pour la première fois, les trois mots qu'elle souhaitait toujours entendre. C'était le dernier cadeau qu'elle attendait.
Assis au pied de ce même grand chêne, majestueux et protecteur aux mille feuilles, le garçon devenu adulte contemplait la grande bâtisse abandonnée. Les volets commençaient à se détacher de leurs fixations, tremblotant et grinçant à chaque léger courant d'air. La piscine, vidée de son eau et remplie de débris, résonnait d'un creux terrifiant. Le pré, tel qu'il aimait toujours être caressé par le souffle du vent, veillait sur le terrain à nouveau cédé à la nature.
Les lettres échangées entre elle et lui, ce temps-là, étaient posées dans les herbes hautes. Les écrits étaient soignés et dégageaient toute la pureté qu'une enfant de dix ans ressent lors de ses premières émotions amoureuses. Leur doux parfum féminin, ancré dans les moindres imperfections du papier, ravivait ses émotions d'antan, instantanément, dans un mélange amer de regrets sensibles. Car ses jolis mots maladroitement chuchotés furent les derniers que la jeune fille blonde entendit de sa propre voix... »
La tendre image de Léa se retournant vers moi, les larmes aux yeux, resta gravée au plus profond de moi. Si elle me blessa par son attitude repoussante et incompréhensible au passage à l'adolescence, elle avait cependant ressenti un vrai amour pour moi. J'en suis convaincu.
Je ne gardai que le meilleur de notre relation en me focalisant sur sa tendresse à mon égard. Les images du passé occupèrent mon imaginaire puis s'effacèrent à la vitesse de la lumière dès mon retour à la réalité marseillaise.
Elle me mettait à l'abri des tourments. Son amour me consolait dans les moments difficiles. Elle était ma source d'énergie insoupçonnée.
YOU ARE READING
La passion des sentiments
Misterio / SuspensoEnvoyé au front, Martin est amaigri, miséreux. Son état physique et mental l'interroge sur sa situation : et s'il était, finalement, le seul responsable de son sort, et que le destin n'avait eu aucun rôle ? Au cours d'une journée, le jeune homme fai...