Au Fil De La Rose

Tout ce qu'on a dit

Ce que je peux détester les étiquettes ! Aujourd’hui, j’ai parlé avec maman, on en a conclu toutes deux que ma plus vieille amie d’enfance, ma soeur, avait une scolarité calquée sur les étiquettes qu’on lui a posé. On lui a dit qu’elle était dyslexique, qu’elle n’y arriverait pas comme les autres, alors elle s’y est collée… Que c’est triste. J’aimerais que les gens comprennent que ce qu’ils disent a un vrai impact. Alors me voilà. Je suis cette fille à qui l'on a dit qu'elle n'était bonne à rien. Celle que l'on cache derrière les constats des médecins pour justifier le fait qu'elle n'est pas faite pour le système qu'on lui a imposé. Cette fille qui boit les paroles de ses parents, des spécialistes qui disent que c'est pour cela qu'elle n'avance pas, qu'elle n'arrivera jamais à le faire comme les autres. Cette fille qui à défaut d'être comme les autres est comme ces autres qui cherchent l'attention qu'on leur fournit mal. Cette fille qui fait tout pour que l'on comprenne qu'elle n'est pas que ces problèmes qu'on lui a étiquetés sur le front. Cette fille qui pourrait avancer si on arrêtait de l'envahir de mots qui enchainent. Je suis là pour elle, de tout coeur même si elle ne le sait pas.  
 
"Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous" Gandhi 
 
Les mots volent, virevoltent, petites cendres portées par la brise.  
Les mots écrasent, brisent, morceaux de plomb tombant sur le sol.  
Les mots vivent et meurent au fil des saisons, ils dansent sans fin, trébuchent, se relèvent et recommencent leur menuet sans se soucier. 
Mais jamais les mots ne naissent seuls, jamais ils n'apparaissent sans créateur, sans rien.  
Les mots ont des parents, des mères, des pères, des ancêtres, des racines. 
Les mots naissent, vivent, peignent le monde, vieillissent, s'effacent et meurent. 
 
Les Hommes naissent vivent, trouvent leurs couleurs, se ternissent et meurent. 
Les Hommes ont des envies, des doutes, des joies, des malheurs. 
Mais jamais ces humeurs ne viennent seules, jamais elles ne viennent de rien, du vide. Les Hommes courent et tombent au fil des saisons, ils se relèvent encore, s'effondrent, se bloquent et reprennent la lutte sans s'en apercevoir.  
Les Hommes s'écrasent, se brisent, sous des morceaux de plomb tombant sur le sol. 
Les Hommes s'envolent, virevoltent, quand ces petites cendres sont portées par la brise.  
 
Les mots fusent sur la planète des Hommes. Ils les façonnent comme de l'argile. Ils font croire que l'on est condamné par quelques diagnostics que des médecins auraient prononcé pour justifier le fait de ne pas rentrer parfaitement dans le bon moule.  
Ils font croire que se cacher derrière un personnage en décalage total excusera le fait que l'on n'est pas né parfait .  
Ils font croire que tout est notre faute si la vie s'acharne, si tout est bousculé par des malheurs indescriptibles, font tout reposer sur nos épaules.  
Ils persuadent que jamais l'on ne pourra être ce que l'on voudrait, que jamais ils ne seront fiers, que l'on n'est et ne sera jamais une vraie et belle personne. 
Ils décident si l'on est assez maigre, assez beau, assez intelligent, assez normal, assez sportif, assez talentueux, assez bien pour apparaître sur le tableau.  
Ils construisent des images éphémères, des mirages sombres, des voiles qui nous empêchent de voir le vrai, le beau.  
 
Ces paroles que l'on a prononcées ont fait leur bout de chemin. 
Elles ont grandi et ont envahi le monde, les esprits.  
Elles ont rongé les fondations pour tout regarder s'effondrer.  
Ces paroles que l'on a prononcées, ont-elles eu les conséquences que l'on imaginait ?  
N'ont-elles pas plus détruit que l'on eût cru ?  
N'ont-elles pas braqué sans que l'on y pense ?  
N'ont-elles pas assombri des regards sans réaliser ?  
 
Il y avait les trois mousquetaires, les 101 dalmatiens et les mille et une nuits...  
Aujourd'hui il y a ces infinités de mots, de paroles qui peuvent changer des vies.  
Aujourd'hui, tout ce qu'on a dit peut encore être changé, parce qu'il est toujours temps pour un peu de changement, pour rappeler le soleil pour qu'il réchauffe des coeurs, des âmes.  
Tout ce qu'on a dit n'est pas à jamais gravé dans le marbre.  
Tout ce qu'on a dit peut être dépassé,  
Un je détruit peut se relever, 
Un tu brisé peut se réparer, 
Parce que les mots sont à nous.  
 
Il y avait les trois mousquetaires, les 10 commandements et la valse à mille temps... 
Aujourd'hui il y a nous et notre pouvoir.  
Il y a moi, elle, lui et tous les autres.  
Il y a ces mots égarés sur la route.  
Ces plaies à guérir, 
Ces yeux à faire briller. 
Aujourd'hui il y a nous et demain aussi.  
 
Nous sommes ces enfants brisés par leurs parents, 
Ces êtres détruits par le paraître, 
Ces lumières tamisées par la difficulté. 
Nous sommes toutes ces vies qui dévient, 
Ces insouciances, ces sagesses, ces défenses, 
Ces hommes et ces femmes dans un monde qui déraille. 
Nous sommes tous, 
Mais nous sommes surtout nous, 
Dans un monde distordu. 
Oui, nous sommes nous, 
Dans un monde assombri, 
Par ces rudes descentes, 
Par ces paroles assourdissantes, Par ce qui a dirigé nos vies,  Tout ce qu'on a dit.