14 - Fatale

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Le lendemain, lasse de me faire planter, je décide de suivre le conseil de Gaétan. J'enchaine le rendez-vous chez l'esthéticienne et celui chez la coiffeuse. Quand mon colocataire rentre pour la sieste en fin d'après-midi, il me trouve dans une robe rouge garance. J'ai hésité en boutique entre moulante et décolletée. Incapable de trancher, j'ai pris celle qui était les deux à la fois. Ouh ! La vendeuse m'a assurée qu'elle déchirait sur moi. Je n'ai pas trop intérêt à me baisser quand même...

- Il est comment ton plan cul ?

- Il s'appelle Luigi. Il bosse dans une pizzéria.

- Tu kiffes les ritals, toi !

- N'importe quoi ! Bon, j'ai tenu ma part du marché, je m'apprête à aller à un rendez-vous. Tu me racontes pour hier soir ?

La sonnerie de l'interphone nous interrompt au moment fatidique de la conversation. Je décroche distraitement.

- C'est moi. Tu pourrais me filer un double ce serait plus pratique pour récupérer Louis.

Cette voix trop familière me déstabilise. Kévin est en bas. J'avais complètement oublié que la garde partagée avait officieusement commencé. Au moins, échange-t-il avec moi sans ponctuer ses phrases d'insultes. Je lui ouvre à contre cœur.

Il jauge ma robe en franchissant la porte d'entrée. Peu loquace. En fait, je crois qu'il se méfie de ce que Gaétan pourrait lui faire. Louis sort de sa chambre et lui saute dans les bras.

Dans la chambre, Louis et son père mettent un temps infini à préparer la valise. A croire, que Kévin ne sortira jamais de cet appart. Je vais finir par arriver en retard à mon premier rencard.

Avant de partir avec son père, Louis se retourne et me serre dans ses bras. Son regard est triste, on dirait qu'il a surtout de la peine pour moi. Devant la porte refermée, dépitée, je m'affale sur le canapé. Je quitte mes escarpins et pose les pieds sur la table basse.

- Ne te laisse pas abattre. T'as pas fini, So.

Gaétan essuie de son index une larme qui roule sur ma joue.

- Tu ne crois pas que ça me fait chier, moi, de ne plus voir Fiona ? Et puis, là, j'ai vraiment aucun droit.

- Tu proposes quoi ? Qu'on se réconcilie avec eux ?

- Faudra bien, un jour. Au moins pour les gamins.

Le courage de sortir m'a définitivement quittée. J'envoie un message à Luigi pour annuler. Gaétan a peut-être raison, j'ai l'impression qu'à travers son profil, c'est un peu Kévin que je cherchais. Pathétique... Je lance une série pendant que mon colocataire visionnaire va prendre une douche.

A son retour, il porte juste une serviette.

- Tu pourrais t'habiller. Ce n'est pas un camp de naturistes ici, le sermonné-je.

- J'ai une serviette.

- Minuscule.

- Et alors, ça te chauffe ?

Je le dévisage d'un regard qui se veut condescendant et réponds :

- Non.

Il reste ainsi à mes côtés. J'ai presque envie d'ouvrir la fenêtre pour le forcer à se rhabiller. En fait, mon regard est irrésistiblement attiré par sa peau découverte, soit presque la totalité de son corps. La série devient bientôt presque difficile à suivre. Je risque un regard furtif de côté. Même la naissance de sa hanche est offerte.

- T'es sans gêne ! Si j'en faisais autant.

- Tu fais ce que tu veux. Je t'ai déjà vue à poil, je m'en fous ! Y'a pas grand-chose à mater, ricane-t-il.

Vexée, je me lève et lui arrache sa serviette.

Il éclate de rire en voyant ma surprise : il avait mis un slip en-dessous. Il s'attendait donc à ma réaction. Je me suis faite piégée. Il continue de me narguer.

- T'es une vicieuse, en fait !

Son slip, on dirait du six ans. En plus, c'est complètement démodé. Ridicule. Sauf... sur lui, je dois admettre. Les muscles qui partent de ses hanches et plongent plus bas sous la ceinture semblent m'intimer : déshabille-moi. Envie de vérifier vingt-ans après si la bosse qui se dessine dessous n'est pas une supercherie.

Je résiste à l'appel du slip XXS et part dormir dans ma chambre.

L'audacieuse Sofia Capriaglini Tome 8 : comparution immédiateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant