12 - Au salon de thé

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- C'était affreux. Il a débarqué comme ça. La porte n'était pas fermée. J'aurais préféré. J'avais les cheveux dans tous les sens et certainement une haleine épouvantable. Le salon était dégueulasse. Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie !

T'aurais vu le sien de salon avant, tu serais rassurée..., pensé-je.

Marine me raconte ses mésaventures dans le salon de thé où elle m'a donné rendez-vous. Le breuvage venant des quatre coins du monde est servi dans des tasses raffinées assorties aux soucoupes. Quand j'ai répondu à la serveuse « un thé normal », elle m'a jeté un regard surpris, limite outré. Qu'est-ce que j'en connais au thé, moi ? Je ne bois que du café !

- ... En plus, Benj était très élégant.

Merci.

- ... je lui ai demandé de s'en aller.

Non !

- Mais il est resté le temps que je me change.

Ouf.

- Mais il n'a pas attendu, en fait...

Elle rougit un peu, ou plutôt rosit. Chez Mademoiselle Choiseul, même la gêne la rend encore plus belle. D'ailleurs, « Mademoiselle Choiseul », ça sonne presque comme un nom de parfum, non? Moi, un lendemain de cuite, je fais penser à tout sauf à une fragrance délicate.

- Il m'a allongée sur le lit...

- Et ? demandé-je fébrile.

- Et, là, un moment de gêne pas possible. Kévin est rentré.

- Hein ! ? Mais qu'est-ce qu'il faisait chez toi !?

Avec son récit, je commençais à fantasmer par procuration et voilà que la mention de mon ex-mari coupe court à ma libido. J'imagine son intervention, c'est à la limite du cauchemar !

- Je l'ai appelé hier, tu dois te souvenir.... A ma voix sur le répondeur, il a compris que je n'allais pas bien et est venu prendre des nouvelles. Il a eu l'air un peu surpris de me trouver avec son frère.

- Soulagé, tu veux dire ?

- Surement mais Benjamin était coiffé comme lui, il avait gardé sa belle chemise aussi. A ce moment là, j'ai trouvé qu'ils se ressemblaient beaucoup. Kévin aussi, il a du trouver ça louche.

J'aurais du penser à le décommander, lui. Kévin arrive certes plus tard qu'un livreur de pizza mais il vient. Et puis Benjamin, qu'est-ce qui m'a pris de le déguiser en Kévin, aussi ? A croire que c'est ma conception du mec irrésistible. Je m'inquiète, des fois...

- Enfin...

Marine hésite un peu à me dévoiler la suite. Je suis suspendue à ses lèvres.

- ... Ca ne l'a pas refroidi pour autant. Après le départ de Kévin, on a continué. Et...

Et quoi ? Continue ! Ce suspens devient insupportable ! Il t'a fait monter au septième ciel ? T'as crié à en exploser les verres en cristal de ta grand-mère ?

- ... Merci Sofia. Je sais que t'y es pour quelque chose, dit-elle pudiquement en me prenant les deux mains.

Je reste un brin frustrée, je n'en saurais pas plus mais toutefois fière d'avoir réussi à les réunir. En fait, plus les minutes passent, plus je devine le bonheur dans son regard. Sa joie est contagieuse. Je me lève et l'embrasse sur la bouche, sans retenue, genre échange de salive et valse de langue à n'en plus finir. Un bruit de porcelaine explosée se fait entendre. La serveuse qui de toute évidence, connait Marine semble à présent stupéfaite.

Le lendemain matin, avant de gagner le cabinet, je passe dans l'arrière boutique de la pharmacie avec Marine pour m'excuser. Les clients se font rares ce matin et l'unique préparatrice présente fait de la mise en rayon.

- Je suis désolée, je ne t'embrasserai plus en public. Ni devant Louis, Gaétan, Benjamin, Kévin...

- La liste est longue, dit-elle en transvasant les boîtes de médicaments d'un carton vers les étagères de la réserve.

Elle s'arrête dans sa tâche et se rapproche de moi.

- Ca tombe bien, ils ne sont pas là.

Elle me coince contre le mur de la kitchenette et pose voluptueusement ses lèvres sur les miennes. Le parfum de ses cheveux soyeux m'envoute. Je glisse la main dans l'ouverture de sa blouse et enserre sa taille si fine pour la rapprocher un peu plus. Pourquoi cette fille m'attire-t-elle autant ? Déjà quand j'avais une sexualité régulière avec Kévin, elle me faisait hésiter alors maintenant que plus personne ne partage mon lit, je suis d'autant plus vulnérable. Retrouver Maxime et Kévin devrait mettre fin à mes divagations.

L'audacieuse Sofia Capriaglini Tome 8 : comparution immédiateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant