IV. Olwen

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À pas de loup, Denwall s'approchait de la gigantesque créature, tenant son épée fermement. Mais Garwvyr avait l'ouïe fine, et tourna la tête dans sa direction. Le jeune homme se propulsa sur le côté, juste à temps pour éviter une tornade de flammes. 

L'adrénaline lui redonna ses forces. Aussi rapidement qu'il était capable, il se releva, de nouveau prêt à affronter le monstre.

Mais à chaque fois qu'il tentait une attaque, la parade venait, de plus en plus rapide, un coup de patte, de queue, d'aile... Cent fois il essaya d'entailler l'épaisse armure, cent fois il manqua de se faire piétiner, brûler, écraser, empaler.

Peu à peu, les forces de Denwall le quittaient, il devenait plus lent. Il avait de multiples blessures, était couvert de sang. Le monstre jouait avec lui. Alors que Garwvyr allait porter le coup fatal, tout autour de Denwall le paysage devint blanc, d'un blanc pur et lumineux qui fit disparaître tout ce qui entourait le jeune homme, y comprit le terrible monstre.

Sous ses pieds, le sol était semblable à du coton, l'horizon était indiscernable. Était-ce donc ça, la mort?

Lui apparut alors une femme, la plus belle qu'il n'ai jamais vu. Elle portait une longue robe bleu nuit, brodée de fil rouge, ses longs cheveux d'or en cascade sur ses épaules, des yeux bleu le fixant, ses lèvres fines esquissant un sourire.

De surprise et de fatigue, Denwall lâcha son épée puis tomba à genoux, face à la femme.

— Je suis heureuse de te rencontrer, brave étranger. Mon nom est Olwen.

— Où est-ce qu'on est? Est-ce que je suis... mort?

— Non, Denwall, tu n'es pas mort, dit-elle d'une voix douce et rassurante. Et nous sommes toujours au même endroit, tu as toujours le dragon face à toi. Cependant, tu ne peux le voir car le temps est arrêté. Tant que tu es ici, tu ne crains rien. Je suis Olwen, la femme du Grand Tout.

Denwall se souvint que lorsqu'il était petit, sa mère lui racontait souvent l'histoire du Grand Tout, de sa femme et de ses sept enfants, qui tous ensemble, régnaient sur le monde. Mais très peu de gens croyaient en ce mythe, et en général chacun ne croyait qu'en le Grand Tout.

— Pourquoi m'aidez-vous?

— Pour me venger.

Des souvenirs d'enfances remontèrent en Denwall. L'une des histoires racontait effectivement comment Eachna avait conquis le Grand Tout, à l'insu d'Olwen. Eachna était l'ainée des enfants du Grand Tout et d'Olwen, et régnait, elle, sur la nuit; c'était la déesse de la lune et de la nuit, la lumière dans l'obscurité. 

Cela expliquait aussi pourquoi le temps était arrêté: Olwen était la déesse du temps. Sans elle, rien n'était possible, mais pour elle, tout l'était.

Les Larmes de CristalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant