XI. Les quatre Arkassan

42 14 22
                                    

Denwall se mit à déambuler parmi les âmes, qui semblaient frissonner sur son passage.

— Comment vais-je retrouver celle d'Eòghan?, demanda-t-il à Laëna.

— Je ne peux rien te dire, que te présenter cet endroit.

La déesse disparut alors, sans lui donner plus d'indices. Avec elle, la lumière s'éteignit, cependant les âmes continuaient à émettre une douce luminosité rouge sang. Il y en avait des dizaines de milliers, et plus le jeune homme avançait, plus les stèles semblaient anciennes, couvertes d'une couche de poussière et présentant des craquelures.

Dans cet endroit, le silence était absolu, seuls ses pas résonnaient.

— Bonjour, Denwall.

La voix semblait provenir de partout, et remplissait l'endroit comme le bruit d'une chute d'eau.

— Bienvenue dans ma maison, je suis Keridwenn.

— Où... où êtes-vous?, répondit Denwall, tremblant.

— Peut importe, Denwall. Ma fille m'a prévenu de ta venue, je suis honorée de faire ta connaissance. Tu cherches donc quelque chose?

— Oui... Je viens de la part d'Eòghan. Il veut retrouver son cœur.

La voix rigola doucement.

— Ce truand s'intéresse donc à l'amour... Il se trompe, Denwall, le sais-tu? Son cœur lui appartient toujours. C'est son âme, que je lui ai pris. Tant qu'il ne s'en rendra pas compte, personne ne pourra le lui rendre.

— Pourquoi le lui avez-vous pris?

À nouveau, Keridwenn rigola.

— C'est une longue histoire, entre lui et moi... Eòghan est le maître des Korrigans. Sais-tu ce que cela signifie, jeune homme? Il a été créé par ma soeur, Iwky, déesse du soleil et du jour, du feu et de la fournaise, la vie avant la mort. Eòghan représente la maîtrise de la Terre, et fait parti des quatre Arkassan, les créatures créées de toute pièce par les Dieux. Connais-tu les trois autres, Denwall?

— Heu... non.

— Très bien, je vais te les présenter.

Tout devint alors blanc autour du jeune homme, comme lorsqu'il avait rencontré la Déesse Olwen, mais Keridwenn n'apparut pas, sa voix resta immatérielle.

Un cri déchirant provint de derrière lui, et il se retourna, portant dans un réflexe la main à son flanc gauche pour y prendre son épée, qu'il ne trouva pas.

Un créature approchait, semblable à un immense oiseau doré, tourbillonnant dans les airs. Plus le monstre approchait, moins il avait l'air... d'un monstre. C'était un oiseau magnifique, à l'envergure comparable à celle des plus grands rapaces. Ses longues plumes d'or paraissaient comme enflammées.

— Je te présente Maelan, la maîtrise de l'air, créé par mon frère Ean, Dieu du vent. C'est un simorgh.

La créature disparut alors, et une autre fit son apparition. Elle semblait plonger et replonger dans un océan invisible, jouant avec des vagues imaginaires. Le haut de son corps était celui d'une femme, nue, mais ses jambes étaient rassemblées en une queue majestueuse, recouverte d'écailles aux reflets bleutés.

— Voici Elen, la maîtrise de l'eau, c'est une selkie. Elle a été créé par mon frère Arawn.

La selkie disparut, plongeant une dernière fois dans le blanc immaculé.

— Les deux autres Arkassan, je crois que tu les connais déjà...

Un frisson remonta les dos de Denwall. Il avait deviné de qui la Déesse voulait parler.

L'ombre furtive d'Eòghan apparut, petite créature à demi-nue et au nez crochu, puis disparu aussitôt.

Enfin, un terrible grondement, que le jeune homme aurait pu reconnaître entre mille, se fit entendre.

Une ombre le survola, et la gigantesque créature atterrit lourdement devant lui. Garwvyr. Le monstre leva la tête vers Denwall, et avant que celui-ci ai pu bouger, ouvrit sa terrible gueule et déversa sur le jeune homme un torrent de flammes.

Fermant les yeux et se protégeant comme il le pouvait avec ses bras, Denwall se prépara à mourir.

Mais se ressentant aucune chaleur, il rouvrit les yeux; Garwvyr avait disparu.

— Garwvyr, la maîtrise du feu... chuchota-il.

— Oui, approuva Keridwenn. Créé par le Grand Tout en personne. 

Les Larmes de CristalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant