XVII. Contretemps

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Avec Laëna, Dance à sa ceinture et les Larmes de cristal précieusement rangées dans son sac, Denwall se mit en route. Comme à l'aller, il marcha au hasard des vallées et des montagnes, incapable de se souvenir de la route qu'il avait empruntée lors de ses mois de solitude. Il ignorait combien de temps il mettrait pour retrouver Garwvyr; il ignorait comment faire croire au Grand Tout qu'il l'avait tué; il ignorait s'il reverrait Aëla un jour. Laëna, peu bavarde, marchait à ses côté en suivant son rythme sans difficulté. Pourquoi venait-elle avec lui?

Puis, au fil des jours de marche, Denwall se rendit compte que c'était la Déesse qui guidait ses pas. Imperceptiblement, elle avait prit la tête du duo, le menant vers un endroit qu'elle seule connaissait.

Chaque soir, avant de s'endormi sous un arbre ou près d'une rivière, Denwall sortait les pierres que lui avait confiées Eòghan de son sac, et admirait leur pureté et leur perfection. Chaque soir, il prenait également un temps pour manier la dague. La prendre était un bonheur pure; elle devenait comme une extension du bras, chaque mouvement devenait une danse.

Peu à peu, Denwall découvrait également une autre sensation: lorsqu'il s'approchait d'une plante, arbre ou autres végétaux, il percevait quelque chose au fond de lui, comme des émotions qui n'étaient pas les siens. C'était le Don, que la Déesse Keridwenn lui avait offert. Ainsi, il arrivait à savoir si une plante n'était pas heureuse là où elle était, si elle allait bientôt mourir, si un animal l'avait broutée quelques temps auparavant. Chaque jour, le Don s'amplifiait un peu.

Un jour, alors qu'il marchait depuis le matin, Denwall et Laëna entendirent dans la direction de l'Est un cris terrible, que le jeune homme aurait pu reconnaître entre mille autres; Garwvyr n'était pas loin. Mais ce ne fut qu'un bref instant, et cela ne se reproduisit pas.

Cependant Denwall savait maintenant où aller, et ne faisait plus que suivre la Déesse.

Un grondement lui parvint alors; le sol semblait trembler. Un nuage de poussière s'éleva devant eux, et grossit. Au milieu de ce nuage, on pouvait distinguer un groupe de cavaliers; quand ils furent plus près, Denwall distingua dans leurs mains de grands coutelas et sabres, qu'ils brandissaient en poussant de tels cris que ceux-ci n'étaient pas couverts pas le bruit du galopement de leur chevaux.

Le jeune homme se retourna alors vers Laëna, pour voir si celle-ci avait une explication. Mais... il n'y avait personne. Elle avait disparu.

Denwall était seul face à des guerriers qui arrivaient vers lui à toute allure, et dire qu'ils semblaient hostiles était un euphémisme.

Il se rappela pourquoi le Grand Tout protégeait son village: contre ce genre de menace.

La seule arme qu'il possédait était Dance. Non négligeable, mais bien dérisoire face aux sabres en formes de serpes de ses adversaires.

Mais il était hors de question qu'il échoue à ce stade de sa quête.

Il se défendrait, avec ou sans Laëna. 

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