— Salut, étranger! Je me présente: je suis Eòghan. Que viens-tu faire ici, dans ces contrées si reculées?
Comme lui avait recommandé la déesse Olwen, Denwall posa un genou à terre, et répondit au korrigan avec tout le respect dont il était capable:
— Je suis heureux de te rencontrer, ô roi de la montagne! Je suis par monts et par vaux pour combattre le mal qui s'est abattu sur notre monde.
— Et quel est ce mal dont tu parles, voyageur?
— La destruction et la colère, la haine et la peur, ô Eòghan.
— Cette réponse me convient. Comment te nommes-tu, étranger?
— Mon humble nom est Denwall.
— Denwall, tu me traites avec respect. Je t'offres le gîtes et le couvert pour cette nuit!
Même si ce n'était pas exactement ce que le jeune homme désirait, il accepta avec plaisir l'invitation, harassé de fatigue.
Mais, loin de se reposer, il fut entraîné jusqu'au petit matin dans la folle danse des korrigans, rondant jusqu'au matin. Ce ne fut que lorsque le soleil se montra à l'horizon que les petits êtres rentrèrent dans une cavité débouchant sur un tunnel, entre deux rochers.
— Suis-nous, Denwall!
Mais cela était impossible au jeune homme: le trou était trop petit pour qu'il s'y faufile. Il essaya tout de même, mais se retrouva coincé la tête la première. Il était à présent incapable d'avancer ou de reculer.
Pourtant, Olwen l'avait prévenu: les korrigans étaient farceurs, il l'apprenait à ses dépens.
Il gesticula, se mit à crier:
— Aidez-moi! Au-secours! Je vous en pris!
Alors, Eòghan revint sur ses pas.
— As-tu un cœur pur, humain?
— Je... c'est à dire?
— Désires-tu réussir ta quête avant tout? Es-tu prêt à tout pour y arriver?
— Oui!
— Alors, tu peux nous aider.
— Comment? Sortez-vous de là, je vous en pris!
— Je t'aiderai. Mais, est-ce que toi, tu m'aiderais?
— Je... oui!
Denwall commençait à ne plus pouvoir réfléchir clairement, le sang lui montait dans la tête. Eòghan répondit:
— Au Nord de notre lande, se trouve un château. Un château comme tu n'en a jamais vu, immense. C'est le château de le fille de la déesse Branwenn, septième enfants et fille cadette du Grand Tout et d'Olwen, Déesse des étoiles, la boussole dans le désert. La fille de Branwenn se nomme Keridwenn. Elle est la déesse de la sagesse et des sentiments, la connaissance de l'amour.
— Et donc que puis-je faire pour vous, dans le château de Keridwenn?, dit Denwall d'une vois pressée et étouffée.
— Keridwenn, trouvant que nous faisions trop de... blagues aux habitants de son royaume, m'a prit mon cœur. Celui-ci se trouve dans son château, mais seul un humain au cœur pur peut y pénétrer. Si tu accepte de m'aider, alors je t'aiderai et je te donnerai un présent, en guide de remerciement, qui t'aidera dans ta quête. Sans cœur, je ne peux aimer, et c'est pourtant la chose que je désirerais le plus au monde.
— Mais... comment parviendrai-je à retrouver votre cœur?
— Acceptes-tu de m'aider, Denwall?
— Je... oui! Oui, je vous aiderai. Par pitié, libérez-...
Eòghan claqua simplement des doigts, et les pierres qui enserraient Denwall s'écartèrent, le laissant choir au sol, tremblant. Il se hâta de se relever, et hésita à s'enfuir en courant. Mais c'était sans doute la chose la moins raisonnable à faire, car le korrigan le rattraperait bien vite.
— Allons-y, annonça celui-ci. Laisse-moi ton épée, tu n'en aura pas besoin. Je dois te prévenir; si ta quête n'est pas réelle, alors, ton cœur n'est pas pur, et tu mourras en entrant dans le château de Keridwenn.
Denwall s'affola: il avait dit à Eòghan qu'il combattait le mal, alors qu'en réalité il était à la recherche de sa fiancée, Aëla. Mais s'il apprenait au korrigan qu'il lui avait mentit, alors il serait tué sur-le-champ. Il n'avait d'autre choix que de suivre le petit lutin.
Ils se mirent en route, après que Eòghan ait fait disparaître l'épée de Denwall dans son repère.
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Les Larmes de Cristal
Short Story« La légende des Larmes de Cristal retrace l'épopée de Denwall, un jeune homme parti à la recherche de sa fiancée disparue, Aëla. Il rencontrera durant sa quête des créatures légendaires, manquera de mourir mille fois, sera tenté d'abandonner. Parvi...