La tasse de café que je tenais entre mes mains refroidissait à vue d'œil. Seokjin s'était appuyé contre le dossier de sa chaise, le regard tourné vers le sol alors que le mien était absorbé par Namjoon, un pétard à la main, qui me racontait enfin son histoire incroyable.
- Quand je suis arrivé à Daegu, je n'avais pas grand-chose sur moi, commença-t-il dans un sourire. J'étais tout juste diplômé de mon Bac et j'entamais des études pour devenir médecin. J'étais plutôt bon élève et m'en sortais pas trop mal, mais le coût de la vie est vite devenu un problème. Je ne viens pas d'une famille riche, loin de là et il a fallut alors que je trouve un moyen d'être indépendant financièrement. En médecine, les soirées sont nombreuses, parfois complètement hors normes et je croisais régulièrement à celles-ci des gens... Pas vraiment fréquentables diront-nous. Remarque, je dis ça mais je ne suis pas sûr que nous soyons mieux... Bref. De fil en aiguille, j'ai sympathisé avec un type qui se faisait appeler Doc. Il était le dealeur attitré de ces soirées et m'a vite proposé de bosser pour lui. Il avait beaucoup de client et ça le soulageait qu'on se partage le boulot. J'ai été très vite très, très bien payé, je n'y croyais à peine. En une soirée je pouvais me faire ce que mes parents se faisaient en un mois de travail, c'était hallucinant. Je savais que c'était dangereux mais Doc ne s'était jamais fait choper, et je n'étais qu'avec des étudiants de mon âge, je ne traînais pas dans les mauvais quartiers de Daegu en pleine nuit. Je faisais la fête, comme d'habitude, mais en plus de ça je me faisais un petit smic au passage. Le rêve total.
Il eut un petit sourire triste en tirant sur son joint, laissant la fumée épaisse s'échapper devant lui avant de reprendre.
- Sauf qu'il y a quelque chose de plus dangereux encore que la drogue : l'avarice. Doc était content de moi, je bossais bien et il m'a alors proposé de passer au niveau supérieur. J'ai accepté, sans aucune hésitation. Il me promettait encore plus d'argent contre, de temps en temps, des petites livraisons pour de très gros clients et c'était un gars fiable, je lui faisais confiance. Je n'ai compris qu'après que Doc, que je prenais pour un patron de la mafia, n'était qu'en fait un simple pion, tout comme moi. Ce business est un milieu très compliqué, tu sais, et j'ai mis du temps à en comprendre toute la complexité. Un peu trop tard, justement.
A côté de lui, Seokjin avait relevé les yeux pour admirer Namjoon et passa une main sur sa cuisse, comme pour l'encourager.
- Je vais te la faire courte parce qu'ici n'est pas le plus important : un des très gros clients que je livrais un jour m'a littéralement fracassé à coup de pelle parce que la livraison ne lui allait pas. Je n'en savais rien, je ne m'occupais pas des préparations, c'était Doc qui me fournissait tout et je n'étais pas au courant qu'en fait, ce petit fils de pute allégeait les doses pour pouvoir se garder sa conso personnelle. Le client était dingue et j'ai réussi tout juste à m'enfuir de sa baraque immense pour aller retrouver Doc. Je n'étais jamais allé à leur quartier général, je passais juste devant pour récupérer les livraisons mais je n'y montais jamais. Ce soir-là, je l'ai fait et ça a été la plus grosse erreur de ma vie.
Namjoon prit un instant pour organiser ses pensées alors que je l'écoutais toujours sans faiblir, peinant à croire tout ce qu'il me racontait.
- Je ne crois pas au karma mais s'il existe, c'est vraiment un fils de chien, cracha-t-il en secouant la tête. Alors que je gueulais sur Doc qui était à moitié stone dans son canapé pourri avec d'autres mecs, les flics ont débarqué. Le réseau avait été démantelé. Et on s'est tous fait choper. J'ai réussi à m'en sortir avec 5 ans avec sursis car les juges ont vite compris que je n'étais qu'un « petit » dealer. Doc et ses abrutis de potes se sont mangés 10 ans dans la gueule. Ils croupissent toujours en taule à l'heure actuelle.
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» Melancholic Paradise [t.kook]
RomanceIls étaient incapables de se contenter de la réalité, bien trop ennuyeuse et insipide à leurs yeux. Ils avaient sans cesse ce besoin d'extraordinaire et je crois que j'aimais ça, aussi. J'aimais imaginer que je pouvais être le héros d'une de leurs h...