» Melancholic Paradise [t.kook]

16. Our hearts open wide

Âme sœur.

Depuis cette douce mâtinée avec Taehyung, au lendemain de la rave party, ce terme ne me quittait pas. Même plus, il me collait à la peau.

Âme sœur.

Je m'étais laissé guider par ce doux mantra aux résonnances diaboliquement romantique qui sortait de la bouche de l'homme que j'aimais.

Âme sœur.

J'étais son âme sœur, et il était la mienne. Du moins, c'était ce qu'il espérait m'avait-il dit. J'avais alors plongé corps et âme dans cette théorie un peu fumeuse, comme la plupart de ses théories d'ailleurs, sans trop me poser de questions. Du moins, pas les bonnes.

Je me demandais depuis quelques temps si j'étais vraiment son âme sœur. Je me demandais comment cela pouvait-il être possible, comment ce terme un peu vague à mes yeux regroupait toute une bande de garçon aussi paumés les uns que les autres. Je cherchais la solution à la grande énigme de Taehyung, je cherchais avidement des réponses, mais les jours filaient depuis mon arrivée au Melancholic Paradise et rien ne me rapprochait de la vérité.

Plus d'un mois déjà qu'ils étaient entrés dans ma vie, et je me laissais vivre au grès de leurs croyances plutôt que de véritablement chercher à comprendre.

C'était Hoseok qui m'avait d'ailleurs fait remarquer que je n'y mettais pas vraiment du mien. Nous étions au bar du Melancholic Paradise en pleine après-midi, avachis sur la scène recouverte de coussin en train de regarder des vidéos YouTube sur l'écran géant, quand il m'avait fait cette remarque.

Nous étions avec Jimin, et les deux garçons s'étaient gentiment mis à me sermonner pour, je cite : « rien branler et profiter du système ». Un comble, venant de la part d'un garçon qui vivait au crochet de son petit ami et de l'autre qui se faisait grassement payer par son patron pour des prestations qu'il n'assurait qu'à moitié. Je leur avais donc envoyé simplement un coussin dans la tête, la bouche encore remplie de bonbon, en leur assurant que, non, ils se trompaient : je cherchais bien des réponses.

Hoseok n'avait fait que rire grassement et j'avais alors répliqué qu'il n'avait qu'à me raconter son histoire pour m'aider un peu. Il avait alors ris encore plus avant de pointer un doigt vers le haut.

« Va te renseigner un peu avant de vouloir m'interroger, mon cœur. »

J'avais compris alors qu'il parlait de la véranda. Lassé de leurs moqueries, je m'étais donc levé pour m'y rendre en leur proposant de m'accompagner mais Hoseok avait décliné l'invitation. Il avait une peur incontrôlable des hauteurs et son vertige l'empêchait même de gravir ne serait-ce qu'une marche de l'escalier extérieur. C'était donc sans eux que je m'y étais rendu.

Il y avait une bibliothèque bien fournie à laquelle je n'avais jamais trop prêté attention en arrivant ici. Elle se situait juste à côté du meuble où trônait l'antique chaîne hi-fi de Taehyung, légèrement envahie par les plantes qui poussaient librement un peu partout. Je fis donc face aux nombreux livres qui se tenaient devant moi, mes mains sur les hanches. Un léger soupire glissa entre mes lèvres.

- Putain...

Il devait facilement y en avoir plus d'une cinquantaine, tous plus gros les uns que les autres. A ma grande tristesse, pas de traces d'un Harry Potter ou d'une BD sur les Simpson, non. C'étaient plutôt des livres anciens, à la reliure en cuire ou abimée par le temps, avec des titres compliqués du genre : « Essaie sur la symbolique de l'esprit » de Carl Jung, « Du géocentrisme au multivers » de Tobias Hurter ou encore « Le Banquet » de Platon. Ce dernier me parlait vaguement, des bribes de conversation entre Taehyung et moi me revenait alors j'attrapai le livre qui devait facilement faire 300 pages – un pavé à mes yeux – et m'installai sur le canapé de la véranda.