1. Watching the sunrise

6.7K 315 157
                                    



♫ Tokio Hotel - Melancholic Paradise


PROLOGUE

PROLOGUE

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


MELANCHOLIC PARADISE

Ces deux mots ornaient la devanture branlante du hangar que je commençais à bien connaître désormais. Le rouge saisissant des lettres peintes par mes soins, une belle mâtinée d'automne avec Taehyung, me renvoyait quatre mois en arrières. Quatre mois... J'avais tant de mal à me dire que déjà quatre moi s'étaient écoulés depuis mon arrivée, le temps avait filé à une vitesse ahurissante...

Il était encore tôt, peut-être aux alentours de six heures du matin. Les poules, sagement endormis dans le poulailler à quelques mètres de là, étaient ma seule compagnie. J'imaginais aisément les heures qui allaient suivre : Namjoon serait le premier à se réveiller. Il irait nourrir les bêtes, un pétard au coin des lèvres, avant de s'asseoir dans l'herbe près de Kim, Kourtney et Kylie, les trois ânes, pour admirer le soleil se lever. Seokjin et Hoseok le rejoindraient, une tasse de café fumante à la main et tous les trois resteraient encore une bonne demi-heure à papoter avant de retourner vers le hangar.

Yoongi et Jimin s'étaient absentés pour la nuit, étant justement au véritable « Melancholic Paradise », là où tout avait commencé. Ils y auraient dansé des heures, avant de se choper une chambre à l'étage et de consommer leur amour si particulier durant la nuit entière. Ils ne rentreraient pas avant le milieu de l'après-midi.

C'est Taehyung qui se lèverait en dernier. Il me chercherait à tâtons, comme d'habitude avant de se lever pour rejoindre les garçons en appelant après moi. Les garçons lui répondraient qu'ils ne m'avaient pas vu, que je devais sûrement être en train de prendre une douche mais je n'y serais pas. Je ne serais nulle part, et la panique pointerait le bout de son nez.

« Melancholic Paradise ». Notre vieil hangar n'avait jamais si bien porté son nom. Je me sentais terriblement mélancolique de quitter cet endroit, notre paradis sur terre. Mais si j'avais bien appris une chose en leur compagnie, c'est que s'il y avait un paradis, il y avait aussi irrévocablement l'enfer. Et parfois, l'un dans l'autre, ils se mêlaient insidieusement.

Je n'avais aucune idée de ce qu'ils pourraient faire, une fois qu'ils auraient constaté mon absence. Nous n'avons pas de téléphone, et ils ne savent que trois choses sur moi : Je m'appelle Jungkook, j'ai 23 ans, et une immonde cicatrice blanche et rugueuse me barre l'ensemble de la jambe droite. A l'instant où je tournerais le dos, je disparaîtrais et ils disparaîtraient avec moi. Comme un souvenir, un paradis oublié qu'il est difficile de se résoudre à quitter.

Mon sac sur l'épaule contenant mes maigres affaires, je décide enfin à me mettre en route. Nous avions fait le chemin plus d'une centaine de fois en voiture, je savais que j'avais 6 kilomètre à traverser avant de rejoindre le prochain arrêt de bus qui m'emmènerait dans le centre de Daegu. Là, je prendrais peut-être un train, à la destination inconnue, et continuerais mon périple comme je l'avais commencé : seul, et avide de nouvelles aventures.

J'espérais de tout cœur ne pas croiser Yoongi et Jimin sur la route, encore défoncés de la veille. Ils comprendraient immédiatement mes intentions de les fuir, et me rattraperaient pour que je rentre à la maison. Les garçons devaient se douter de ce qu'il se tramait, Taehyung me serrait même dans son sommeil comme s'il avait peur que je m'échappe alors qu'il était vulnérable. Je m'en voulais de l'avoir ainsi trahi, mais pourtant il fallait que je m'en aille. J'avais quitté Busan dans le but d'être libre, ils m'avaient promis qu'avec eux, je le serais et pourtant, jamais je ne m'étais senti aussi prisonnier.

Mon corps tremblait alors que je marchais sur le chemin terreux en direction de Daegu. Peut-être était-ce le manque ? Déjà ? Ou bien alors ma jambe qui commençait à fatiguer ? Au fond de moi cependant, je savais que c'était l'idée de les quitter qui me rendait ainsi. L'idée de quitter le paradis, l'enfer, et de redescendre sur terre.

Aucune voiture ne vint troubler mon périple, et je pu atteindre sans mal le premier arrêt de bus qui m'emmenait au centre-ville. La rue du véritable Melancholic Paradise se trouvait tout près, et les souvenirs de la semaine précédente me revinrent, alors que nous nous étions rendus tous ensemble. Si j'avais su qu'en entrant dans ce club, quatre mois plus tôt, ma vie prendrait un tel tournant, j'y aurais certainement réfléchis à deux fois. Je revoyais encore le regard de Jimin à travers la salle comble, qui me fixait avec un air félin alors que je devais certainement ressembler à un petit être perdu et sans défense. C'était surement ça qui l'avait attiré chez moi, d'ailleurs, mon innocence. Je me souvenais des heures passés au bar, à regarder les garçons danser sur la piste, mêlant leur corps et leurs membres sans pudeur, sans code, sans règle. Je me revoyais les rejoindre, et prendre goût à cette liberté et cette ivresse jusqu'ici inconnue. Puis je me revoyais sombrer peu à peu, avec eux, au sein de notre paradis virtuel et factice, guidé par leurs idées utopistes qui appelaient à un monde meilleur.

Certains auraient pu dire qu'ils étaient des illuminés, d'autres des anarchistes à deux francs. Je crois avant tout qu'ils souhaitaient être libre, mais qu'ils ne savaient pas comment s'y prendre.

Mon départ allait briser ce petit cocon de rêve et de bonheur, j'en étais conscient. Mais tout était devenu trop lourd, trop intense, trop dangereux pour que je me permettre de m'y perdre. J'avais failli perdre l'usage de ma jambe, je ne souhaitais pas ensuite perdre la tête.

Le bus me déposa à la gare centre de Daegu. Je n'étais plus habitué à voir tant de monde en pleine journée, et je me sentais peu à peu sombrer parmi cette masse fourmillante d'étudiants et de travailleurs pressés. Savaient-ils qu'un autre monde, un monde sans loi ni règle, existait par-delà les barres d'immeubles ? Savaient-ils qu'une autre vie était possible ? Une vie sans contrainte, une vie de plaisir et de liberté ?

Le prochain train était en direction d'Ilsan, et je choisis de le prendre. Je n'avais plus un sous en poche, et je pris le risque de frauder en m'asseyant à une place au hasard dans ce wagon puant la sueur et la solitude.

Seul, je l'étais et plus que jamais. Revenir à un monde sans magie me sembla soudain bien plus difficile que prévu, alors que le sifflet stridant du départ sonna dans le quai de la gare.

Ma main glissa dans la poche de ma vieille veste en jean, et trouva bien facilement le petit objet qui ne me quittait jamais. Une simple pierre, poli par mes soins, qui m'avait été offerte par Taehyung lors de cette soirée que je n'oublierais jamais.

« C'est une pierre de lune » m'avait-il dit. J'étais à peu près sûr que c'était faux, mais je l'avais cru. Il souriait tellement mieux quand on acceptait de croire à ses histoires.

Je l'avais prise dans la main, regardant cette petite roche comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde, avant de relever les yeux vers Taehyung et son sourire incroyable.

« Ferme les yeux. Fais un vœu », m'avait-il ordonné ensuite. Je l'avais fait, et la seconde d'après il le réalisait en posant ses lèvres sur les miennes.

La tête adossée contre l'accoudoir du fauteuil, légèrement secoué par les vrombissements du train, je fermais à nouveau les yeux, serrant très fort la petite pierre dans ma main droite, et je me murmurais alors à nouveau, pour moi-même.

« Fais un vœu, Jungkook. »

 »

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
» Melancholic Paradise [t.kook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant