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— Tu as QUOI ? hurla Alicia à travers le téléphone.

— Oui...

— T'es complètement fou ! C'est génial, j'adore.

Benji se frotta le visage de gêne. Il était en position étoile de mer sur le lit, la tête faisant face au plafond. Il n'en revenait toujours pas. Il avait embrassé Jorge, lui, Benji Krol. Ça n'avait pas été un gage, ça n'avait pas été forcé, il l'avait fait de son plein gré.

— Je... je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, marmonna-t-il.

C'était sur le moment, en fait, il ne savait pas qu'il allait réellement oser le faire. C'était comme un rêve, seulement le fruit de son imagination. Il porta une main jusqu'à ses lèvres.

— C'est un truc de fou, continua Alicia. Je crois que tu ne te rends pas que de...

— L'impact que ça aura sur notre relation. Oui, je m'en rends compte.

     Le garçon ferma les yeux et prit une grande inspiration.

— Il veut me voir demain.

— QUOI ?

     Benji éloigna le téléphone de son oreille.

— Il veut qu'on parle. Il voulait déjà qu'on le fasse toute à l'heure mais j'ai refusé.

     À la simple mention de cet événement futur, le coeur de Benji commença à s'emballer. Il n'allait pas survivre face à Jorge, c'était inenvisageable de lui expliquer tout ça en étant assuré. Il savait qu'il allait perdre tous ces moyens à l'instant où son regard croisera le sien.

— Qu'est-ce que je vais lui dire ? demanda-t-il.

— Ça, ce n'est que toi qui puisse le savoir, Benji. Prends la nuit pour y réfléchir.

En bref, une nuit à ne pas pouvoir dormir et à se retourner dans son lit jusqu'à tomber de fatigue.

— J'ai peur.

— Je sais, mais il n'y a aucune raison. Jey t'aime beaucoup lui aussi.

     C'était ce que tout lui disait depuis le début, cependant Benji était le seul à ne pas le voir. C'était illogique, pourquoi est-ce que Jey s'intéresserait à lui ? Il était gênant, maladroit, indécis, timide, alors pourquoi ?

— Je suis certaine que tu es en train d'énumérer tous tes défauts, et je te l'interdis !

     Elle lit dans mes pensées ou quoi ? se demanda Benji.

— Dans tous les cas, arrête. Il ne t'a pas repoussé, il n'a pas dit qu'il ne t'aimait pas, bien au contraire, dit Alicia d'un ton décidé. Demain tu vas le voir et vous arrangez ça. Et je veux que tu m'appelles quand tu sortiras de chez lui. Hors de question que tu me laisses sans nouvelles. Capiche ?

— Ça marche...

— Je te laisse, je suis crevée. Bisous.

— Bye.

Ce fut Alicia qui raccrocha la première. Benji laissa retomber son téléphone sur le lit. Il ne dormira jamais tranquillement cette nuit. Il voulait en parler à ses parents, il voulait connaître leur avis, leur expérience, sauf qu'il ne pouvait pas. Ça aussi, c'était encore une autre histoire. Il se sentait presque obligé de vider son sac, laisser s'envoler toutes ses craintes et ses doutes. Quelle serait leur réaction ? Ils n'étaient pas particulièrement homophobes. À vrai dire, ce sujet n'était jamais parvenu dans une conversation. Benji ne savait pas, et ça le terrifiait.

𝘆𝗼𝘂 𝗵𝗲𝗹𝗽𝗲𝗱 𝗺𝗲 𝘁𝗼 𝗲𝘅𝗶𝘀𝘁 ❥ 𝘣𝘦𝘯𝘫𝘦𝘺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant