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—Tu aimes bien ? demande Jey.

— C'est super bon !

    Les garçons s'étaient donnés rendez-vous sur une terrasse de la ville. Benji venait de terminer sa journée de travail, il était lessivé. Jey lui avait proposé de goûter un smoothie de Froots City, un café très populaire. Il en avait pris un Banane-Fraise, basique, mais au moins il n'allait pas regretter.

— C'est super cher quand même, remarqua Benji.

— J'avoue que cinq euros le verre, c'est l'arnaque.

— Carrément.

     Depuis leur dernière discussion, les deux garçons pouvaient prétendre former un « couple ». Cependant, Benji était toujours aussi perdu. Il n'était pas encore habitué à la présence quasi permanente de Jey. Et surtout, il ne réalisait pas qu'il ressentait la même chose que lui. Ça paraissait impossible, un rêve. Benji s'attendait à se réveiller à tout moment dans son lit.

— Comment est ta vie chez toi ? demanda-t-il soudainement.

    Jey releva le tête, surpris de cette question.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Tu es ici pour le temps des vacances, tu m'as déjà parlé de ta situation. Mais comment est-ce que tu vis chez tes parents ? Tu as d'autres amis ?

    Plus le temps avançait et plus Benji remarquait qu'il ne connaissait pas Jey autant qu'il ne le pensait. Il ne savait pas quelles études il voulait faire, quels étaient ses rêves ou ses ambitions. C'est le meilleur moment pour tout rattraper.

— J'ai des amis, effectivement, commença Jey. J'étais dans un lycée de ville, j'ai un petit groupe. Au départ, on s'était promis de se voir pendant l'été mais... ça a pris une tournure différente.

    Benji hocha la tête.

— Une fois revenu, tu comptes faire quoi ?

— Déjà, m'assurer de ne pas être foutu dehors, pointa Jey.

— Tu pourrais venir vivre chez moi, il y a de quoi faire...

— T'en es sûr ? Je prends toute la place dans un lit, tu sais.

    Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres du bouclé tandis que Benji détourna les yeux. Il n'avait même pas encore pensé à ça... dormir avec lui.

— Pour être plus sérieux.. je pensais aller travailler directement. C'est mieux de m'assurer en gagnant de l'argent, tu vois.

— C'est vrai.

     Jey était courageux. Benji n'imaginait même pas comment il réagirait si ses parents le rejetaient. Depuis que lui et Jey était ensemble, il pensait de plus en plus à leur annoncer. Cependant, il faisait tout pour repousser la date. Il n'était tout simplement pas prêt à balancer un truc aussi gros.

— Tu as du courage, lui dit-il.

— Je suis obligé.

     Jey lui sourit tristement avant de venir claquer ses mains sur ses cuisses.

— Tu as fini ? Tu veux qu'on parte se balader ?

— Avec plaisir.

     Benji s'empressa de boire le reste de son smoothie et appela le serveur pour demander l'addition. Quand il revint avec le papier, les garçons se regardèrent avec une grimace.

— Dix euros pour deux verres. C'est un supplice, grinça Benji.

     Il s'apprêtait à sortir son porte monnaie, mais Jey l'arrêta d'un geste de la main.

— Laisse, je te paye.

     Perplexe, Benji sortit tout de même son argent.

— Hors de question.

— Je te dis que si.

— Et bien moi je te dis que non.

     Plus ils continuaient, et plus leurs voix s'élevaient. Ils se chamaillaient pour savoir qui allait payer le tout, suscitant le regard des personnes de la terrasse. Certains se mirent à rire en pensant à quel point ils étaient mignons. Et vu la façon dont le visage de Benji rougissait de secondes en secondes, il y avait de quoi rire. Finalement, Jey fut le premier à donner l'argent au serveur.

— J'aurais pu payer... commenta Benji.

— Chut.

     Au fond, il aimait bien ce petit jeu. Les taquineries de Jey le faisait se sentir tellement vivant.

— Tu viens ? lui fit le bouclé en se levant.

     Le garçon hocha la tête avec un sourire et fit de même. Il remit son sac à dos et rangea son téléphone dans la poche arrière de son jean.

     Lui et Jey prirent donc le chemin jusqu'au parc. C'était un bel endroit où beaucoup de jeunes allaient. Il y avait une fontaine très populaire pour ses batailles d'eau durant les canicules. Benji aurait aimé y aller avec Alicia, mais il n'en avait pas encore eu l'occasion.

     Pendant qu'il marchait, il pouvait jurer sentir la main de Jey frôler la sienne. Il savait pertinemment qu'il voulait la lui tenir. Ce n'était que le regard des autres qui le déranger. Il savait que Benji n'était pas encore à l'aise et le respectait. Alors il ne lui restait que ça ; des touchés légers et brefs.

— Tu as pensé à en parler à tes parents ? lui demanda-t-il soudainement.

— Oui, pleins de fois. Je fais des scénarios dans ma tête carrément.

     Jey rit.

— Je te jure, avec toutes les issues possibles en plus. C'est juste que...

— Tu ne te sens pas encore de leur dire, je comprends, le coupa-t-il.

— Désolé.

     Le bouclé s'arrêta en plein chemin.

— Pourquoi est-ce que tu t'excuses ?

— J'ai l'impression d'être nul.. de ne pas assumer qui je suis.

— Tu n'as aucune raison de penser ça. J'étais pareil que toi, souviens-toi quand je te l'ai raconté.

— Je le sais.

     Benji baissa un peu la tête vers le sol. Jey jeta un coup d'oeil autour de lui avant de s'avancer. Il prit le visage de Benji dans ses mains.

— Prends ton temps.

     Il regarda une dernière fois pour voir si personne n'était à l'horizon. Une fois sûr, il l'embrassa rapidement. Le coeur de Benji rata un battement. C'était la troisième fois, et il n'était toujours pas habitué. Mais ça faisait du bien.

     Il se sentait aimé.

❤️

𝘆𝗼𝘂 𝗵𝗲𝗹𝗽𝗲𝗱 𝗺𝗲 𝘁𝗼 𝗲𝘅𝗶𝘀𝘁 ❥ 𝘣𝘦𝘯𝘫𝘦𝘺Où les histoires vivent. Découvrez maintenant