9 juin 1945
Cela faisait un mois que l'armistice était fini. Shoto attendait, assis sur son rocking-chair, le regard sur la route en face de lui. Le bicolore restait tous les jours le regard face à cette route. Il voulait le voir arriver.
Il refusait de la quitter des yeux. Son mari allait rentrer. Il en était sûr. Katsuki devait s'occuper d'aider les soldats blessés après une bataille. Il ne pouvait pas être mort. Shoto ne l'accepterai pas.
Il aurait aimé être à ses côtés dans cette période si difficile, mais sa jambe blessée et leur fille l'avait empêché d'aller au front. Shoto ne se plaignait pas, il ne pouvait pas se plaindre devant sa fille qui avait besoin d'un père. Mais lui avait besoin de son mari.
Or ça faisait un mois qu'il attendait son retour. Un mois où il n'avait reçu aucune nouvelle de son amant. Il ne recevait plus de lettres, et celles du bicolore lui étaient renvoyés. Aucun moyen de savoir s'il allait bien.Les yeux fatigués et désespérés de Shoto fixait cette route horizontale qui était sagement devant lui. Katsuki lui avait promis de revenir et il a toujours tenu ces promesses. Ce n'est pas maintenant qu'il va faillir à cette habitude.
N'est-ce pas ?Shoto était fatigué. Il avait de plus en plus de mal à dormir, le fantôme de son mari le hantait. Son odeur n'était plus sur les draps, ses vêtements avaient l'air terni par le temps. Seul sa fille avait encore son sourire. Il avait du mal à voir en elle le souvenir de son mari. Il avait de plus en plus de mal à supporter sa lourde absence.
Shoto ferma les yeux. Il se souvenait des moments heureux qu'ils avaient vécu, dans cette petite maison, avec leur fille. Le soleil brillait, la maison était chaleureuse. Katsuki souriait et riait, la petite s'amusait avec ses cheveux blond, le bicolore riait des coupes qu'elle lui faisait.
Ou encore la fois où il préparait un gâteau. Avec des pépites de chocolat, les préférés de Katsuki. La petite était venu et lui avait piqué des morceaux d'une tablette. Katsuki l'avait pris en flagrant délit et l'avait chatouillé pour la punir. Elle avait éclaté de rire, le blond aussi, lui aussi...Shoto ouvra les yeux. La route n'avait pas bougé. Rien ne semblait vivant face à lui. Tous était terne, grisâtre, immobile, triste. Le ciel était couvert, lourds de pluies, semblant annoncé un mauvais présage.
Shoto se leva lentement de son rocking-chair et regarda encore une fois la délimitation de la route. Rien ne bougeait, le village en bas de la route semblait calme. Leur maison était reculé pour éviter le bruit et pouvoir permettre à la famille de se reposer tranquillement. Mais maintenant, Shoto se dit que peut-être, il avait besoin de voir des personnes, en attendant que son mari lui revienne.
En attendant, il devait aller coucher sa fille. Ce fut à contre-cœur et avec une grande tristesse que le bicolore rentra chez lui.
Le lendemain, Shoto était toujours sur son rocking-chair. Ces yeux étaient rouges, il avait trop de mal à supporter son absence. Son regard était toujours sur cette route, qui restait si calme alors qu'il aimerait lui crier de lui ramener Katsuki.
Il attendait. Son mari allait rentrer. Ça ne pouvait pas être autrement. Il n'était pas fou, juste optimiste. Shoto se souvenait des bras du blond, musclé qui le serrait contre lui, lui donnant l'impression d'être en sécurité loin de tout. Sa peau qui était si douce, tout comme ces cheveux qui d'apparence avait l'air dur avec cet aspect explosif, mais qui était aussi léger qu'un nuage. Shoto se souvenait de ces yeux rouges persans, le regardant comme ci il était là chose la plus incroyable du monde, comme une merveille de l'univers. Sa voix lui racontait des histoires incroyables qui se seraient passées au quatre coins du globe. Ces lèvres étaient envoûtantes, des pétales de roses sur un ange.
Il aimait tout de lui. Son caractère grincheux le matin, son côté protecteur, sa façon de voir les autres, les mots doux qu'il lui chuchotait à l'oreille, son bras qu'il mettait autour de la taille du bicolore lorsqu'il dormait, son incapacité à faire un plat dans bruler la cuisine...Katsuki lui manquait, énormément. Il en avait marre d'espérer tous les jours son retour alors qu'il n'était peut-être plus là. A quoi a servit cette guerre à part tuer des innocents qui n'avaient pour seul crime d'être eux-mêmes ?
Shoto se dit que seul la haine pouvait permettre un tel désastre. La haine d'un homme haut gradé a engendré une guerre mondiale, chassant les hommes de leurs maisons et apprenant aux enfants à les enterrer.
Le bicolore souffla doucement. Le silence régnait autour de lui. Il entendait un oiseau au loin, semblant lui chanter une mélodie. Shoto la murmura et se la répéta en boucle. Ça pouvait peut-être lui faire attendre le retour de son mari...
Il se rendit compte qu'il s'était endormi quand sa main était secoué et que sa fille lui disait d'ouvrir les yeux.
Fille : Papa ? Réveille toi, je dois aller me coucher et le facteur est là.
Facteur ? Est-ce qu'il aurait enfin des nouvelles de son mari ? Après tout ce temps à contempler cette route maussade ?
Shoto fit un effort presque surhumain et ouvrit les yeux. Son cerveau n'étant pas très réveillé, l'image de son mari lui revenait en pleine face. Il les referma et se frotta le visage pour se réveiller.
La première chose qu'il vit fut une voiture contenant plusieurs soldats, qui le regardaient avec curiosité. En regardant devant lui, il se rendit compte que ce n'était pas son cerveau qui lui jouait des tours. Katsuki était là, devant lui, lui souriant tendrement. Avec son air protecteur, son visage toujours aussi beau malgré les quelques cicatrices, ces bras s'ouvrant pour le mettre en sécurité, ces yeux rouges le regardant avec beaucoup d'amour.
Katsuki : Je suis rentré Shoto
Même sa voix n'avait pas changé.
Shoto se jeta dans ces bras en laissant les larmes de soulagement couler. Il remarqua rapidement que Katsuki avait des problèmes d'équilibre et vit qu'il lui manquait un pied, remplacé par une prothèse.Mais il s'en fichait pas mal.
Son mari lui était revenu.
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OS MHA TODOBAKU
RomanceVoici les histoires qui me passent par la tête de temps en temps. Les personnages ne m'appartiennent pas. Sur ce, bonne lecture!