Je ne pensais pas que j'aurais pu être de ce côté-ci un jour. J'ai toujours cru que dans mon monde, je ne verrais pas cette part, que je ferais toujours partie de l'autre, celle où on se fait arrêter et non pas où on arrête les autres. Mais me voilà, entourée d'une équipe entière de flics en civil. Dans ce qui semble être une immense entrée secondaire, les policiers se préparent. Certains ont un gilet pare-balles, d'autres portent des vêtements pour sortir.« Tu te rappelles de ce que l'on a dit ? Je hoche la tête. Le mot de secours ?
— Ananas.
— Dès que tu sens que les choses tournent mal, tu n'hésites pas à l'utiliser.
— Tu seras là ?
— Je serai à l'extérieur, prêt à intervenir, répond Ryan en plaçant le mouchard sur l'arrière de mon soutien-gorge. Si je pouvais, je viendrais, mais Pablo connaît mon visage. Mais ne t'inquiètes pas, tu ne seras pas seule. Ils ne te quitteront pas des yeux une seconde. »
Il me montre d'un signe de la tête les policiers qui sont habillés de chemises pour la plupart.
Pour tout dire, je ne pensais pas que je serai aussi nerveuse. Seulement, maintenant qu'on m'a bien expliqué les risques et ce pour quoi Pablo était suivi, mon choix semble un peu suicidaire.
Je baisse mon léger top et me tourne vers Ryan. J'aurais voulu qu'il soit à l'intérieur. Je comprends pourquoi il reste à l'abri des regards, mais ça m'aurait rassuré. Malgré tout ce qui a pu se passer il y a des années, il est mon point d'accrochage. Il est le seul que je connais plus ou moins ici.
« Tu es prête ? »
J'affirme même si dans ma tête, ma conscience me hurle de faire demi-tour, d'annuler tout ce plan. Je répète en boucle dans ma tête « Tout va bien se passer » comme pour m'en persuader alors que je sais très bien que les risques sont nombreux.
Finalement, nous quittons tous la station. Je roule seule dans ma voiture, suivi des policiers. Je fais comme si de rien n'était et entre dans le parking. Je croise sur mon chemin quelques filles que je salue brièvement. Dans les loges, j'enfile ma tenue de scène qui n'est autre qu'un mini-short et mon léger top que j'avais déjà sur moi.
Je place correctement ma perruque, me transformant radicalement en une autre personne. C'est en Vicky que je parsème la salle encore à moitié vide, à la recherche de Pablo.
J'approche du bar et questionne le barman. Il m'indique que le boss est dans son bureau. Sans le remercier, je m'éloigne et vais taper à la porte au fond d'un long couloir. Pablo m'ouvre, le téléphone à l'oreille. Il me fait signe d'entrer. Je suis venue ici qu'une seule fois, lors de mon premier jour pendant lequel je n'ai pas pris la peine de détailler les lieux.
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LES OMBRES DU PASSE
General FictionL'alcool, la fumée, les coups, les cris... c'est tout ce que Charlie avait connu jusqu'à sa majorité. Mais malheureusement, même lorsque cela ne fait plus partie de votre vie, c'est toujours là, dans votre tête et ça ne disparaît pas. Tout ce dont v...